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Aziz Dabo, porte-parole de la Nafa, a propos de la sortie médiatique du président du Faso « Les Burkinabè ont besoin que «Roch la solution» trouve des solutions à leurs problèmes »

Publié le mardi 26 juin 2018  |  Le Pays
Aziz
© Autre presse par DR
Aziz Dabo, secrétaire exécutif-adjoint et porte-parole de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA)
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Cette semaine, Mardi Politique s’est intéressé à Aziz Dabo, secrétaire exécutif-adjoint et porte-parole de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA), parti politique proche du Général Djibrill Bassolé. Avec lui, nous faisons le tour d’horizon de l’actualité nationale fortement marquée par la sortie médiatique du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, la fronde sociale au MINEFID ainsi que l’arrestation et l’inculpation de l’activiste et lanceur d’alerte, Naïm Touré. Et sans oublier la reprise du procès du putsch manqué dans 72 heures. Lisez plutôt !





« Le Pays » : Comment se porte aujourd’hui la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA)?



Aziz Dabo (AD) : La NAFA se porte très bien malgré toutes les difficultés rencontrées depuis sa création, le 31 janvier 2015. Le congrès des 19 et 20 janvier 2018 a permis le renouvellement du Secrétariat exécutif national (SEN) qui a la lourde tâche de conduire le parti pour les trois prochaines années et ce, conformément aux orientations contenues dans nos documents issues du congrès.



Parlez-nous brièvement de votre jeunesse et de votre engagement politique.

Grâce à Dieu et aux opportunités qui se sont présentées à moi à certaines périodes délicates pour notre chère patrie, je me suis battu en bénéficiant du soutien des aînés pour être à la place que j’occupe aujourd’hui. Cela confirme bien qu’à la NAFA, la promotion de la jeunesse n’est pas un vain mot. C’est pourquoi je dis merci à tous ceux qui y ont contribué et qui ne ménagent aucun effort pour m’apporter des soutiens divers et multiformes.



Sur invitation de l’Institut danois pour les partis et la démocratie (DIPD), vous avez fait partie de la délégation des représentants de partis politiques qui ont effectué un voyage d’études à Copenhague au Danemark. Comment a été cette mission ?



Effectivement, sur invitation des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale par le Danish Institute for Democraties and Parties (DIPD), j’ai représenté la NAFA, du 12 au 19 mai dernier, à une mission d’études sur l'apprentissage au modèle de démocratie danois, en vue de la mise en place future d’un cadre de dialogue national. Cette mission nous a réaffirmé la conception selon laquelle la démocratie est l'art de gérer les désaccords, au nom de l'intérêt supérieur de la Nation.



Avez-vous les nouvelles de Djibrill Bassolé dont vous continuez de défendre la cause ?



Naturellement. Nous nous rencontrons très fréquemment. Et nous passons en revue la situation sociopolitique nationale et internationale. Je n’hésite point à recourir à ses sages conseils, sa vision sur les différentes situations. Avec ses avocats, Djibrill Bassolé prépare sereinement le procès car il le sait, aucun tribunal impartial ne pourrait le condamner.



Et son état de santé ?

Grace à Dieu, ça va. Il fait avec, comme on dit. Mais il pourrait aller mieux s’il n’était pas otage du régime MPP. Il vous souviendra que malgré la décision du juge de lui accorder la liberté provisoire en vue de lui permettre de bénéficier de soins adéquats en Europe, il n’a pu effectuer le déplacement, suite au refus du gouvernement qui l’a placé en résidence surveillée.

Pensez-vous qu’il est un prisonnier politique ?



Naturellement, vu que sa mise en résidence surveillée est du fait du ministre de la Défense, membre du MPP. Rappelez-vous la déclaration du MPP après sa libération et l’avis de l’Organisation des nations unies.



A travers des actions, vous aviez donné de la voix, demandant l’ouverture dudit procès. Aujourd’hui, certains vous reprochent d’être atones et aphones. Qu’est-ce qui explique cela ?



Il est vrai que nous avons mené des actions, sur le plan national, pour demander la libération et le jugement de notre leader. Depuis l'ouverture du procès, nous suivons avec grand intérêt son déroulement et nous dénonçons les décisions iniques. Mais le travail important est laissé aux avocats de notre leader qui travaillent d'arrache-pied pour l’expression d'une justice véritable.



Ouvert le 27 février dernier, le procès du putsch manqué connait justement de multiples reports. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ?



L’agenda du tribunal militaire étant celui du pouvoir politique, il est évident que le procès allait constituer un fleuve tranquille. Mais c’était sans compter avec la détermination des avocats de la défense qui ne demandent que le respect strict des règles de droit et de la justice.

Voulez-vous dire que ce n’est pas le cas ?



Non. Regardez vous-même ! Du décret présidentiel portant nomination des magistrats à leur procédure de récusation en passant par l’exclusion des témoins, il n’y a eu rien que des irrégularités.



Qu’est ce qui explique cela ?



Nous sommes en face d’une juridiction spécifique échappant aux articles de la Constitution selon le Conseil constitutionnel.



Le procès doit reprendre le 29 juin prochain. Selon vous, y a-t-il possibilité de report encore ?





Très certainement, car une procédure de récusation du magistrat, président du tribunal et de son conseiller, notifiée par voie d’huissier, est en cours. Lorsque le secrétaire général de la Cour de cassation enverra la notification au tribunal, le jugement sera suspendu automatiquement pour permettre au tribunal de statuer sur cette nouvelle affaire.



Le conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature vient de sanctionner des magistrats. Quelle appréciation en faites-vous ?



Effectivement, une série de mesures ont été prises. Si dans le fond, l’objectif c’est pour assainir la Justice, c’est tant mieux pour tous, car le Burkina Faso a besoin d’une justice équitable pour tous.

Quelle lecture faites-vous de la crise au MINEFID ?



Cette situation délétère que le secteur de l’économie traverse, est à gérer avec tact, sérieux et diplomatie. Je préconiserais au gouvernement et aux syndicats de privilégier le dialogue et la communication afin d’arriver à un accord franc et durable, bénéfique pour les deux parties et pour l’ensemble des Burkinabè.



Quelle appréciation faites-vous de la sortie médiatique du chef de l’Etat sur la situation nationale ?



Encore un coup de publicité des communicants du palais. Sont-ils en phase avec les réalités du pays ? François Hollande disait : «Le Palais isole». Les Burkinabè ont besoin que « Roch la solution » trouve des solutions à leurs problèmes. Pour cela, le PF devra se réveiller, car le ratio entre ses promesses de campagne et la situation sociopolitique actuelle, est très en deçà des attentes des populations. Demandez aux Burkinabè, ils vous diront comment le pays vit au ralenti. Faites un sondage.

Naïm Touré, activiste et lanceur d’alerte, vient d’être arrêté et inculpé pour «participation à une opération de démoralisation des Forces de Défense et de Sécurité » ; « proposition aux FDS de former un complot contre la sûreté de l’Etat » ; « incitation à troubles à l’ordre public ». Un mot là-dessus ?

Laissez-moi rigoler. Naïm Touré peut entreprendre tout cela ? Seul ? Et sur Facebook ? C’est l’arrestation de trop pour le régime Kaboré, au moment où le sommet africain des activistes se tenait au Faso. Il y a six semaines, j’avais donné l’info à Naïm que lui et moi, selon certaines indiscrétions, à la moindre occasion, ils n’hésiteraient pas à nous mettre au gnouf. Les chefs d’inculpation sont grossiers, c’est même amusant et fallacieux. Naïm Touré qui n’a que son smartphone comme arme pour dénoncer, peut-il faire autant de dégâts ? J’en doute. Peut-il organiser tout cela à travers un post ? Cette situation est une violation flagrante de la liberté d’expression et un recul de la démocratie, même si j’estime qu’elle doit être encadrée suivant un certain nombre de règles. Je condamne fermement et avec la dernière énergie, cette énième volonté du pouvoir en place de museler la jeunesse. Je m’inquiète de l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire pour régler des comptes, surtout après avoir écouté les propos du porte-parole du gouvernement sur RFI, qui dit que «des responsables administratifs ont actionné la justice». Je demande purement et simplement sa libération.

Propos recueillis par Drissa TRAORE
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