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Macron au 31e sommet de l’UA Force G5-Sahel: Et si l’Afrique attendait trop de la France ?

Publié le mardi 3 juillet 2018  |  Aujourd`hui au Faso
Macron
© Autre presse par DR
Macron au 31e sommet de l’UA Force G5-Sahel: Et si l’Afrique attendait trop de la France ?
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Hier au 2e jour du 31e sommet de l’UA qui se tenait à Nouakchott, le président français y était. Un programme au pas de charge qui incite à quelques grilles de lectures :

la politique française en Afrique

la Force G5-Sahel

le funambulisme des Africains

En lâchant un tantinet agacé, que cette attaque de l’état-major du G5-Sahel est une preuve de son incompétence, le n°1 mauritanien et hote du sommet Mohamed AbdelAziz traduit le sentiment de bon nombre d’Africains. Car si les terroristes parviennent même à toucher le cœur des securocrates de Sévaré…

Arrivé ce 2 juillet à Nouakchott, entre l’inauguration d’une centrale solaire, et un aparté avec son homologue mauritanien, Macron a pensé au plus pressé en convoquant, les 5 homologues africains, pour ce qu’on a enrobé dans le doux exergue de «réunion de travail». Avec cet énième conclave Macron-chefs d’Etat du G5-Sahel, la preuve est faite que les Africains semblent figés dans une sorte d’incapacité à s’entendre sur l’essentiel. Le déploiement des 4 000 soldats, carapacés en gilets-pare-balles, et matériels anti-engins explosifs sur les 28 000 Km2.

En novembre 2017, un président français «débarquait» au Burkina Faso pour une visite d’amitié. Des boucliers se sont levés. Des poings ont déchiré le ciel. Des paroles vindicatives ont vilipendé «l’impérialiste», le «néo-colonisateur» qui venait se pavaner comme en terre conquise, pour jouer les indispensables alors que l’Afrique n’a plus besoin de la France. L’Afrique est indépendante et peut se prendre en charge elle-même et défendre ses intérêts.

Beaux slogans. Belles paroles. Belle bravoure dans la volonté de s’auto s’assumer et dans une envie intestinale de couper un cordon ombilical qui se balance entre une mère forcée et un enfant qui ne voulait pas forcément de cette génitrice, et qui ne veut pas se couper ou se laisser couper. Cependant, la réalité a des aspérités bien rugueuses et parfois cruelles pour les sensibles et fragiles parfois des rêves de jeunes Africains assoiffés d’indépendance, d’autonomie et de désillusion rageante.

La réalité, c’est l’arrivée d’un Emmanuel Macron, le même président français contre des qui des pancartes aux messages acides avaient pourfendu l’air de Ouagadougou, à Nouakchott pour participer à un sommet du G5-Sahel, qui était censé n’être réservé qu’aux Africains. Et à ce moment, il a eu une réunion de travail avec le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, afin d’accélérer l’équipement des 4 000 soldats de la force conjointe du G5-Sahel notamment avec des gilets pare-balles, des protections contre les engins explosifs, mais aussi mieux coordonner l’action des cinq armées nationales. Mieux, il lui aura fallu mettre fin à des querelles puériles entre le Tchad et la Mauritanie d’une part, et le Burkina, le Niger et le Mali d’autre part. Les soldatesques tchadienne et mauritanienne rompues aux guerres dans le désert et aux rezzous reprochent à leurs trois consœurs leur faiblesse face aux terroristes, bref, d’être tout simplement nulles.

Il est vrai que depuis 10 ans, il n’y a pas eu d’attaques terroristes en Mauritanie, et le président Mauritanien, général d’armée, putschiste absous par les urnes, sait de quoi il parle, car il aura réussi à pacifier une terreau propice aux terroristes qu’est la zone de la Mauritanie. Quant aux warriors tchadiens, leurs hauts faits d’armes aux alentours du lac Tchad et au Niger face à la meute du chacal, et momentanement au Mali, sont la preuve qu’ils sont aptes à la croisade anti-terroriste.

En séparant cette bagarre risible, car comme le dit l’adage, la pluie vous bat et vous vous battez entre vous. Emmanuel Macron n’en fait-il pas trop ? La France depuis que Hollande a décidé d’engager les troupes tricolores dans le théâtre d’opération extérieure (TOE) qu’est le Mali par Barkhane a eu le nez creux, et Macron en prenant la relève, montre que la France est à la pointe de la lutte contre le terrorisme, et l’immigration clandestine.

Coordonner l’action des cinq armées nationales. Car, surprise, les Tchadiens et les Mauritaniens n’ont pas confiance aux soldats du Niger, du Mali et du Burkina. Car, les deux premiers considèrent qu’ils ont fait leurs preuves sur le terrain, contrairement aux trois autres. Il n’y a donc pas de confiance entre les nations qui ont éprouvées par la pernicieuse et sanglante guerre déclarée par les narcotrafiquants déguisés en faux combattants d’une religion. Et curieusement, c’est du président français qu’il est attendu la colle magique, le ciment de la cohésion pour ressouder les rangs des cinq pays du Sahel qui ont en partage les affres du terrorisme. C’est Emmanuel Macron qui est au four et au moulin pour aider les «indépendants» à s’aider eux-mêmes.

Comment dans ces cas de figure les pancartes qui appellent le président français à rester chez lui et à se mêler de ce qui le regardent peuvent-elles avoir de la crédibilité ? Comment aider un Mali qui a du mal lui-même à sécuriser ne serait-ce que le QG régional de la force commune ? C’est très difficile. Et in fine, en montrant leur insigne faiblesse à s’entendre sur ce qui est impératif, les Africains ne s’infantilisent-ils pas ?

A Ouagadougou en effet, on a vu une jeunesse trépignant d’impatience de dénoncer, un néocolonialisme français a fleur de peau, sauf, que si un pays est incapable d’assurer sa propres sécurité et demande à autrui de lui venir en aide, de surcroit à l’ex-métropole, ce n’est ni plus ni moins que de vouloir une chose et son contraire.

Pourtant, il faudra que les Africains apprennent eux-mêmes à se laver le visage lorsque de grandes eaux sont jetées sur leur dos par des mains de bons Samaritains. Il faut une meilleure organisation. Il faudrait une meilleure compréhension des enjeux. Savoir que le Tchad à lui seul, malgré l’armada dont il dispose, ne peut empêcher le terrorisme de s’abattre sur lui si jamais il prenait racines dans les pays voisins. Il faudrait savoir que le plus géant a souvent besoin du plus nain pour l’aider à voir certains détails trop petits pour sa vision. L’Afrique ne demande-t-elle pas trop à la France, alors que sa jeunesse vitupère chaque jour contre, sa politique migratoire, l’arrimage du FFA à l’Euros, pour ne citer que ces deux exemples ? De toute évidence, la tornade Macron qui est à la baguette dans ces domaines ne regarde pas ces contrastes et de plus en plus, l’Afrique pourrait être sa tasse de thé.

Mais, mais, il faudrait que l’Afrique cesse d’en attendre et d’en demander trop à cette France. Les pays africains, leurs dirigeants en premiers, devraient commencer à laisser leur ego surdimensionné de côté pour privilégier la force de l’union. Le cas échéant, la hantise de l’éclopé (tendre la main) qui reste couché leur restera toujours vissée au corps.

Ahmed BAMBARA
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