Au cours d’un face à face avec la presse, le jeudi 28 juin 2018 à Ouagadougou, les responsables de la Confédération générale du travail du Burkina et de la Coordination des syndicats de la Fonction publique ont donné leur lecture des conclusions de la conférence nationale sur le système de rémunération des agents publics de l’Etat qui a eu lieu du 12 au 14 juin dernier.
La conférence nationale sur la rémunération des agents publics n’a été qu’un « cadre de prise de parole et non de dialogue » dont les conclusions, qui « n’engagent pas les syndicats les plus représentatifs de la Fonction publique, servent à la mise en œuvre des politiques anti-travailleurs et antisociales » du gouvernement. Telle est la position de la Confédération générale du travail du Burkina (CGTB) et la Coordination des syndicats de la fonction publique (CSFP), donnée par le porte-parole de la CSFP, Souleymane Badiel, le jeudi 28 juin 2018 à Ouagadougou, au cours d’une conférence de presse. Selon M. Badiel, la seule alternative pour évoluer sur les questions salariales du personnel de l’Etat est l’examen de la plateforme minimale de la CSFP du 6 juin 2018. Pour le porte-parole, la rencontre a eu lieu, au mépris des propositions des « syndicats essentiels » de la fonction publique, entre le pouvoir en place et « des éléments des forces vives hostiles à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs ». Il a soutenu que c’est une « conférence de stigmatisation des agents publics ». Au lieu de « décisions consensuelles immédiatement applicables », a argué Souleymane Badiel, il n’y a eu que des recommandations « générales et souvent vagues » dont les mesures de mise en œuvre seront définies en toute latitude par l’exécutif.
Divergence, pas rupture au sein de l’UAS.
A son avis, les conclusions des travaux remettent en cause les acquis démocratiques et sociaux des travailleurs à travers notamment la relecture proposée de la loi sur le droit de grève, l’exclusion des négociations sectorielles des traitements salariaux et l’imposition de tous les éléments du salaire dont les indemnités. En outre, a avancé M. Badiel, la réunion a occulté les questions de fond, celles de la gestion de toute la richesse nationale, mais aussi des crimes économiques jusque-là impunis et dont le traitement permettrait à l’Etat de recouvrer plus de 2000 milliards de F CFA. Par ailleurs, a-t-il dénoncé, le gouvernement a fait montre d’une volonté d’opposer les agents publics aux populations à travers une instrumentalisation de l’opinion par des discours mensongers contre les fonctionnaires présentés comme l’obstacle au développement du pays. Au sujet du boycott de la réunion par leurs organisations, Norbert Ouangré de la CGTB, a expliqué que lesdites structures sont restées dans la position initiale de l’Unité d’action syndicale (UAS) qui posait clairement le problème du format. Mieux, a-t-il poursuivi, l’UAS a, depuis 2013, confié le dossier de réformes dans le secteur public à la CGTB. Il ne comprend donc pas pourquoi certains syndicats membres de l’Unité passent outre cette décision pour participer aux concertations voulues par le gouvernement. Y a-t-il une rupture entre la CSFP et la CGTB, d’une part, et les syndicats qui étaient à la conférence, d’autre part? Non, répond M. Ouangré qui a souligné qu’il y a certes eu des divergences et que ce n’est pas la première fois. « Nous en avons connu de par le passé et plus récemment au moment de la mise en place du Sénat en 2012 et de l’adoption du PNDES en 2016 », a-t-il rappelé. Et d’ajouter que, cependant, sur d’autres questions, les deux parties continuent de travailler ensemble dans le cadre de l’UAS.