L'opération Neptune Spear, qui a permis aux 22 membres du commando SEAL (Sea, Air and Land) des forces armées américaines de tuer Oussama Ben Laden dans la nuit du 1er au 2 mai 2011 à Abbotabad, a porté un sérieux coup à la nébuleuse Al-Quaïda. En effet depuis les attentats du 11 septembre 2001, jamais mort d'un ennemi de l'Amérique n'avait autant procuré de soulagement aux Américains.
Mais voilà, l'homme mince à la barbe effilée des grottes de Tora-Bora avait déjà un remplaçant, l'Egyptien Ayman-Al-Zawahiri, qui, du vivant de Ben Laden, était d'idéologue d'Al-Ouaïda.
Devenu n°1, ce dernier jura de frapper à tout moment les Etat-unis d'Amérique. C'est justement en tendant ses grandes oreilles que la première puissance du monde a pu écouter une conversation ou plutôt des menaces proférées par le terrible Ayman Al-Zawahiri, qui était en ligne avec le chef de la filiale Al-Quaïda dans la péninsule arabique (AQPA), le non moins redoutable Nasser-Al-Wuhayshi.
Capté depuis le Yémen, où est basé le QG d'AQPA, un échange entre les deux chefs terroristes a contraint la grande Amérique à fermer une vingtaine de ses ambassades et consulats au Moyen-Orient et en Afrique le 4 août dernier:
ainsi en est-il des représentations diplomatiques d'Abou Dhabi, d'Aman, du Caire, de Ryad, de Dharan, de Jeddah, de Doha, de Dubaï, du Koweït, de Tripoli, d'Antaranarivo, de Bujumbura, de Djibouti, de Kigali et de Port-Louis. Certaines rouvriront incessamment, d'autres resteront fermées jusqu'à nouvel ordre.
Mesures conservatoires sans doute, mais surtout stratégie de guerre pour anticiper sur le mouvement de l'ennemi, cette posture adoptée par l'Oncle Sam se justifie à court terme; plus encore après la tragédie du 11 septembre 2011 à Benghazi en Libye. N'empêche que les ennemis de l'Amérique peuvent attendre qu'elle rouvre ses représentations diplomatiques pour la fapper.
Il en va au niveau personnel comme de l'Etat: nul ne peut avoir vent d'un danger qui le menace sans prendre des moyens pour s'en premenir. Ayant été artisans de la guerre en Irak, d'où ils se sont retirés, alors qu'ils sont toujours présents en Afghanistan, les USA se savent constamment menacés par de multiples adversaires, dont les plus emblématiques demeurent les djiadistes d'Al-Quaïda.
En fermant ces extraterritorialités, les USA désarçonnent, pour ne pas dire qu'ils désarment, l'ennemi, qui, même s'il s'apprêtait à frapper, mettra sans doute du bémol à ses velléités meurtrières.
Même s'il n'est pas dit que ce sont seulement des ambassades qui sont visées par cette folie suicidaire, et non tout intérêt américain, voire occidental.
En attendant, c'est une bataille de gagnée, car la guerre est physique tout comme psychologique et aucune des deux tactiques n'est à négliger.
Question à un terroriste : combien de temps les portes et les volets de ces représentations diplomatiques resteront clos?
En effet si certains pays peuvent passer pour quantité négligeable aux yeux des Américains, d'autres, au regard de leur rôle dans la géostratégie, sont des alliés naturels de l'Amérique. Et le partenariat sécuritaire est impératif avec ces pays : l'Egypte par exemple pour des raisons évidentes.
Comme le disait un analyste : "Il ne peut y avoir de paix (dans la région) sans l'Egypte, et pas de guerre sans Israël".