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Ousmane Amirou Dicko, emir du liptako à propos du programme d’urgence pour le sahel : « L’époque des vaines promesses pour plaire est révolue »

Publié le mercredi 11 avril 2018  |  Le Pays
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L’Emir du Liptako est l’autorité coutumière suprême dans la province du Seno. Sa Majesté a bien voulu nous accorder une interview à travers laquelle il nous fait remonter dans l’histoire de l’Emirat du Liptako. Vu le contexte sécuritaire dans la région du Sahel, l’Emir du Liptako a aussi abordé la question du terrorisme qu’il dit être liée à «l’explosion démographique et aux conditions de vie précaires des populations de la région du Sahel ». Pour Sa Majesté, le Programme d’urgence pour le Sahel (PUS) est une aubaine en ce sens qu’ « avec ses réalisations, c’est la population elle-même qui va se dresser contre le terrorisme ». Mais pour y arriver, l’Emir du Liptako pense qu’il faut plus de concret dans le PUS car, dit-il, « l’époque des vaines promesses pour plaire est révolue ». Tout compte fait, Sa Majesté estime que « c’est par l’appropriation de son destin que la communauté de la région du Sahel arrivera à bout de ses problèmes ».

« Le Pays » : Que signifie le titre d’Emir dans le contexte burkinabè ?



L’Emir du Liptako : Je ne puis aborder la réponse à cette question, sans adresser mes remerciements à votre quotidien, « Le Pays », d’avoir pensé à moi. Puisse le bon Dieu faire avancer votre journal. Maintenant, pour répondre à votre question, il faut dire que dans l’organisation de la Chefferie coutumière et traditionnelle au Burkina, selon la zone, il y a des rois (Dima) dans les différents royaumes, mais pour le Liptako, c’est l’appellation Emir. Il y a sept rois supérieurs au Burkina Faso. Il y a le Mogho Naaba, empereur des Mossés, le Naaba Kiba, roi du Yatenga, l’Emir du Liptako, le Naaba Sonré, roi de Boussouma, le roi de Tenkodogo, le Kupiendiéli, roi du Gulmu, le chef suprême des Bobo Mandarè.

Pouvez-vous nous définir « Liptako » ?



Le nom Liptako ou Liptaako remonte au XIXe siècle et aurait été suggéré par le sultan du Sokoto, Ousmane Dan Fodio, qui aurait reçu la visite de Brahima Seydou Birmali, fondateur du Liptako et de ses 2 frères venus demander de l’aide spirituelle pour vaincre les Gourmantché qui leur faisaient subir des vexations et des humiliations de toutes sortes. Le Sultan de Sokoto fit des prières pour eux, leur remis un étendard royal et recommanda d’appeler la zone Liptaako, une fois la victoire acquise. Liptaako signifie l’indomptable (de Liba qui veut dire « terrasser », et TA-A-KO qui signifie, «on ne peut pas», donc qu’on ne peut pas terrasser).



Quel est le ressort territorial de l’Emirat du Liptako?



Dans le passé, l’Emirat du Liptako s’étendait sur toute la rive droite du fleuve Niger, donc allant jusqu’aux territoires du Mali (Gao) et du Niger (Say) actuels. De nos jours, avec le découpage des frontières, l’Emirat se limite essentiellement à la province du Seno (qui devait porter, pour mémoire, le nom traditionnel de Liptaako). Nous sommes invités à donner notre accord lors des intronisations hors de nos frontières, par respect des traditions.



Pouvez-vous nous rappeler brièvement l’histoire du Liptako?

L’Emirat du Liptako est né vers le XVIIIe siècle. Il s’agit d’un royaume peulh fondé par l’ancêtre des Férobé, Ibrahima Seydou Birmali, vers 1810, suite à une guerre contre les occupants des terres conquises ayant pour capitale Dori.Comme tous les royaumes, le Liptako a trouvé son origine dans un contexte plus ou moins romancé. La légende voudrait donc que les Férobés viennent de l’Empire du Macina au Mali. A l’origine, c’étaient deux frères qui se disputaient le trône. Un des frères voulant éviter une lutte fratricide, quitta le Mali dans l’intention de rejoindre le sultanat peulh de Sokoto. Cependant, durant la traversée, ils atteignirent et s’installèrent dans un village, Wendou, où il y avait une population peule autochtone, et après quelques années, le chef des nouveaux venus Peulhs du Macina épousa la fille du Djoro, (le chef de village) de Wendou. Après la mort du chef, un conflit de succession éclata entre Peulhs Torobé autochtones et Peulhs Ferobés venus du Macina. Une partie des Peulhs Torobé autochtones migrèrent vers Sebba et vers les villages de Torodi (du Burkina et du Niger) et une autre partie à Dori, acceptant le joug des Gourmantché de l’époque, qui régnaient en maîtres des lieux. La cohabitation avec les Gourmantché fut pacifique jusqu’au jour où les nouveaux arrivants Peulhs se révoltèrent suite à une augmentation de taxes. Voilà comment, suite à une guerre de conquête dont l’objectif premier était de protéger les peulhs autochtones trouvés sur les lieux, une partie des Férobés du Macina s’emparèrent et s’installèrent dans ce qui est aujourd’hui le Liptako: Dori et les villages environnants. Le nom Dori trouve son origine dans le conflit de succession de Wendou, lorsqu’une partie des Peulhs fut désignée comme celle venant de «Dori», en fulfuldé «l’autre rive».Le chef de la révolte Peulh, Brahima Seydou Birmali, est le fondateur du Liptako et d’une dynastie Peulh durant son règne.

On sait que la succession a été houleuse entre vous et votre cousin. La page est-elle définitivement tournée ?



Il s’agit de mon oncle, je pense. Chez les Peulhs, on appelle l’oncle paternel, un papa. Succession houleuse dans le sens de l’agitation ou bien dirait-on passionnée? C’est tout à fait normal qu’une succession coutumière ou même moderne, d’où qu’elle soit, puisse susciter des passions. Cela traduit l’importance que nous portons aux coutumes. Vous imaginez-vous une succession sans passion ? Sur quoi allez-vous écrire vos articles sur la chefferie coutumière et traditionnelle, qui passionne tant les lecteurs ? La page est tournée, c’est un problème de famille. Il faut travailler en rassembleur.

Votre défunt père a été maire CDP de Dori. Et vous, avez-vous une carte politique ?

Si oui, laquelle ?



Paix à son âme, déjà sept ans après sa disparition, le 12 novembre 2010, il n’y a pas une seule journée où nous ne pensons pas à lui. Je ne pratique pas la politique active au sens moderne du terme, quand bien même j’ai un rôle coutumier et traditionnel qui n’est pas tellement différent de la politique. Il est dit d’un chef coutumier d’être ouvert à tout le monde, de ne pas avoir de préférence. D’œuvrer à la paix et à la cohésion sociale, d’accompagner toute initiative juste, d’adhérer à toute bonne gouvernance.



Comment appréciez-vous la gestion de la commune de Dori par le maire actuel?



Le mot gestion, pour moi, veut dire manager, diriger des hommes ou des projets. N’étant pas personnellement conseiller municipal, je ne participe pas à la gestion de la commune de Dori. Je n’ai pas eu vent de problèmes de gestion de cette commune.L’Emir que je suis, attache une grande importance à l’union des actions et à la paix des cœurs pour le bonheur de la commune de Dori. Je n’ai pas d’engagements politiques partisans.



Quel rapport entreteniez-vous avec le défunt Arba Diallo ?



Des rapports familiaux. Il était mon oncle, en même temps mon beau-père.

En tant qu’Emir, quelle peut-être votre contribution dans la lutte contre le terrorisme ?



En tant qu’Emir, mon rôle est de contribuer au renforcement de la paix et de la cohésion sociale dans le royaume du Liptako, par la sensibilisation et l’éducation.

En tant qu’Emir, je suis garant de la tradition et porteur des valeurs ancestrales. De ce fait, je participe à tous les cadres de réflexion sur les mécanismes endogènes de prévention et de gestion des conflits pour la paix et la cohésion sociale du Liptako en particulier et de notre Nation en général.

En tant qu’Emir, je fais de la sensibilisation pour réduire la charge du discours de la haine en direction des jeunes, pour favoriser plutôt un discours de tolérance et d’une coexistence intra et interreligieuse, intergénérationnelle et interculturelle pacifique.

En tant qu’Emir, je travaille à la déconstruction des discours de radicalisation des jeunes dans les lieux de prêche.

En tant qu’Emir, j’entreprends un dialogue intra religieux, interculturel et intergénérationnel.

En tant qu’Emir, je propose des réponses endogènes pour lutter contre toutes les formes de haine et d’extrémiste.

En tant qu’Emir, je fais en sorte que si une personne ne peut arranger, qu’elle ne détruise pas.

On peut faire le constat que depuis que le Burkina est dans l’œil du cyclone terroriste, Dori qui est pourtant la capitale du Sahel, est épargnée. Comment expliquez-vous cela ?



Grâce à la protection divine. Nous prions tous les jours pour que la main de Dieu nous protège. Nous n’avons rien de particulier que d’être des hommes et des femmes de Dieu qui nous donne cette protection. Je suis musulman pratiquant, comme tout le monde au Liptako et tous les habitants au Sahel. Il y a cette particularité cependant. Le cyclone est parti de l’Algérie vers la Libye qui, après son démantèlement, a vu la prolifération des hommes armés vers le Sud. Le Tchad, contrairement aux autres pays, a su protéger sa frontière. Comme tout cyclone s’établit autour de zones de basses pressions (pour ne pas dire de basse résistance), il a préféré pénétrer des régions où cette résistance est moindre. L’œil du cyclone a longtemps, malheureusement, tourné autour des pays qui partagent plusieurs milliers kilomètres de frontières avec le Sahel burkinabè, surtout dans la province du Soum qui est constituée des départements de Baraboulé, Djibo et Tongomayel. Entre le Soum et Dori, il y a l’Oudalan (si vous voulez Gorom Gorom) et plus à l’Est, il y a le Yagha qui a une frontière avec le Niger. Vous qui parlez d’œil de cyclone, savez-vous pourquoi la zone située à son centre, appelée «l’œil du cyclone», est toujours épargnée par la tempête ? Puisse le Bon Dieu épargner tout le monde du terrorisme qui n’est ni l’apanage du Sahel, ni propre à la religion musulmane qui est une religion de paix et de tolérance.



Certains expliquent, entre autres, la dégradation du contexte sécuritaire à Djibo par le fait que l’Emir de ladite localité est contesté. Etes-vous de cet avis ?



Non, je ne suis pas de cet avis. D’abord, parce qu’en tant que chef, je n’ai pas à porter de jugement sur mes pairs. Nous avons vu, dans la réponse à la question précédente, qu’il n’est point question d’individus, mais de proximité géographique et de porosité des frontières, qui font de la région, une source d’instabilité, de criminalité et de terrorisme. On pourrait expliquer les attaques répétées par une explosion démographique et les conditions de vie précaires des populations de la région du Sahel.

Quel rapport entretenez-vous avec lui?



C’est un frère et un pair. Nous avons les mêmes responsabilités, mais dans des espaces différents.

Tous les Emirs du Sahel ont des liens familiaux, sinon historiques, avant même l’arrivée du colon. Plus précisément, nous agissons ensemble avec les autres Emirs, Chefs de cantons et Chefs des villages du Sahel dans un cadre de concertation qui est une initiative que nous les garants de la tradition, des us et coutumes dans la région du Sahel, avons mise en place afin de nous retrouver ensemble pour rechercher des solutions aux difficultés auxquelles le Sahel du Burkina est confronté. La fonction de ce cadre, de nos jours formalisé officiellement, est de se concerter afin d’agir avec les moyens endogènes de dialogue pour le règlement de conflits, de dialogue de paix et de cohésion face au climat d’insécurité que nous vivons. Aussi entendons-nous mener des réflexions avec les religieux afin de réduire la charge du discours de la haine dans les lieux de prêches.

D’autres estiment que la fréquence des attaques à Djibo résulte du fait que cette zone est géographiquement proche de la frontière avec le Mali. Qu’en dites-vous ?



La désagrégation de la Libye a été le principal facteur qui a permis aux groupes terroristes de se procurer des armes, de recruter des combattants et de déstabiliser le Mali qui partage une longue frontière avec notre pays au niveau de la province du Soum. La porosité des frontières dans cette partie de la région et les liens familiaux qui permettent de passer aisément d’un pays à l’autre, ont facilité l’entrée de ceux-là même qui véhiculent les idéologies fanatiques qui séduisent les jeunes qui commettent des actes irréparables.



Connaissez-vous Malam Dicko? Comment expliquez-vous sa radicalisation ?



Non, je ne le connais pas pour ne l’avoir jamais vu, jamais rencontré. Comme tout le monde, j’ai lu son parcours et j’en déduis qu’il a trouvé un terrain fertile à cause du manque de dialogue inter-religieux, inter-générationnel et inter- communautaire dans sa zone. A cause de cela, ses prêches ont eu des adhérents.



Le gouvernement a mis en place le plan d’urgence pour le Sahel. Comment appréciez-vous cette initiative ? Est-ce que des réalisations concrètes ont été déjà faites dans le Sahel dans ce cadre ?



Lors d’une rencontre avec les chefs coutumiers du Sahel, le ministre d’Etat nous a fait prendre connaissance du Programme d’urgence adopté pour le Sahel (PUS), lequel consiste essentiellement en la réalisation de projets structurants pour l’amélioration de la sécurité des personnes et des biens, des conditions de vie des populations et le développement économique et social dans la région du Sahel.

Le programme comporte quatre (04) composantes : «socio-économique», «gouvernance administrative et locale», «sécurité et défense publiques», «gestion du programme et appui institutionnel».

Notre avis est que, s’agissant du développement du Sahel, il y a eu un gap d’environ 50 ans et nous avons peu de temps pour le rattraper, à cause de ce qui nous menace. Les conséquences sont déjà malheureusement visibles.

Cependant, nous nous réjouissons qu’après ce gap de 50 ans, le Sahel soit enfin pris en compte. Il est fondamental que ce programme s’oriente prioritairement vers un certain nombre de composantes. Pour la composante «sécurité et défense publiques», c’est d’assurer la sécurisation de nos frontières en réduisant leur porosité. Pour la composante «gouvernance administrative et locale», cela doit consister au désenclavement routier, téléphonique et dans une certaine mesure, numérique. Quant à la composante «gestion du programme et appui institutionnel», elle doit se focaliser sur le développement durable à travers la réalisation d’infrastructures de base: écoles, structures de santé, d’électrification et hydrauliques. Et enfin, pour la composante «socio-économique», on doit tenir compte de la promotion d’activités génératrices d’emplois stables.

De meilleurs rapports de collaboration entre forces de l’ordre, administration et la population locale.

Avec ces réalisations, vous verrez que c’est la population elle-même qui va se dresser contre le terrorisme.

Pour ce qui des réalisations, nous avons eu droit à des séances de restitution des réalisations, de la période du mois de juillet 2017 à novembre 2017 dans le Sahel. De quoi s’agit-il ?

« Sur le plan des infrastructures et de l’économie numérique, des réalisations ont été faites pour régler les questions liées à la communication téléphonique. Des forages ont été réalisés et la route Djibo-Baraboulé a été refaite. Aussi, des commissariats de police ont été reconstruits et sécurisés, à l’instar de celui de Tongomael et de celui de Baraboulé ». « Construction de deux commissariats, de Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), de forages, d’adduction d’eau potable simplifiée et la réalisation de plus de 80 hectares de périmètres maraîchers, sont, entre autres, les infrastructures déjà réalisées au titre de l’année 2017 ».La population est de plus en plus consciente des promesses qui lui sont faites et de la visibilité quantitative et qualitative des infrastructures réalisées. Ainsi, nous ne pouvons que conseiller à l’Exécutif de faire ce qu’il dit et de dire ce qu’il fait. L’époque des vaines promesses pour plaire est révolue.

Selon vous, quel peut être le rôle des communautés dans la lutte contre le terrorisme ?

Si je comprends, il s’agit des communautés du Sahel: de ses hommes, ses femmes, sa jeunesse, ses OSC… C’est par l’appropriation de son destin que la communauté de la région du Sahel arrivera à bout de ses problèmes. Quand on a le sentiment d’être un citoyen de seconde zone dans son propre pays, il est impossible de se sentir concerné. Alors, on vit en évitant les problèmes. Il faut que les OSC intensifient les actions de sensibilisation, d’éducation et de promotion du développement pour faire obstacle à l’idéologie radicale. Avant d’être une menace sécuritaire, le phénomène est d’abord un discours de haine, un assemblage de mots qui mènent à une mauvaise perception de la vie chez les jeunes qui ont déjà un sentiment d’injustice, qui se sentent marginalisés et qui vivent dans la précarité. Au message de la haine et de la division véhiculé par les uns, il faut opposer un message de tolérance, de paix, de cohésion et de promotion des valeurs humaines. Cela revient à faire de la sensibilisation, de l’éducation et de la formation de la jeunesse, des femmes pour déceler les prêches extrémistes.



Pensez-vous que le Burkina Faso peut sortir de sitôt de l’état d’insécurité dans lequel il se trouve ? A quel prix ?



Les racines profondes de l’insécurité sont la pauvreté, le chômage, la marginalisation et l’injustice entre les individus et les régions. Une population qui vit dans la misère est fragilisée et succombe facilement aux promesses du radicalisme religieux. Elle bascule facilement dans le terrorisme et l’extrémisme. L’insécurité est une des manifestations du terrorisme. Ces situations n’excusent, en aucun cas, les actions des terroristes, mais contribuent à comprendre les causes. Pour sortir de la situation d’insécurité, il faut un peu de tout ; beaucoup de prières venant de toutes les communautés religieuses du pays. Les coutumiers, en tant que repères sociaux et garants des valeurs humaines fondamentales dont l’influence sociale en faveur de la paix est acceptée tant au niveau des villages qu’au niveau national, doivent aussi s’y mettre. Il faut aussi s’attaquer aux causes en luttant contre le chômage et la pauvreté chez les jeunes et les femmes, en mettant rapidement en place un programme de développement de la région. Il y a déjà un plan de développement PUS. Il s’agira de l’opérationnaliser très rapidement, pour que ses effets puissent être ressentis jusqu’à la population à la base. En plus, il faut sécuriser les frontières, désenclaver la région par la réalisation d’infrastructures routières, hydrauliques, sanitaires et scolaires. Pour finir, il faut un mélange de diplomatie et du militaire pour accompagner le tout. Mais la mise en œuvre de ces mesures nécessite beaucoup de temps et énormément d’argent. Si on n’y prend garde, les résultats espérés peuvent être longs à venir, alors que la population du Sahel est impatiente de retrouver sa dignité. Entre-temps, le terrorisme s’organise, avance, devient de plus en plus performant et continue ses méfaits. Il faut absolument éviter qu’un sentiment d’anxiété ou de peur devant ce qui peut advenir, s’incruste dans le cœur de la collectivité. Lorsqu’il est difficile de dormir, de travailler, il est globalement impossible de fonctionner. Enfin, il est important de rappeler que la lutte contre l’insécurité ne doit pas restreindre ou porter atteinte aux libertés fondamentales de la population de la région du Sahel. Pour cela, il faut une franche collaboration entre les forces de défense et cette population.

Propos recueillis par Françoise DEMBELE



Carte de visite

« Avant de succéder à mon père comme Emir du Liptako le 30 juin 2011, avant d’être membre du Conseil supérieur de la Chefferie coutumière traditionnelle du Burkina Faso et avant d’être choisi par mes pairs du Sahel comme président du Conseil régional de la Chefferie coutumière et traditionnelle du Sahel (CRCCT/S), après mon Certificat d’Etudes Primaires à Dori, j’ai fait le reste de mes études (Lycée et Université) au Canada (1977-2000) où j’ai ensuite travaillé de 1996 à 2009 dans le domaine de la santé. D’abord comme assistant de recherche (avec des publications à mon actif), puis comme microbiologiste et gestionnaire, directeur de projets internationaux et enfin comme directeur général Export de plusieurs firmes de fabrication pharmaceutiques canadiennes. Cela m’a donné l’occasion d’être le fournisseur de plusieurs Centrales d’achat de médicaments en Afrique de l’Ouest (dont la CAMEG du Burkina), en Afrique Centrale et de l’Est, et de certains grands projets de lutte contre les endémies des ministères de la Santé en Afrique depuis 1997.En termes de parcours politique actif, je n’en ai pas personnellement. Cependant, j’ai accompagné des hommes qui avaient des idées de développement du pays, qui correspondaient aux miennes. »
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