Le projet de lutte contre le paludisme, Target Malaria a convié les journalistes à Bobo-Dioulasso autour d’une session d’information, vendredi 25 mai 2018. La rencontre a servi de cadre pour communiquer sur l’état d’avancement de ses recherches.
La recherche burkinabè veut innover les méthodes de lutte contre le paludisme, à travers l’adoption du projet «Target Malaria». Présent au Burkina Faso depuis 2012, et abrité par l’Institut de recherche de sciences de la santé (IRSS), ce projet est un consortium à but non lucratif, formé d’experts de différents domaines issus d’Europe, d’Afrique et des Etats-Unis d’Amérique. Target Malaria, selon son responsable au Burkina Faso, le Dr (entomologiste médical senior), Abdoulaye Diabaté, veut réorienter la lutte contre le paludisme. Cette réorientation, à l’entendre, est due au fait que les méthodes utilisées jusque-là ont montré leurs limites, face à la résistance développée par les germes et les agents vecteurs. «Les outils conventionnels de lutte tels que la moustiquaire imprégnée, la pulvérisation intra-domiciliaire, et la prise médicamenteuse, ont atteint les limites protectrices fondamentales», a-t-il avancé. Selon le Dr Diabaté, les méthodes actuellement utilisées sont «tellement» onéreuses qu’à la longue, leur financement posera problème. D’où selon lui, la nécessité de la méthode génétique. Le projet, comme il l’a signifié, consistera exactement à modifier génétiquement les moustiques vecteurs de paludisme, afin de réduire la transmission de la maladie. Après une présentation «Power point» de l’état d’avancement du projet, les journalistes ont eu droit à une visite guidée de l’insectarium. Là, les hommes des médias ont pu constater de visu, le processus et le dispositif de transformation génétique des moustiques. Pour les sceptiques qui craignent une extermination des populations de moustiques, voire un dérèglement de la chaine alimentaire, les chercheurs ont tenu à les rassurer. Sur plus de 600 espèces en Afrique, ont-ils affirmé, seules trois sont concernées par leurs recherches. Et le Dr Diabaté d’ajouter que Target Malaria est un projet consciencieux et réglementé. «Nous prenons en compte toutes les questions de risques qu’on nous pose au fur et à mesure que nous sortons sur le terrain», a-t-il fait savoir. Aussi, toutes les précautions sont prises pour que le produit final soit satisfaisant. «Nous allons prendre le temps nécessaire de recueillir toutes les informations, et être sûrs que tous les risques en rapport avec cette technologie sont maîtrisés avant le produit final», a insisté Abdoulaye Diabaté. En plus de ces précautions, toutes les parties prenantes, a-t-il souligné, à savoir la population et les plus hautes autorités, ont été impliquées dans le projet.