Deux jeunes élèves âgés de 18 et 22 ans accusent un expatrié, leur employeur temporaire, de les avoir violés. Après avoir porté plainte contre leur bourreau, ils disent faire l’objet de menaces de la part de gendarmes à la solde de celui-ci. Le lundi 24 avril 2018, les deux victimes ont, à visage découvert, relaté leur mésaventure à des journalistes.
En lieu et place d’une conférence de presse comme annoncée et qui a ameuté les journalistes en ce lieu public de Ouagadougou, c’est plutôt une interview qui a vite été expédiée. Debout près des arbustes de la vaste cour, deux jeunes garçons, âgés de 18 et 22 ans, tous deux minces et un peu élancés, racontent, tour à tour, leur mésaventure avec un expatrié, responsable d’une imprimerie dans un quartier de Ouagadougou. Selon les deux victimes, c’est alors qu’ils faisaient un travail intermittent dans cette imprimerie qu’un jour leur employeur les a invités à venir à son domicile où se trouvait d’ailleurs son entreprise pour les violer, sous le coup de menaces.
«C’était en 2017 pendant les vacances. Alors que j’accomplissais de petites taches dans son imprimerie, le blanc a fait ma connaissance un soir où on a un peu échangé. Il m’a laissé son contact et m’a demandé de l’appeler un de ces jours pour qu’on puisse poursuivre la discussion. Je lui ai fait savoir que je n’ai pas de téléphone portable. Il m’a alors remis 15 000 FCFA pour acheter le portable dont je lui ai communiqué le numéro plus tard. Un jour il m’a appelé et m’a invité à passer un soir discuter avec lui dans sa maison. Quand je suis arrivé, il m’a installé dans son salon et a allumé la télévision qu’on suivait en causant. Entre temps, il a commencé à me caresser. Je lui ai dit d’arrêter et j’ai demandé à rentrer chez moi. C’est là qu’il m’a fait sortir pour présenter ses chiens, deux bergers allemands qui aboyaient d’ailleurs avec insistance, prêts à mordre, à mon arrivée. Il m’a dit que si je refuse ce qu’il veut, il va me laisser aux chiens et crier au voleur. Il m’a alors ramené dans la maison et m’a instruit d’aller prendre une douche. Je me suis exécuté. Après, il m’a amené dans sa chambre et sur son lit … m’a violé… sans mon consentement», a raconté, avec amertume, Eugène Sawadogo, 22 ans, élève en classe de Terminale.
Poursuivant, il a confié qu’après l’acte, le blanc, comme il l’appelle, lui a promis de lui ramener un téléphone portable de la France où il devait s’y rendre à condition qu’il sache tenir sa langue. Promesse faite, il lui a effectivement offert l’appareil ( il nous montre le portable qu’il a reçu : ndlr) et en plus lui faisait de temps à autre des transferts d’argent.
Mais entre temps, Eugène n’arrive plus à garder le secret et se confie à un « grand frère de quartier ». Ce dernier se propose de l’accompagner à la gendarmerie de Nongremassom pour déposer une plainte.
« Après cela, j’ai appelé le blanc pour dire que j’ai posé plainte contre lui. Il m’a alors menacé et a aussi passé mon numéro à un gendarme qui, à son tour, m’appellera pour m’intimider pendant près de 15mn. Le gendarme s’est même déplacé chez moi un autre jour et a menacé de raconter l’histoire à mes parents. Il a dit que si je m’amuse avec lui, il va m’enfermer. Il m’a même montré toutes ses cartes de visites et j’ai pu me rendre compte qu’il est adjudant. Il a aussi dit que si je porte plainte contre le blanc, c’est moi qui irai en prison car je ne suis pas mineur et l’acte (l’homosexualité : ndlr) n’est pas interdit au Burkina », a relevé le jeune garçon.
Même «mode opératoire » dans le cas de la deuxième victime, 18 ans, qui dit, lui aussi, avoir été abusé sexuellement par le même « blanc » (actuellement en déplacement à l’étranger ). Lui aussi a porté plainte et n’attend que justice soit faite.
Mais à écouter les deux jeunes garçons, il y a une forte odeur de corruption au sein même des « justiciers » dont certains qui auraient reçu des pots de vin usent de tous les moyens, allant même jusqu’aux intimidations, pour leur faire retirer leur plainte. Des proches des présumées victimes (au moins cinq personnes) qui détiennent des preuves accablantes contre le présumé accusé auraient été arrêtées et gardées à la MACO. Mais à entendre ces «enfants» déterminés à faire aboutir le dossier, d’autres preuves, audios et écrites, sont gardées en lieu sûr et ils n’attendent que le moment opportun pour les dévoiler. Affaire à suivre donc !