Les forces de sécurité burkinabè ont commis des "exécutions extrajudiciaires", des "mauvais traitements" et des "arrestations arbitraires" sur des suspects lors d'opérations antiterroristes entre 2017 et 2018, a dénoncé lundi Human Rights Watch (HRW).
"L'insécurité croissante au Burkina Faso a conduit à des crimes terribles commis tant par des groupes armés islamistes que par des membres des forces de sécurité de l'Etat", a affirmé dans un communiqué la directrice de HRW pour la région du Sahel, Corinne Dufka.
Dans un rapport intitulé "le jour, nous avons peur de l'armée, et la nuit des jihadistes", HRW cite des témoins qui ont identifié "des membres des forces de sécurité du Burkina Faso dans au moins 14 exécutions sommaires présumées" et "déclaré que quatre autres hommes sont morts de sévères mauvais
traitements présumés en détention".
De nombreux témoins ont décrit avoir vu des corps "ayant souvent les yeux bandés et les mains liées" le long des routes et des sentiers dans le nord du Burkina, précisant que la majorité des victimes ont été vues pour la dernière fois sous la garde des forces de sécurité.
"Huit hommes, dont deux frères, ont été arrêtés par l'armée lors d'une opération à la fin du mois de décembre 2017 et ont été abattus le lendemain" tandis qu'en "septembre 2017, des gendarmes basés à Djibo ont convoqué un responsable du gouvernement local dont le corps a également été retrouvé le
lendemain", indique HRW.
Des chefs communautaires ont affirmé que "les forces de sécurité semblaient détenir au hasard des hommes qui se trouvaient à proximité d'attaques de groupes islamistes armés". Si la "plupart ont été libérés après des enquêtes préliminaires, de nombreux hommes ont été sévèrement maltraités et quatre sont morts en détention", ont-ils indiqué.
Des professionnels de la santé ont également affirmé avoir "soigné des hommes pour des coupures, des hématomes et des entailles subies en détention".
HRW a invité le gouvernement à "ouvrir des enquêtes et mener des poursuites à l'encontre des membres des forces de sécurité impliqués dans de graves violations des droits humains".
Le ministre de la Défense Jean-Claude Bouda a assuré de son côté que "le gouvernement s'engage à diligenter des enquêtes sur tous les cas d'exactions cités qui n'avaient pas auparavant été portés à sa connaissance".