Il s’appelle Romaric Sugrnoma Camille Sondo. Gestionnaire commercial de formation, il est promoteur d’entreprises évoluant dans les domaines de la sécurité et du négoce au Burkina Faso et ce, depuis 2002. C’est lui, le consul honoraire de la République tchèque au Burkina Faso. Nous l’avons rencontré pour échanger avec lui sur son nouveau poste ou rôle, et voilà ce qu’il nous a dit.
« Le Pays » : Comment devient-on consul honoraire ?
Romaric s. Camille Sondo : Permettez-moi, à l’entame de notre entretien, de m’acquitter d’une civilité. Je voudrais remercier le journal « Le Pays » pour l’intérêt porté à ma modeste personne et au consulat honoraire de la République tchèque au Burkina Faso que les plus hautes autorités des deux pays ont bien voulu me confier. Il faut souligner que la fonction de consul honoraire relève purement et simplement du volontariat. Dans mon domaine d’activités, j’ai noué des relations commerciales avec la République tchèque depuis plusieurs années. Dans ce sens, j’ai travaillé à rapprocher les deux pays dans les domaines commercial et institutionnel. Les Tchèques ont ainsi jugé nécessaire d’avoir un représentant au Burkina Faso, pour mieux défendre et promouvoir leurs intérêts. C’est dans ce cadre que j’ai été choisi pour être consul honoraire de la République tchèque au Burkina Faso.
Ce n’est pas une habitude, pour les Burkinabè, de faire des affaires avec la République tchèque qui, vu d’ici, semble être un pays lointain. Dans quelles conditions avez-vous entrepris de faire des affaires avec ce pays ?
En matière d’affaires, la distance n’est pas forcément un handicap ; la République tchèque n’est pas du tout loin. La durée de vol Ouagadougou-Prague est estimée à 7 heures, alors que nombreux sont nos compatriotes qui font 20 heures pour aller jusqu’en Chine. Je voudrais préciser que la République tchèque est située géographiquement au centre de l’Europe. Nombreux sont les Burkinabè qui font des affaires avec des sociétés en République tchèque. Nous consommons beaucoup de manufactures sans savoir qu’elles viennent de ce pays. Par ailleurs, dans ce contexte de mondialisation, aucun pays n’est très lointain, ni très près pour faire des affaires.
Dans quel contexte exact avez-vous connu ce pays ?
Comme je l’ai indiqué tantôt, J’exerce dans le secteur du négoce d’équipement spécifique et c’est dans ce cadre que j’ai découvert ce beau pays. J’ai eu des contacts fructueux avec des partenaires tchèques et jusqu’à présent, nous travaillons ensemble. C’est un peuple très accueillant, avec des caractères similaires à ceux du peuple burkinabè. Les institutions tchèques et burkinabè ont noué de grands partenariats. Cela explique qu’il y ait des intérêts partagés entre ces deux peuples.
Pour le choix du consul honoraire de la République tchèque au Burkina Faso, y avait-il d’autres candidats que vous ?
Je ne sais rien à ce sujet. Seulement, personnellement, j’ai été approché avec la proposition d’occuper cette fonction de consul honoraire de la République tchèque au Burkina Faso et je n’ai pas hésité à y répondre favorablement.
Pourquoi n’avez-vous pas hésité à accepter cette proposition ?
Le travail que je fais en tant que consul, je le faisais déjà depuis plusieurs années. Donc, c’est une continuité pour moi. Je suis un trait d’union entre les intérêts tchèques et le Burkina Faso. Mon rôle est désormais de travailler à formaliser les rapports commerciaux entre les principaux secteurs.
A-t-on une idée du nombre de Tchèques au Burkina Faso ?
Actuellement, nous n’avons pas une forte communauté de Tchèques au Burkina Faso. Avec l’ouverture officielle du consulat, nous allons très bientôt les recenser. C’est d’ailleurs l’une de mes missions, en partenariat avec l’ambassade établie à Accra.
Dans quels domaines exercent les Tchèques vivant au Burkina Faso ?
Me référant aux informations recueillies auprès des intéressés, j’ai pu noter qu’ils sont dans les domaines de la culture, des équipements agricoles, du textile et de la formation. Du reste, avec le recensement, nous allons avoir une idée sur les profils des Tchèques vivant au Burkina Faso.
En quoi le Burkina Faso peut-il être un pays stratégique ou d’intérêts pour la République tchèque ?
Nous sommes ici dans le domaine des relations d’amitié et de coopération. C’est depuis 1973 que le Burkina Faso et la République Tchèque sont en relations d’amitié. C’était à l’époque où ce pays s’appelait Tchécoslovaquie. Depuis 1994, le Burkina Faso a noué des relations d’amitié permanente avec la République tchèque, après la dislocation du grand ensemble tchécoslovaque. Pour revenir à votre question, les intérêts sont énormes. Déjà, la République tchèque étant membre de l’Union européenne, vous conviendrez avec moi que les missions assignées à l’UE en Afrique de l’Ouest, sont celles également de la République tchèque. En ce qui concerne les relations bilatérales, la République tchèque est intéressée par la coopération dans plusieurs domaines, notamment la formation continue, la culture, l’agriculture, la lutte contre le terrorisme. Il faut souligner que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays, est d’à peu près 2 millions de dollars il y a quelques années, tandis que les pays voisins comme le Mali, le Ghana sont dans l’ordre de 40 à 50 millions de dollars. Nous comptons travailler à rapprocher nos entreprises émergentes, pour le bonheur de l’économie burkinabè.
La République tchèque est-elle prête à financer certains projets au Burkina Faso ?
Pourquoi pas ! Chaque pays a des projets-types qu’il peut financer. La République tchèque peut en faire de même. Il y a déjà des projets financés dans le domaine de la culture et très bientôt, avec les plus hautes autorités burkinabè, nous verrons quels sont les projets éligibles et structurants et nous aviserons.
Comment est rétribué un consul honoraire ?
Consul honoraire, c’est un titre honorifique, comme je l’ai indiqué. Pour ceux qui me connaissent, j’ai toujours travaillé dans le bénévolat, à travers plusieurs associations. Etre consul honoraire aujourd’hui, pour moi, c’est continuer à assurer des missions que je me suis assignées depuis plusieurs années.
Le bénévolat ne « mange » pas toujours et donc n’est pas forcément attractif ! N’est-ce pas ?
Le bénévolat, comme vous le dites, ne « mange » pas toujours mais pour moi, c’est un plaisir de servir autrui.
Quel intérêt avez-vous à être consul honoraire ?
C’est d’abord de permettre à mon pays, le Burkina Faso, d’avoir des opportunités de collaboration avec d’autres peuples du monde. Nous sommes appelés à nous ouvrir. Ensuite, nous devons travailler à faire en sorte que les institutions des deux pays puissent mieux travailler ensemble. Notre mission, c’est aussi de permettre aux hommes d’affaires de notre pays, de nouer des contacts enrichissants avec les Tchèques. C’est de vendre enfin la destination Burkina aux Tchèques et vice-versa.
Quels sont les risques liés à la fonction de consul honoraire ?
Le consul honoraire exerce dans le domaine de la diplomatie. On a donc un devoir de réserve et de retenue. Le consul ne doit pas être de moralité douteuse.
Comment se passe la cohabitation entre M. Sondo, consul honoraire et M. Sondo, homme d’affaires ?
C’est une question d’organisation. Le poste de consul honoraire n’est pas un travail à temps plein. Je ne suis pas tenu d’être présent, du matin au soir, au consulat. Je m’organise pour assumer mes fonctions au consulat, tout en faisant en sorte que mes affaires continuent normalement. Rien ne change dans ma vie ordinaire.
Doit-on avoir des liens avec le pouvoir en place pour être nommé consul honoraire comme vous par exemple ?
Dans le processus, l’Etat qui ouvre son consulat, fait une demande aux autorités du pays où le consulat doit être ouvert. Je profite de l’occasion pour remercier les plus hautes autorités de ce pays, qui ont bien voulu accepter ma candidature pour l’ouverture du consulat. Je remercie également les autorités tchèques pour la confiance placée en ma personne.
Comment peut-on disposer d’un visa pour se rendre en République tchèque ?
Il faut signaler que le consul honoraire ne délivre pas de visa tchèque (visa Schengen) ; c’est l’ambassade de France au Burkina Faso qui délivre localement les visas ou bien il faut s’adresser à l’ambassade de la République Tchèque qui est basée au Ghana voisin, qui peut aussi en délivrer dans les mêmes conditions.