Le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) a été le théâtre, le samedi 28 avril 2018, de la naissance d’un parti politique, les Progressistes unis pour le renouveau (PUR), se réclamant d’obédience sankariste. La nouvelle formation présentera un candidat à l’élection présidentielle de 2020, a annoncé son président, Justin Somé.
Le week-end a été fécond pour la vie politique burkinabè : pas moins de trois partis ont vu le jour. Tous proclament apporter une offre nouvelle dans un landerneau déjà fort d’une centaine de formations. Parmi les nouveaux arrivants sur la scène, les Progressistes unis pour le renouveau (PUR), un parti fondé par des dissidents de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS). Les démissionnaires pointent du doigt des « divisions et des contradictions » au sein du mouvement sankariste et l’absence d’un « leader charismatique » pour porter l’idéal du père de la Révolution burkinabè. Ils en veulent également à cette « classe politique bloquée sur les mêmes personnes et les offres politiques inadaptées depuis plus d’une trentaine d’années ».
Le PUR, dont l’emblème est un cheval blanc, se propose alors d’apporter une rupture « salvatrice » et de répondre à l’attente des Burkinabè qui ne font plus confiance à la classe politique actuelle.
A l’issue de l’assemblée générale constitutive, a été mis en place un bureau transitoire de 23 membres présidé par le sociologue Justin Wahir Somé. Les instances seront renouvelées et d’autres adhésions enregistrées à l’issue du congrès prévu courant 2019. Le parti, indique son président, sera en lice pour l’élection présidentielle de 2020.
Celui qui préside désormais aux destinées du nouveau parti d’obédience sankariste et progressiste occupait, avant de claquer la porte, le poste de secrétaire national chargé de la planification de l’UNIR/PS. Ces démissions du parti de l’œuf, selon certaines informations, n’avaient pas encore été acceptées par le parti. Mais pour Justin Somé, lui et sa suite n’avaient pas besoin d’un accord pour renoncer à leur engagement : « On adhère librement à un parti et on en part librement. »
Alexandre Sankara est-il le cavalier ?
Selon certaines informations, le député UNIR/PS Alexandre Sankara serait le cavalier qui chevauche, dans l’ombre, le PUR. Comme pour confirmer cette thèse largement relayée depuis quelques jours, le principal intéressé était aux premières loges à ce lancement. Et qui plus est, vêtu d’une chemise blanche, l’une des couleurs de la nouvelle chapelle politique. Interrogé sur cette présence, Justin Somé indiquera que l’élu national est venu « témoigner son soutien à des camarades ». Il souligne que « Sankara est un député UNIR, alors que tout le monde sait qu’on ne peut être président d’un autre parti et député UNIR ». Et de marteler : « On n’a pas créé un parti où des gens sont derrière, on n’a pas de sponsor, le PUR n’appartient ni à un individu ni à un groupe d’individus. »
A propos de la filiation du parti, son président invitera les journalistes à prendre leur mal en patience. : « Nous allons, au cours d’une conférence de presse cette semaine, dire si nous sommes de la mouvance ou de l’opposition. » Mais on notera que les progressistes n’ont pas décoché de flèche au pouvoir et acceptent le principe d’un rattachement à la majorité. « Les sankaristes ont été longtemps dans l’opposition, on ne peut pas rester dans l’opposition éternellement. A un moment, les sankaristes se sont battus avec d’autres forces pour qu’on ait le pouvoir. Le pouvoir, ce n’est pas forcément le parti majoritaire mais l’ensemble des partis qui ont lutté », soutient Justin Somé.
Un autre indice, si ce n’est tout simplement un aveu, qui laisse penser que le cheval galope vers le soleil levant, c’est la déclaration du secrétaire national adjoint chargé des relations extérieures, Marc Ouédraogo. Ce dernier, qui n’avait pas assisté à l’interview de son président, a, pendant le sien en langue mooré, vendu la mèche. Il déclarera tout de go : « Le PUR sera de la mouvance. » Rendez-vous donc dans quelques jours pour le fin mot de l’histoire.
Hugues Richard Sama
Quelques membres du bureau
Président : Justin Wahir Somé
SG : Charles Lankouandé
Sécrétaire national (SN) chargé de la structuration et des questions électorales : Paul Corneille Zerbo
SN finances et budget : Drissa Sankara
SN relations extérieures : Lamoussa Yaro
SN formation politique et prospective : Lassina Sawadogo
SN communication et propagande : Fulgence Bougoum
SN jeunesse et organisations de masse : Abdoul Barillou Teguera
SN chargé des questions féminines et du genre : Bernadette Somé/Traoré
SN orientation et stratégies : Patrice Béré
SN affaires sociales et solidarité : Mme Diarra/Bikienga