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Kassoum Sanou, maire de Fo : «J’ai réduit ma dotation en carburant de 2 millions à 800 000 FCFA»

Publié le lundi 16 avril 2018  |  Sidwaya
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La commune de Fo est située à une centaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, dans la province du Houet, région des Hauts-Bassins, sur l’axe Bobo-Faramana. Cette commune est considérée comme l’une de la région dont le fonctionnement force l’admiration. Nous avons rencontré le mercredi 14 mars 2018 à Bobo-Dioulasso, son maire Kassoum Sanou, juriste, qui évoque dans cet entretien la vie de cette localité.

Sidwaya (S.) : Monsieur le maire, pouvez-vous nous présenter la commune de Fo ?


Kassoum Sanou (K.S.) : La commune de Fo est située à une centaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso. Elle compte près de 30 000 habitants. C’est une commune essentiellement agricole où se pratique l’agriculture, la culture de contre-saison ou l’élevage. La commune compte 13 villages, dont 4 sont traversés par l’axe bitumé Bobo-Dioulasso-Faramana.


S. : Vous avez été élu maire en 2016 et cela fait près de 2 ans que vous dirigez la commune. Quel bilan peut-on retenir de votre mandat à mi-parcours ?


K.S. : J’ai été maire depuis la mandature de 2012 qui a été écourtée par l’insurrection populaire. J’ai été reconduit à la faveur des élections municipales de 2016. Quand nous venions à la tête de la commune de Fo, notre objectif en matière d’éducation a été de doter les 13 villages de la commune d’une école à trois classes, et de les normaliser par la suite. A ce stade, tous les villages ont des écoles de trois classes. Six de ces écoles ont été normalisées à six classes, deux sont en cours. Il reste à normaliser cinq autres. Le nombre de collèges d’enseignement général (CEG) qui était à deux a été porté à quatre. Celui de Fo a été transformé en lycée par une mesure gouvernementale. La commune dispose aussi d’un établissement privé. Toutes ces écoles sont équipées, et nous n’avons pas de problèmes de tables-bancs. Dans le domaine de la santé, de deux Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) au départ, nous en sommes aujourd’hui à sept et un huitième est en construction. Nous avons prévu une maternité qui sera bientôt construite avec l’appui d’un partenaire. Tous les CSPS sont fonctionnels. Ce sont nos partenaires qui nous accompagnent dans la réalisation de ces différentes infrastructures. Dans le domaine communautaire, nous avons réalisé sept mosquées, une maison de la femme, une maison des jeunes et le jardin du maire. Nous avons aussi entrepris de réhabiliter les maisons mères de chaque localité. A ce jour, nous avons fait en matériaux définitifs quatre maisons et nous comptons faire les autres d’ici la fin de notre mandat. En matière d’eau, nous n’avions à notre arrivée, qu’un seul système d’alimentation en eau potable simplifié (AEPS) à Fo. Mais grâce à nos partenaires allemands, nous sommes en train de réaliser deux autres cette année à Fo. Nous avons prévu 12 forages en cette année 2018. De 2013 à aujourd’hui, nous avions déjà réalisé 16 forages, ce qui fait qu’aujourd’hui, tous les villages de la commune de Fo sont dotés de forages. Chaque village a au minimum trois forages. Nous avons aussi entrepris des réalisations dans le domaine de l’agriculture et de l’environnement. Nous avons également accompagné les femmes et les jeunes pour la réalisation de leurs activités génératrices de revenus.


S. : D’où tirez-vous les ressources pour financer les différentes réalisations que vous venez de citer ?


K.S. : Nous avons une population qui n’est pas réfractaire au payement des taxes et impôts. Mais tout dépend aussi de la confiance entre la population et ceux qui sont au-devant de la commune. Quand je suis venu, j’ai fait supprimer des charges qui n’étaient pas nécessaires. Le maire avait une dotation en carburant d’environ 2 millions FCFA par trimestre : nous avons réduit cette dotation à 800 000 FCFA par semestre, ce qui nous a permis de dégager plus d’un million de FCFA. La commune avait prévu un million de F CFA pour les consommables et l’entretien : nous avons réduit ce montant à 300 000 FCFA. Nous avons mené des campagnes de sensibilisation au civisme fiscal. Ce sont les Conseils villageois de développement (CVD) et les conseillers municipaux qui ont eux-mêmes pris l’initiative de tenir chaque année des assemblées générales dans leur localité, pour récolter les taxes et impôts, qui sont par la suite versés au niveau de la perception de Fo. La commune fait chaque année près de 100% en termes de recouvrement des taxes et impôts. Nous prélevons aussi des taxes sur les agrégats comme le sable, les graviers, et cela peut nous rapporter entre 100 et 150 000 FCFA par jour. Nous avons aussi les ressources issues des transferts de l’Etat. Mais toutes ces ressources sont insuffisantes par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés. C’est pour cela que nous avons pris notre bâton de pèlerin à la recherche de partenaires. Aujourd’hui, nous avons des partenaires sûrs qui nous accompagnent. Certains ont injecté près d’un milliard de F CFA dans la réalisation des infrastructures dans la commune, et d’autres, plus de 100 millions FCFA. C’est ainsi que nous arrivons à mettre les petits plats dans les grands.


S. : Quelles sont les perspectives pour la commune, pour le reste du mandat ?


K.S. : Une seule hirondelle ne fait pas le printemps. Nous nous battons avec l’accompagnement de la population de la commune. Tout ce que nous avons promis, nous l’avons réalisé à plus de 80%. Notre plus gros souci reste les lotissements qui sont pour le moment suspendus. Notre dossier était pratiquement prêt, et il ne restait que l’accord du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. Il y a beaucoup d’investisseurs qui veulent venir à Fo, mais ils veulent d’abord se rassurer de la sécurité de leur investissement. Si le lotissement est fait, cela va nous permettre de faire des investissements. L’autre projet qui nous tient à cœur est le désenclavement. Beaucoup de villages restent inaccessibles à partir de juillet. Nous voulons expérimenter un système de réalisation de routes avec des cailloux sauvages et du ciment, que nous avons vu au Bénin. Mais, il nous faut des ressources pour cela. La Société des fibres textiles (SOFITEX) qui nous accompagnait pour l’entretien des routes ne le fait plus, car le ministère des Infrastructures a exigé que les fonds soient versés dans un fonds d’entretien global des pistes. Mais, nous avons souhaité que les montants soient prioritairement donnés aux zones de production cotonnières comme la nôtre. Nous avons 71 kilomètres de pistes rurales à réaliser, et si cela est fait, toute la commune de Fo sera désenclavée. Nous sommes aussi en train d’envisager la possibilité d’accompagner les agriculteurs, afin de faire des productions tant sur des petites surfaces que sur de grandes superficies. Nous avons un cadre de concertation où nous échangeons sur toutes les préoccupations de la commune. Toutes les idées novatrices sont les bienvenues. Les gens ont compris que la transparence n’est pas un vain mot, mais une réalité. Quand on vient à la tête d’une commune pour s’enrichir, c’est qu’on se trompe de lieu. Un maire doit avoir les idées, les ressources et les relations, sinon il fera du surplace. Les gens veulent voir bouger les lignes, et quand les lignes bougent, ils suivent. J’invite la population à garder cette dynamique et à être regardante quant aux choix des conseillers et du futur maire, car il y va du développement de leur
communauté.


Interview réalisée par
Adaman DRABO
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