Suite au grand oral du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, le 24 juin dernier où il a dressé son bilan à mi-mandat, le chef de file de l’opposition politique (CFOP), Zéphirin Diabré, a donné sa lecture critique de cette sortie médiatique du président du Faso lors d’une rencontre avec la presse le mardi 24 juin dernier au siège du CFOP à Ouagadougou. Le chef de file de l’opposition burkinabè a dépeint un tableau sombre de la gouvernance actuelle au Burkina Faso. «Nous avons un gouvernement poltron qui refuse de s’assumer», a-t-il affirmé au cours de cette rencontre avec la presse.
De prime abord, évoquant le grand oral qu’a tenu le président du Faso, le 24 juin dernier à la Nation, Zéphirin Diabré a qualifié cet oral de «déjà vu». A ce propos, voici ce que le Chef de file de l’opposition affirme : «A travers le bilan du président du Faso, les masses laborieuses de notre pays s’attendaient à un véritable diagnostic de la situation nationale, à un récapitulatif des actions posées et à une orientation claire de la part du premier des Burkinabè. Au lieu de cela, la sortie qui semblait improvisée et impréparée, a donné lieu à du déjà vu». Et le Chef de file de l’opposition d’ajouter : «Au lieu de tout ce qui a été dit pendant cette sortie médiatique, il apparaît finalement que cette interview n’aura été qu’une tribune pour M. Roch Marc Christian Kaboré, pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2020 ». Et à l’opposé du président du Faso qui déclarait que le Burkina Faso est sur le bon chemin du développement, le chef de file de l’opposition pense que le MPP a royalement trahi les aspirations qui l’ont porté au pouvoir. A ce propos, voici ce que M. Diabré a dit : « Lorsque le MPP a pris le pouvoir en 2015, ils étaient nombreux les Burkinabè à espérer que notre démocratie fonctionnerait autrement. Aujourd’hui, la déception a été rapide et foudroyante». Et d’avancer des preuves : «La séparation des pouvoirs est devenue un leurre. L’exécutif contrôle le judiciaire et Kosyam impose aux députés MPP aussi bien les nominations à l’Assemblée nationale que le contenu des débats. L’Assemblée nationale, quant à elle, ne manque pas une occasion pour verser dans des actions populistes relevant de la responsabilité de l’Exécutif». Abordant la gouvernance politique du MPP, Zéphirin Diabré a aussi souligné que l’Etat burkinabè est en train de disparaître. Le chef de file de l’opposition s’est interrogé sur cette gouvernance politique à travers des actions posées sur le terrain par le pouvoir. « Où sont passés ces 18 mille milliards de F CFA de ce PNDES pour la santé, l’éducation, l’emploi de la jeunesse, le commerce, l’élevage, l’agriculture de nos braves et laborieux paysans, les bourses des scolaires et des étudiants, etc. ? Quand le MPP somme tous les maires de comptabiliser toute réalisation sur le territoire au compte du PNDES, point n’est besoin de démontrer que le programme politique, économique et social est une arnaque du peuple ». Abordant le chapitre de la gouvernance du développement, Zéphirin Diabré a aussi fait un constat et a tenu à le souligner devant la presse.
« Le président candidat dresse son bilan à mi- parcours alors que le pays traverse une grave famine. Des populations entières meurent de faim parce que la saison a été mauvaise dans 22 provinces sur 45. C’est le prix que nous payons de l’action d’un gouvernement qui n’a pas de politique agricole ». Selon toujours le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, un gouvernement qui échoue sur le front de l’agriculture a définitivement échoué. Pour ce qui est de l’accès des Burkinabè aux services d’infrastructure tels que l’électricité, l’eau potable, l’assainissement, l’éducation, la santé, les télécommunications, selon le diagnostic de Zéphirin Diabré, tous ces secteurs demeurent très faibles. En effet, pour le CFOP, une plus grande disponibilité de ces infrastructures peut accélérer la croissance économique. Le partenariat public privé (PPP), les financements innovants, ficelés en toute transparence et avec rigueur, constitueraient une opportunité. Zéphirin Diabré n’a pas occulté les débats qui se déroulent à l’Assemblée nationale et à ce niveau, voici ce qu’il a souligné : « Le gouvernement du MPP a justifié son forcing à l’occasion de la session extraordinaire de juillet 2017, en justifiant sa fameuse loi d’allègement par le fait que les règles de transparence et de gestion rigoureuse fixées par la loi n° 020 2013AN du 23 mai 2013, ont abouti à des procédures trop complexes et trop longues pour lui permettre d’exécuter efficacement les projets qu’il souhaite mettre en œuvre. Or ces règles ont leur justification qui est d’assurer au bout de compte, la préservation des intérêts de l’Etat burkinabè et de favoriser une gestion vertueuse de ses ressources ». Il a ensuite ajouté : «De toute l’expérience de gestion publique du Burkina, on n’a jamais vu un programme de dérogation aux règles de passation des marchés de l’ampleur de ce qui est prévu par ce projet de loi. Il porte sur près de 38 projets. De l’aveu même du gouvernement, le coût global des investissements concernés serait de près de 1 780 milliards à 7 000 milliards de F CFA ». Et de conclure à ce sujet que l’application de cette loi de dérogation, en elle-même, soulevait bien des questions sérieuses. Sur la question du front social en ébullition, l’opposition a fait remarquer que l’année 2017 s’est achevée avec un record jamais égalé de 233 jours de grèves et de sit-in, tous syndicats confondus. Ce sont des manques à gagner importants pour la fragile économie, a indiqué Zéphirin Diabré qui a fustigé cependant la façon d’apporter des solutions véritables aux problèmes posés par les syndicats. Selon M. Diabré, c’est une tactique de diviser pour régner en montant certains syndicats contre d’autres. Pour conclure, l’opposition a affirmé s’inscrire dans son rôle de contre-pouvoir et elle est en train de se concerter afin de trouver un moyen pour contraindre le gouvernement à sortir de la situation dans laquelle il a plongé le pays.