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Attaque contre la Minusma à Tombouctou : Quand la perfidie s’ajoute à l’asymétrie !

Publié le lundi 16 avril 2018  |  L`Observateur Paalga
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© Autre presse par DR
Militaires burkinabè bientôt au Mali pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)
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Un autre soldat burkinabè est tombé ce 14 avril au Mali dans l’attaque du camp de la Minusma à Tombouctou. La mort du caporal Ibrahim Yaméogo du Bataillon de commandement et de soutien (BCS) basé au camp Guillaume Ouédraogo porte à quatre, sauf erreur ou omission, les pertes de soldats burkinabè au service de la Minusma.

Le caporal Ibrahim Yaméogo est par ailleurs la 147e perte en vie humaine que subit cette mission onusienne depuis juillet 2013. Une mission dont le taux de mortalité est jugé le plus élevé de toutes les forces de maintien de la paix de l’ONU actuellement déployées dans le monde.

Ces énormes pertes sont dues à la complexité de la situation sécuritaire au Mali, où les djihadistes sont répartis dans plusieurs groupes islamistes, se revendiquant qui d’Al Qaeda, qui de Daesh. Le dépeçage de la Libye à la suite de la chute de Mouammar Kadhafi les aura nourris et en moyens logistiques et en combattants, illuminés d’illusions djihadistes, plus vraisemblablement au service de narcotrafiquants qui ont juré de faire du Sahel une zone de non-droit propice à leur affairisme mafieux. Stoppés dans leur plan machiavélique par l’opération française Serval, bousculés dans leurs retranchements et/ou cachettes au Nord-Mali par les forces armées de ce pays avec le grand soutien de la force Barkhane, digne héritière de l’Opération Serval, sans oublier l’appui de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), ces terroristes n’en continuent pas moins d’agresser quotidiennement les pays du G5 Sahel.

Ils ont imposé à ces pays et à leurs alliés une guerre asymétrique qui perdure avec des risques d’aggravation, car, selon les analystes militaires et les géostratèges, mis en déroute en Irak et en Syrie, les combattants de Daesh, alliés à ceux d’Aqmi, rêvent d’un Khalifa dans le Sahel. C’est dans cette logique que la Minusma et les forces françaises de l’opération Barkhane sont aujourd’hui des cibles de choix pour ces terroristes qui ont fait du Nord-Mali leur sanctuaire depuis six ans maintenant. La dernière attaque perpétrée à Tombouctou contre les camps mitoyens de la Minusma et de Barkhane, ce 14 avril, a surpris par son intensité au point d’avoir été qualifiée d’ « importante attaque complexe », tant par le type d’armement utilisé que par la durée des affrontements : quatre heures d’horloge. C’est du jamais vu, car les terroristes, pour une fois, n’ont pas fui les combats, suivant leur stratégie favorite d’attaques-éclairs et par surprise lors d’embuscades ou d’attentats suicides. On eût dit que les assaillants des camps de la Minusma et de Barkhane à Tombouctou voulaient prendre le contrôle des lieux et de l’aéroport adjacent.

Pour l’armement utilisé, on a recensé des tirs de roquettes et de mortier, outre les explosifs dans deux camions piégés qui, suprême perfidie, étaient estampillés d’un des insignes de la Minusma, l’autre des couleurs des forces armées du Mali, avec à bord du premier, des combattants portant des casques bleus. N’eût été la vigilance et la combativité des soldats de la Minusma et de la force Barkhane, le bilan d’un Casque bleu tué et d’une vingtaine de blessés enregistrés aurait été plus lourd. La perfidie et la détermination des terroristes à Tombouctou n’auront donc pas été payées à la hauteur de leurs attentes machiavéliques. N’empêche qu’on rappellera pour des besoins de redoublement de vigilance de la part des Casques bleus, des soldats français et maliens que, pas plus tard que le 5 avril dernier, une attaque similaire était perpétrée contre le camp de la Minusma à Aguelhok au nord de Kidal. Deux Casques bleus y avaient perdu la vie. Le 22 mars, ce sont 5 soldats français qui avaient été blessés lors d’une autre attaque au mortier contre le camp de la Minusma à Kidal. Plus en amont, en juin 2017, ce camp de la Minusma à Tombouctou avait subi une autre attaque des djihadistes.

On le voit bien, être soldat de la Minusma n’est pas de tout repos. Au contraire, c’est une mission périlleuse, car, même si les attaques au mortier ne sont pas nouvelles, leur complexification impliquant un savoir-faire militaire éprouvé inquiète. C’est comme si nos djihadistes locaux étaient allés à l’école du terrorisme international. Il y a alors une forte suspicion que des artificiers plus compétents venus d’on ne sait quels autres théâtres d’opérations militaires jouent aux maîtres formateurs des djihadistes sahéliens. Suivez mon regard.

Plus qu’une suspicion, c’est une conviction que le Sahel intéresse grandement les croisés d’un Khalifa moyenâgeux en plein 21e siècle. Le Général Thomas D. Waldhauser, commandant de l’Africom, n’a pas dit autre chose devant la commission des forces armées du Sénat américain le 13 mars dernier. Il a soutenu que le Sahel était une base arrière possible du terrorisme international. C’est pourquoi, avait-il expliqué, « l’Africom soutient les efforts multinationaux dans la région du Sahel… si nous nous retrouvons avec des Etats faillis, si ces groupes s’installent dans ces Etats faillis, ils vont trouver de larges zones refuges où ils pourront préparer des attaques contre les Etats-Unis. » A bon entendeur, salut ! En commençant par l’ancien président français, François Hollande, qui eut la clairvoyance géostratégique de déployer l’opération Serval dès janvier 2013. La Minusma et les bailleurs de fonds des forces du G5 Sahel ne sont pas en reste, avec le vif espoir que tant d’efforts conjugués finiront par bouter hors du Sahel ces fous d’Allah.

On n’en est pas encore là et la dernière perfidie dans l’attaque de la Minusma à Tombouctou nous donne de voir que ces illuminés ont plus d’un stratagème dans leurs turbans. En effet, après la ruse de se camoufler sous les apparences des soldats des Casques bleus, il ne reste plus que ce soit à bord d’une fausse ambulance ou de faux véhicules de la Croix-Rouge qu’ils planifient leurs prochaines agressions. C’est pourquoi on aurait voulu qu’à côté de la Minusma et de la force Barkhane, les forces du G5 Sahel montent rapidement en puissance. Hélas, depuis cette fameuse conférence des bailleurs de fonds à Bruxelles en février dernier, où il a été annoncé, à tout va, que le financement de l’opérationnalisation de cette force est bouclé, on ne la sent toujours pas sur le terrain. Un statu quo désespérant pendant que les djihadistes allient détermination, perfidie et asymétrie dans leurs attaques meurtrières.

La Rédaction
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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