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Le Quotidien N° 840 du 13/8/2013

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Ecoles coraniques au Burkina : La nécessaire réadaptation
Publié le mardi 13 aout 2013   |  Le Quotidien




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L’incendie d’une école coranique et la mort de 9 de ses pensionnaires en mars dernier, à Dakar, a mis à nu, de façon dramatique, les conditions inhumaines que vivent les élèves de ces établissements. Au Burkina, la situation de ce type d’enseignement n’est guère reluisante. S’il existe des foyers coraniques sérieux et de très bonne réputation, force est de constater cependant une prolifération d’écoles dont la seule vocation semble être de jeter les enfants dans la mendicité. Malheureusement, c’est cette image de ces lieux d’apprentissage de l’Islam et de la vie, qui a pris le dessus, du fait des brebis galeuses... La responsabilité des parents, qui démissionnent en laissant le maître se débrouiller pour pourvoir à la nourriture, à l’hébergement, à l’éducation et aux soins des enfants, est aussi fortement engagée. S’ils jouaient bien leur rôle, les maîtres n’auraient plus aucun argument pour obliger les enfants à être des mendiants professionnels. C’est dire que le travail de réhabilitation de l’école coranique doit passer aussi par une conscientisation des parents. Ces derniers ne doivent plus concevoir, comme c’est souvent le cas, ce lieu d’éducation comme un centre de redressement pour enfants. Car, il faut bien le reconnaitre, beaucoup envoient leurs rejetons incorrigibles dans ces écoles en espérant qu’elles les remettront sur le droit chemin. Malheureusement, c’est le contraire qui se produit pour bon nombre de gosses.
Outre le fait qu’elle ne soit pas une bonne publicité de l’Islam, la divagation des enfants dans les rues des grandes villes pose de nombreux problèmes. Ces scènes d’enfants en guenilles errant avec des boîtes de conserve sont devenues presque banales. Pourtant, il s’agit d’un grave dysfonctionnement social et politique. Une bonne éducation ne s’acquiert pas dans les conditions qui sont celles de ces enfants. Il est de notoriété publique qu’ils sont plutôt exploités par des maîtres peu scrupuleux. A la longue, la rue et ses travers deviennent l'apanage de ces élèves bien particuliers, plutôt que l’école et ses bienfaits. On bâtit ainsi, peut-être involontairement, des écoles de la délinquance. Car nombreux sont ces « garibous » (nom péjoratif désignant les élèves coraniques et les réduisant en de simples mendiants) à prendre le chemin du banditisme. Ils commencent par jouer au flipper et aux jeux d’argent, puis à fréquenter des endroits peu recommandables, du fait de leur grande exposition. Victimes au départ des vicissitudes de la vie, ils deviennent plus tard des professionnels de la rue. Un pays soucieux de l’avenir de sa jeunesse ne pouvait assister indifféremment, comme c’est le cas jusqu’à présent, à cette situation.

Les journées de réflexion sur les écoles coraniques organisées du 12 au 14 août 2013 viennent donc à point nommé. Il était temps que l’Etat et les acteurs de ce système éducatif se penchent sérieusement sur les dérives qu’il engendre. Mais il ne s’agit pas, comme d’habitude, de seriner et de ressasser les maux, sans pour autant mettre en application les remèdes proposés. Les journées de réflexion sont donc les bienvenues, pourvu seulement que leurs conclusions soient appliquées. Elles ne doivent pas subir le sort des nombreux foras organisés à la pelle mais sans véritable suivi. Les recommandations des états généraux de l’enseignement supérieur qui viennent de se tenir en grande pompe attendent ainsi d’être mises en œuvre. L’école coranique léguée par les précurseurs de l’Islam au Burkina n’est pas celle que nous connaissons de nos jours. Elle doit de ce fait retrouver son lustre d’antan, avec néanmoins des réaménagements pour l’adapter à notre temps. Créer un cadre pédagogique à même de faire des enfants des foyers coraniques de bons musulmans mais aussi de futurs citoyens, tel est le défi qui attend les participants aux journées de réflexion .

La Rédaction

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