C’est un message clair et sans ambiguïté que viennent de lancer à nouveau les islamistes du Nord-Mali. En procédant à une nouvelle exécution dans une autre ville, à savoir Tombouctou, ils réaffirment à la face du monde leur intransigeance quant à l’application de la charia. Cela, au moment même où le Conseil de sécurité des Nations unies s’apprête à se réunir pour examiner la demande malienne d’intervention militaire. La coupe est donc pleine. Mais, les diplomates de la Maison de verre seront-ils pour autant enfin sensiblisés au drame en cours au Nord-Mali ? Ce devrait en principe être le cas. Car, toutes les règles du droit international défendues par l’idéal onusien sont piétinées par le conglomérat qui occupe le Nord du Mali. Les violations des droits humains sont érigées en mode de gouvernement. Toute la région septentrionale est ainsi mise sous coupe réglée, où les notions de liberté, de justice et de démocratie sont désormais jetées aux oubliettes. Les ONG de défense des doits humains comme Amnesty International et Human Rights Watch ont beau s’en émouvoir à travers leurs différents rapports très accablants pour les islamistes, rien ne bouge. En outre, les islamistes, en installant leurs pénates dans une portion du territoire malien et en y exerçant leur diktat, consacrent du coup l’agression et la partition du pays. Enfin, la paix et la sécurité internationales sont clairement menacées, le Mali pouvant servir de rampe de lancement à des activités terroristes non seulement en Afrique de l’Ouest mais aussi dans le monde. Pour toutes ces raisons, l’ONU aurait donc dû montrer plus d’entrain à régler le cas malien. Or, c’est tout le contraire que l’on constate, avec un Conseil de sécurité refusant jusque-là d’entendre les appels au secours d’un pays membre. Certes, l’ONU a pour principe de privilégier le règlement pacifique des conflits. Mais il y a lieu de se demander si elle ne doit pas réviser sa charte sur la question, qui date de 1945, au sortir de la seconde guerre mondiale et qui faisait surtout référence à des conflits entre Etats. Aujourd’hui, les crises, à l’instar de celle qui sévit au Mali, ont pris une autre dimension. Elles mettent aux prises des Etats avec des groupes terroristes irréductibles. A moins qu’il y ait une politique du deux poids deux mesures, selon les zones de conflit et l’influence des partisans de l’intervention. On voit que dans le cas malien, des réticences se font jour face à la perspective d’une intervention, notamment du côté de l’Algérie, mais aussi de puissances telles que les Etats-Unis. Or, sans un engagement volontariste des Américains, le dossier malien pourrait traîner encore longtemps dans l’anti-chambre de l’adoption d’une résolution. La France de François Hollande est active certes, mais elle se montre moins déterminée que celle de Nicolas Sarkozy. On est donc malheureusement enclin à croire que la réunion du Conseil de sécurité de ce jeudi n’est que le début d’un long processus. Et tant pis si chaque jour qui passe est un jour de perdu pour le Mali.