Le gouvernement malien a affirmé lundi que "12 terroristes" ont été tués samedi dans un accrochage avec l’armée dans une localité proche du Burkina Faso, mais des sources locales maintiennent que les personnes tuées, un nombre d’une quinzaine, étaient des "civils".
"Les Forces armées maliennes (FAMa), sous contrôle opérationnel de la Force Conjointe du G5 Sahel, lors d’une patrouille de sécurisation de la foire hebdomadaire de Boulkessy, ont été accrochées par des terroristes", a indiqué dans un communiqué le ministre de la Défense, Tièna Coulibaly.
"Les FAMa déplorent un mort. Douze terroristes ont été neutralisés, des motos et des vélos des terroristes ont été détruits", selon le texte.
"C’est un pure mensonge. Ce sont 15 de nos parents civils peuls, sonraï et burkinabés qui ont été massacrés par l’armée malienne", a affirmé à l’AFP Hamadou Diallo, un habitant de Bamako originaire de Boulkessy, après avoir parlé à des proches.
"Deux jeunes à moto ont attaqué et tué un militaire malien. Un renfort de militaire est venu ensuite pour assassiner quinze civils. C’est ça la vérité",
a-t-il ajouté.
Souleymane Diallo, originaire également de Boulkessy, affirme avoir reçu à son domicile de Bamako "une trentaine de personnes" venues présenter leurs condoléances "pour les 15 civils tués", en ajoutant que "l’enterrement de nos parents a eu lieu (lundi) matin".
Un chauffeur de camion local joint brièvement par l’AFP affirme qu’il a "assisté au massacre de civils". "Ils sont venus (l’armée), ils ont tué de civils. Ce ne sont pas des terroristes", a-t-il expliqué.
"Nous avons comme d’autres appris que ce sont des habitants de la localité qui ont perdu la vie", a indiqué dimanche une source militaire africaine du G5 Saleh. "Nous avons la certitude qu’aucune arme de guerre, ni de grenades n’ont été récupérées sur les plus de douze personnes tuées", a déclaré cette source.
La minorité peule de cette région affirme être systématiquement soupçonnée de collusion avec les groupes jihadistes. Elle avait déjà récemment accusé les forces de sécurité maliennes d’avoir commis des "exécutions sommaires" à son encontre.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes ont été en grande partie chassés et dispersés par une opération militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.