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BAC 2018

Publié le mardi 3 juillet 2018  |  Le Pays
Bac
© aOuaga.com par A.O
Bac 2017 : le gouverneur lance les épreuves de la région du Centre
Mardi 20 juin 2017. Ouagadougou. Le gouverneur de la région du Centre, Joachim Somda, a lancé les épreuves de la session 2017 du baccalauréat au lycée Riim Vougré
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L’enseignement technique, le parent pauvre

Après 9 mois de dur labeur pour les enseignants et surtout pour les apprenants, voici venue l’heure de vérité. En effet, le Baccalauréat 2018 a été lancé hier, en ce qui concerne son volet professionnel.

Aujourd’hui, c’est au tour des candidats de l’Enseignement général, de mesurer leurs connaissances à la vérité des épreuves. L’on peut d’abord saluer la tenue effective de la session 2018.

Car, la longue fronde des syndicats des enseignants et des encadreurs pédagogiques, avait laissé planer sur les examens scolaires, de sérieuses menaces. On a même craint un moment, que le BEPC et le Bac n’aient pas lieu. Heureusement que le gouvernement et les syndicats se sont entendus, évitant ainsi la catastrophe.

Cela dit et toujours dans le registre des points positifs, l’on peut relever et saluer deux choses. La première, et c’est une innovation qui vaut son pesant d’or, est liée à l’interdiction de l’utilisation des téléphones portables dans les salles de correction.

L’argument avancé par le vice-président de l’UO1-Pr Joseph Ki-Zerbo, pour justifier cette mesure qui ne manquera pas à coup sûr de faire grincer des dents, est le suivant : « Quelquefois, ce sont les enseignants mêmes qui organisent le circuit de la fraude ».

Le professeur a raison de parler ainsi. L’on peut même ajouter que le téléphone portable, en salle de correction, a deux autres effets pervers. Le premier est qu’il peut grandement déconcentrer le correcteur lui-même, dans sa tâche d’évaluation. L’autre effet pervers est que son utilisation présente l’inconvénient d’importuner les autres correcteurs qui partagent la même salle.

Pour aller jusqu’au bout de la logique, il faut même envisager son interdiction pour les membres du secrétariat et pourquoi pas pour les présidents de jurys, puisqu’eux aussi peuvent, pour reprendre le vice-président, « organiser le circuit de la fraude ».

Le deuxième point que l’on peut constater avec plaisir, est l’augmentation substantielle du nombre de candidats. Cette année, en effet, l’on enregistre plus de 96 000 candidats inscrits à la date du 27 juin. Au baccalauréat de l’enseignement général, par exemple, on est passé de 65 973 candidats en 2017, à 86 544 candidats en 2018.

Les autorités burkinabè sont interpellés à repenser le système éducatif burkinabè

Ces chiffres traduisent qu’en l’espace d’une année, de nombreux fils et filles du Burkina ont eu la chance de se frayer un chemin pour postuler au premier diplôme universitaire. Et en soi, cela n’est pas une mauvaise chose.

Car, c’est la preuve que l’Etat fait des efforts pour permettre à un grand nombre de Burkinabè, d’accéder au savoir, condition sine que non pour l’enracinement d’une démocratie fiable et viable, peut-on dire.

Mais autant l’on peut se réjouir de l’évolution notoire du nombre de candidats au baccalauréat de l’enseignement général, autant l’on peut déplorer le nombre insignifiant des candidats aux baccalauréats technologique et professionnel.

Et effet, l’on enregistre, en ce qui concerne le baccalauréat technologique cette année, seulement 9249 contre 9139 en 2017. Au bac professionnel, les chiffres sont encore plus dérisoires : 978 candidats en 2018 contre 848 en 2017.

Ces chiffres illustrent parfaitement le fait que ces filières sont le parent pauvre du système éducatif burkinabé. Or, elles sont nécessaires voire indispensables à l’émergence du pays. A ce propos, nous pouvons nous inspirer de l’exemple du Ghana voisin.

En effet, très tôt, le visionnaire, Kwame N’Krumah, a mis l’accent sur les filières professionnalisantes. C’est ce qui explique qu’aujourd’hui, bien des apprenants issus de ce système éducatif, savent faire quelque chose de leurs dix doigts.

Mais au Burkina, et sans faire injure à certaines disciplines, l’on a préféré former des spécialistes de haut vol en dialectique et en rhétorique. Et tous ces gens n’aspirent qu’à une seule chose : rejoindre les rangs de la Fonction publique. Faute de quoi, ils mourront de faim.

L’autre chiffre qui interpelle aussi, c’est le nombre général des candidats inscrits : plus du 96 000, toutes séries confondues. A supposer qu’il y ait 50% d’admis, et tout bon pédagogue doit le souhaiter, l’on peut se poser la question de savoir si le Burkina dispose des infrastructures nécessaires pour les accueillir.

La réponse est visiblement non. Car, déjà, les universités publiques existantes sont débordées pour ne pas dire qu’elles sont dans l’impasse. Dans ces conditions, que va-t-on faire des contingents à venir ? Tous les Burkinabè en général sont interpellés et les autorités en particulier, à l’effet de repenser, ici et maintenant, le système éducatif burkinabè afin de former des apprenants d’abord utiles pour eux-mêmes et ensuite pour la Nation tout entière.

En attendant, bonne chance à tous les candidats !

SIDZABDA
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