Les ministres en charge des Affaires religieuses des pays du G5 Sahel sont en conclave à Ouagadougou les 26 et 27 avril 2018. Ils réfléchissent sur la question de la radicalisation et de l’extrémisme violent au Sahel.
La réunion de Ouagadougou fait suite à une autre tenue dans la capitale nigérienne du 11 au 14 mai 2015. Initiative du G5 Sahel (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), cette rencontre de haut niveau vise à stopper le phénomène de radicalisation et l’extrémisme violent au Sahel.
"Les pays du G5 Sahel considèrent que la religion est un facteur de développement et de paix quand elle n’est pas traitée comme une question marginale à travers des prismes qui favorisent les courants radicaux. De ce fait, la question religieuse devrait être considérée dans sa transversalité dans la gestion de la problématique de développement humain durable", se sont en effet dit convaincus les ministres en charge de la Sécurité et des Affaires religieuses au sortir de la rencontre de Niamey qui a accouché d’une charte.
A Ouaga, il s’agira donc pour les experts et ministres en charge de ces questions de faire l’état de la mise en œuvre des recommandations contenues dans le document et évaluer les changements intervenus.
A écouter le ministre des Affaires religieuses et du Culte du Mali, Amadou, Omar Hass Diallo, il est plus que temps pour l’Etat, dans cette lutte, de prendre ses responsabilités vis à vis des religions. "L’Etat doit sortir de la laïcité béate et investir le champs religieux pour ne pas le laisser entre les mains des incultes…Il faut que les peuples assument leur foi et la loi n’est pas un habit dont on se défait de temps en temps. Elle est permanente. Que les partenaires occidentaux sortent de leur complexe pour comprendre que le problème n’est pas la religion mais ceux qui la portent ou prétendre l’incarner. Nos écoles coraniques sont devenues des bombes sociales sans perspectives d’avenir. Nos états doivent assumer leur rôle en accompagnant nos religions de sorte à ce que celles-ci jouent bien leur rôle dans nos sociétés" a-t-il martelé.
A son tour, le ministre burkinabè de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Siméon Sawadogo se demandera si la laïcité à l’occidental est adaptée à nos réalités. Faisant remarquer que si la loi de 1905 consacre la séparation entre la religion et l’Etat, il a aussi souligné qu’il faut bien reconnaître que la religion est omniprésente en Afrique si bien que la paix et le progrès social passent par elle.
Selon le ministre Sawadogo, Ouagadougou permettra de définir les indicateurs communautaires de la radicalisation. A cet effet, il a invité les participants à une réflexion sans complaisance en vue de permettre d’engranger des points dans la lutte.
Partageant les expériences, le représentant du ministre Nigérien Mohamed Bazoum, a relevé que dans son pays des textes sont en cours pour règlementer les prêches, la gestion des écoles coraniques et les mosquées.
Le ministre mauritanien des Affaires islamiques et de l’Enseignement originel, Ahmed Ould Ehel Daoud, dira que son pays a compris que le combat est d’abord idéologique avant d’être militaire. En effet, cette république islamique s’applique à une meilleure compréhension des textes religieux par la jeunesse à travers des cadres de formation appropriés. "Il faut combattre les mauvaises pensées par celles justes et nobles" a-t-il souligné. Et de confier que sur ce front, les résultats sont encourageants, car les terroristes ont changé de vie avec la contribution des oulémas et un seul est retombé dans ses travers. Le deuxième niveau de lutte se concentre, selon lui, sur les médias et les réseaux sociaux.
Convaincu que les investissements à grande échelle ne peuvent, à eux seuls, venir à bout du phénomène, le représentant d’Ibn Chambas du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’ ouest et du Sahel, a dit compter sur l’implication des communautés dans toutes leurs composantes pour venir à bout du fléau de la radicalisation et de l’extrémisme violent au Sahel.