A la place de la Nation de Ouagadougou, de nombreux musulmans se sont retrouvés le jeudi 8 août 2013 pour la prière de l’Aid el Fitr sous la conduite de l’imam de la grande mosquée de Ouagadougou. Aboubacar Sana a articulé son sermon autour de l’incivisme et de l’homosexualité, des phénomènes à éviter, selon lui, pour préserver la cohésion sociale au Burkina.
«Sachez que votre Seigneur vous a pardonnés, retournez -bien guidés- dans vos maisons. Aujourd’hui, c’est le jour de la récompense». Ils étaient nombreux, ces musulmans de Ouagadougou à qui «le héraut du prophète Mohamed» a crié cela dès 9h 30 dans la journée du jeudi 8 août 2013. Deux heures plus tôt, c’est parés de leurs plus beaux habits qu’ils ont convergé à la place de la Nation. Pendant que les uns étaient déjà bien installés et que les autres se cherchaient encore une place, l’imam Aboubacar Sana faisait son entrée à la place de la Nation sur le coup de 9h. Débute alors la prière faite de deux unités qui a pris à peine une dizaine de minutes. Place maintenant au traditionnel sermon de l’après- prière. Aboubacar Sana n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.
Actualité oblige, il a bâti sa communication sur deux aspects : l’incivisme et l’homosexualité. «Je vous exhorte à éviter d’embraser le pays, car nous serons obligés, si cela arrivait, de nous chercher. Comme vous le savez, il y a des gens dont les pays sont plus riches que le nôtre mais qui se retrouvent actuellement au Burkina pour rechercher la sécurité. Ayez donc peur de Dieu, des mânes de vos ancêtres et préservez la paix. Car nous apprenons tous les jours que des réunions se tiennent en Amérique, en France, en Italie et dans d’autres pays pour ramener la paix dans des pays en conflits», a-t-il indiqué.
Par la suite, Aboubacar Sana a pourfendu l’homosexualité : «Nous avons appris que ces derniers temps, des pays ont accepté que des hommes se marient entre eux ou que des femmes en fassent autant. Si des autorités décident d’adopter une telles lois, je pense qu’il est temps de leur désobéir. Nous n’accepterons jamais cela. Nous préférons prévenir nos autorités dès maintenant afin qu’elles n’y pensent même pas un instant. Cette loi ne sera pas adoptée dans notre pays. Le respect de l’autorité est une obligation si celle-ci ne fait pas adopter de telles lois dans son pays». Avant même qu’il ne termine ses propos, c’est l’hilarité dans l’assistance, le traditionnel «Takbir» a cédé la place à des applaudissements à tout rompre.
Cependant, à la fin du prêche, les uns et les autres présentaient une mine déconfite, signe que le sermon n’est pas allé au bout des attentes. En effet, les gens étaient impatients de connaître la position de la communauté musulmane sur le Sénat mais l’imam de la grande mosquée de Ouagadougou est resté muet sur le sujet. Il faudrait encore s’armer de patience, à écouter le président par intérim Adama Sakandé : «Je ne suis pas la personne indiquée pour se prononcer sur cette question. Les musulmans ont des premiers responsables qui s’exprimeront en temps opportun et vous saurez la position des musulmans».
Etaient également à la place de la Nation des représentants de l’Eglise catholique : un signal fort de l’amitié et de la fraternité entre les deux communautés au Burkina Faso. «Nos frères ont fait un mois de jeûne, un effort soutenu pendant ce temps pour mettre Dieu au centre de leur vie, de leurs préoccupations, au-delà du matériel et du manger. Alors Monseigneur Philipe Ouédraogo les félicite et demande au Seigneur d’exaucer leurs vœux les plus chers : paix solidarité, entente pour bâtir une famille et un Burkina Faso prospères», a d’ailleurs indiqué Mgr Léopold Ouédraogo, l’archevêque auxiliaire de Ouagadougou.