Après plus de deux ans de patience ou d’impatience derrière les barreaux –c’est selon-, les prières des pro-Gbagbo, détenus depuis la fin de la crise postélectorale qui avait fait environ 3 000 morts, ont enfin été exaucées ! En effet, la justice ivoirienne a décidé, le lundi 5 août dernier, de la mise en liberté provisoire de 14 personnalités proches de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Parmi elles, son fils Michel Gbagbo et le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan. On retrouve également d’autres poids lourds du FPI, à l’image du vice-président, Aboudramane Sangaré, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Alcide Djédjé, la présidente des Femmes patriotes, Geneviève Bro-Grébé, l’ex-gouverneur de la BCEAO, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, ou encore l’ex-ministre de la Défense, Lida Moïse Kouassi.
Ainsi, cet acte du nouveau locataire du palais de Cocody pourrait être vu comme un cadeau que ce dernier fait aux membres du Front populaire ivoirien (FPI) et à leur famille, en cette veille du 7 août, fête de l’indépendance. Une décision qui intervient à un moment où on s’y attendait le moins : le contre-pied parfait. En effet, combien sont ceux qui s’attendaient à une telle grâce présidentielle ? Peu ou proue. En tous les cas, c’est un signal fort que donne Alassane Dramane Ouattara à tous ceux qui voyaient en lui un revanchard borné qui n’en avait que faire de la réconciliation, voire de la paix. Ainsi donc, on pourrait voir en cette action, le début du processus de réconciliation tant espéré du côté de la lagune ébrié. Et ce, même s’il ne s’agit –pour l’instant- que d’une liberté provisoire qui ne s’étend d’ailleurs pas à tous les prisonniers de la crise postélectorale, Simone Gbagbo -pour ne citer qu’elle-, étant toujours en détention.
Ce pas fait, il appartient maintenant à Affi N’Guessan et à ses camarades de revoir à la baisse leurs exigences qui s’apparentent plus à un mirage qu’à une réelle volonté de voir revenir la paix. En effet, si la satisfaction de certaines conditions semble possible, ce n’est pas le cas pour toutes. Surtout pour celles qui concernent la libération de Laurent Gbagbo, détenu à la Cour pénale internationale (CPI) et l’amnistie générale. Car, sur ces points précis, le président ivoirien a plusieurs fois affiché sa ferme volonté de voir les procès des crimes présumés de la crise postélectorale aller jusqu’à leur terme, avant d’envisager une quelconque amnistie.
Mais tout compte fait, la balle a été engagée et elle se trouve désormais dans le camp FPI qui devra, à son tour, montrer jusqu’à quel point il est prêt à faire des concessions pour un retour rapide et durable à la paix au pays d’Houphouët.
C’est une lapalissade que de dire que, dans toute lutte, les résultats ne sont aucunement immédiats. Il faut savoir capitaliser ses acquis, aussi minimes soient-ils, pour continuer et engranger de plus importants. A ce titre, le FPI n’a plus d’excuse pour refuser la main tendue. Aussi faudrait-il saisir le cadeau du père Noël ADO, avant que ce dernier ne vire en cadeau empoisonné. Surtout, si les gourous du FPI s’entêtent à refuser cette concession, cette main tendue, qu’ils ont pourtant appelée de toutes leurs prières, de tous leurs vœux.
Plus qu’une victoire politique individuelle ou encore celle du seul FPI ou du seul RHDP, les différents belligérants devraient songer à ce que serait cette paix pour l’ensemble des Ivoiriens, qu’ils soient FPI, RDR, PDCI… Car, comme on le dit, avec la culture du dialogue, la réconciliation, avec le retour de la paix, c’est toute la Côte d’Ivoire qui y gagne ! .