Il se faisait passer pour un responsable d’une société minière et passait des commandes fictives auprès de prestataires de services tels que les restaurants, les compagnies de transport ou encore les unités de production d’eau minérale ou de jus. Ses victimes, qui se comptent par dizaines, ont fini par faire de lui l’homme le plus recherché du Burkina. Arrêté à Ouagadougou par la gendarmerie de Boulmiougou, cet escroc hors pair a été présenté hier à la presse par le service régional de la police judiciaire des Hauts-Bassins.
Il était probablement l’homme le plus recherché du Burkina au regard des nombreuses plaintes qui continuent de s’accumuler sur les bureaux de brigades de gendarmerie et de commissariats de police. Même après son arrestation, son téléphone, qui est sous contrôle policier, n’arrête pas de sonner. Des prestataires de services qui auraient reçu des commandes et qui certainement voudraient en savoir davantage sur la suite à donner à cette affaire qui a déjà engendré des surcoûts.
Mais ils tomberont des nues en apprenant que leur client, qui se fait passer pour un représentant d’une société minière, n’est en réalité qu’un escroc. Ainsi donc autant les appels se multiplient à la police, autant les charges s’amoncellent contre cet individu âgé seulement de trente-cinq ans.
Mais comment cet escroc arrivait-il à truander ses victimes ? Son mode opératoire, selon le commissaire Sayibou Galbané du SRPJ, consistait d’abord à se présenter comme un représentant d’une société minière, et il passait une commande. Ce fut récemment le cas dans un restaurant à Bobo-Dioulasso où cet escroc est arrivé pour une demande de prestation de services (restauration) destinée à une cinquantaine de personnes et ce, pendant un certain nombre de jours.
Une aubaine pour le propriétaire du restaurant qui était loin de s’imaginer qu’il était en train de s’engager dans une aventure périlleuse. La suite est tout simplement cauchemardesque pour lui. Le commissaire Galbané raconte : « Il exige la composition d’un dossier dont un certain nombre de documents sont fournis par le bureau des mines sis à Ouagadougou et vu l’urgence, il réfère ses victimes à une adresse qui facilitera l’acquisition des documents exigés ; mais en réalité, c’est une de ses propres adresses et dès que les victimes appellent, c’est encore lui qui décroche en changeant de voix.
Il exigeait une somme d’argent pour l’établissement à chaque étape de la constitution du dossier. Ensuite, la victime était invitée à prendre contact au téléphone avec le responsable, lequel n’était autre que lui-même, pour le paiement… A l’issue de toutes ces étapes, la victime est encore spoliée via les transferts électroniques.» Des restaurants, des compagnies de transport, des unités de production d’eau minérale et autres ont fait les frais de cet arnaqueur.
Le hic est que certains prestataires de services se sont endettés afin de satisfaire la demande de leur faux client. Une société de production d’eau minérale se retrouve aujourd’hui avec un stock d’une valeur de plus de 18 millions de francs CFA suite à une commande fictive. Des restaurateurs également ont engagé des frais pour la location de chaises et de tables ; et tout ça pour rien. Arrêté par la police le mois dernier, cet escroc, selon le commissaire, a reconnu les faits qui lui sont reprochés.
Pouvait-il d’ailleurs en être autrement vu que ses victimes, lorsqu’elles tentent de le joindre, se retrouvent à communiquer directement avec la police pour s’entendre dire qu’elles avaient affaire à un escroc ?
Le préjudice subi par les victimes, dont la liste ne cesse de s’allonger, se chiffrerait à plusieurs dizaines de millions de francs CFA. Ce point de presse dans les locaux du SRPJ des Hauts-Bassins a pris fin par la présentation de deux faussaires de nationalités étrangères. Venus de Libye, ils auraient transité par la Tunisie, où ils avaient été incarcérés pour escroquerie. Ils ont été arrêtés à Bobo-Dioulasso pour des cas de falsification de billets de banque.