Analyser les problèmes des foyers coraniques et proposer des pistes d’intégration desdits foyers dans l’éducation non formelle afin d’assurer les droits fondamentaux de l’enfant. Tels sont les objectifs des journées de réflexion organisées par le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, du 12 au 14 août 2013, à Ouagadougou. La cérémonie d’ouverture des travaux, intervenue le 12 août 2013, a été présidée par le ministre délégué en charge de l’Alphabétisation, Amadou Diemdioda Dicko.
Les foyers coraniques, jadis considérés comme des creusets du savoir et d’acquisition de la morale islamique et de la discipline, sont de nos jours confrontés à de nombreux problèmes, notamment celui des enfants dans la rue. En réponse à l’expansion de ce phénomène et en vue d’offrir aux enfants talibés les mêmes chances de réussite que ceux du système éducatif classique, le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation a mis en projet l’intégration de l’alphabétisation dans les foyers coraniques. C’est dans cette optique que sont organisées les présentes journées de réflexion autour des foyers coraniques, sous le thème : « La problématique des foyers coraniques : enjeux et perspectives pour leur prise en compte dans l’organisation du système éducatif du Burkina Faso ». Trois jours durant, ces journées, qui se veulent être un cadre d’information, d’échanges pertinents et de plaidoyer pour la promotion des foyers coraniques, réuniront, entre autres, les leaders religieux, les parents, les maîtres coraniques, les services techniques de l’Etat et l’ensemble des partenaires. Aussi serviront-elles de canal pour interpeller la conscience collective sur les enjeux des foyers coraniques dans le combat contre les fléaux sociaux qui constituent des entraves à l’épanouissement de l’humanité. C’est donc dire que ces journées seront mises à profit pour rappeler le rôle des foyers coraniques dans l’offre et la qualité de l’éducation, dans la perspective d’édification d’une société de paix et de développement socio-économique durable. Au cours des travaux, le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation entend susciter une plus forte adhésion des populations, des autorités et des partenaires techniques au processus d’intégration des foyers coraniques à l’éducation non formelle. De même, l’organisation de ces journées vise à contribuer à l’amélioration de la prise en compte des enfants et adolescents dans les foyers coraniques en leur donnant les mêmes chances de réussite qu’à ceux de l’éducation classique. Et ce, en faisant évoluer ces structures de formation, de l’informel à l’éducation non formelle. Le gouvernement burkinabè, selon Amadou Diemdioda Dicko, veut corriger une injustice en donnant la chance à chaque citoyen de réussir sa vie, tout en participant à l’œuvre d’édification nationale. C’est pourquoi, a-t-il indiqué, il a mis en place un programme spécial d’accélération de l’alphabétisation, en vue d’accroître l’offre éducative et de relever le taux d’alphabétisation qui est de 28, 7%, depuis le recensement de 2006. Désormais, a-t-il ajouté, « ces enfants talibés n’auront plus de place dans la rue, à la recherche d’une subsistance journalière incertaine, mais plutôt dans un local approprié où se dispensent des savoirs conformes aux attentes des parents et de la société ». Cela, pour dire que les enfants dans la rue ou talibés, tout en assurant les apprentissages coraniques, pourront s’alphabétiser dans la langue de leur choix pour s’adapter aux exigences de notre administration. L’un à la suite de l’autre, les représentants du maire de la ville de Ouagadougou, du parrain, le Mogho Naaba Baongho et du co-parrain, le président par intérim de la communauté musulmane, se sont accordés pour féliciter les organisateurs de ces journées de réflexion, pour leur clairvoyance. Pour eux, ces journées de réflexion contribueront à l’améliorer des conditions de vie et d’apprentissage des talibés ainsi qu’à la réduction significative du phénomène des enfants de la rue. Amadou Diemdioda Dicko a tenu à rassurer les uns et les autres que leur ambition n’est pas de se substituer aux parents des apprenants, mais plutôt de jouer leur rôle de représentant de la Nation. C'est-à-dire, offrir à tout enfant burkinabè les conditions idoines pour son épanouissement, afin de lui permettre de jouer sa partition. Aussi a-t-il conclu : « Loin de nous cette idée de récupération car, notre intention est de donner la même chance de réussir la vie à tous les citoyens de ce pays » .
Par P. Adeline Clémence ZINABA