Elle s’en est allée après des mois de lutte avec la maladie, laissant ainsi orphelin l’Afrique du Sud. Winnie Mandela, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a tiré sa révérence, hier, 2 avril 2018, dans un hôpital de Johannesburg, et ce, à l’âge de 81 ans. Pourtant, il y a quelques semaines seulement, on la voyait tout sourire, mais visiblement très fatiguée aux côtés de Cyril Ramaphosa qu’elle a d’ailleurs soutenu dans la course pour la direction de l’ANC. Pour rappel, en dépit du poids de l’âge, Winnie Mandela que d’aucuns appelaient affectueusement la « mère de la Nation », était restée très affluente sur la scène politique sud-africaine, tant elle disposait toujours de soutiens, en l’occurrence Julius Malema connu pour ses sorties tonitruantes. En tout cas, avec le décès de Winnie Mandela, l’Afrique du sud perd un « symbole majeur » surtout quand on sait que celle qui a vu le jour le 26 septembre 1936 dans le Cap oriental, était devenue l’égérie de la lutte contre l’apartheid. Ni la prison, ni les intimidations de tout genre n’avaient réussi à émousser l’engagement et la détermination de celle que l’ANC, et partant toute l’Afrique du sud, pleure aujourd’hui. On se rappelle encore les sorties parfois très virulentes de Winnie Mandela envers son propre parti qu’elle accusait de « trahison ». C’était au moment où Jacob Zuma, encore président de la République, avait multiplié les frasques et les scandales. Cela dit, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, Winnie Mandela n’avait pas que des qualités. Elle était aussi une figure très controversée. Adepte de la violence, c’est elle qui, en 1986, appelait à libérer l’Afrique du Sud avec des allumettes, en référence au supplice du « collier » consistant à enflammer un pneu placé autour du cou. Ses discours violents et haineux sur fond d’accusations de meurtres contre ses gardes du corps, avaient fini par l’éloigner de son défunt époux Nelson Mandela, le qui elle a divorcé en 1996 et ce, après quatre ans de séparation. Et ce n’est pas tout. Winnie Mandela a été reconnue coupable de complicité dans l’enlèvement de quatre jeunes dont un, dit-on, avait été trucidé par sa garde rapprochée. C’était en 1991, soit au moment où celle-ci était la première dame de l’Afrique du sud. Intraitable et irréductible, Winnie Mandela a été démise de ses fonctions de vice-ministre de la Culture où elle n’aura séjourné qu’un an maximum.
Mais comme des morts, on ne dit que du bien, on comprend pourquoi dès l’annonce de son décès, des messages laudateurs ont commencé à fuser de partout. On retient à titre d’exemple l’hommage rendu à Winnie Mandela par un de ses anciens compagnons de lutte, en l’occurrence Desmond Tutu. « Elle a refusé de céder face à l’incarcération de son mari, le harcèlement perpétuel de sa famille par les forces de sécurité, les détentions, les interdictions et son bannissement. Son attitude de défi m’a profondément inspiré ainsi que des générations de militants », a déclaré l’archevêque anglican dans un communiqué rendu public, hier 2 avril 2018.