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Mutations N° 34 du

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Le médiateur Blaise ou la chaussure du cordonnier
Publié le lundi 5 aout 2013   |  Mutations


Coopération:
© présidence CI par DR (Photo d`archive)
Coopération: arrivée du Président, Blaise Compaoré à Yamoussoukro
Lundi 29 juillet 2013. Le Chef de l`Etat, Blaise Compaoré est arrivé à Yamoussoukro où il a été accueilli par son homologue ivoirien, Alassane Ouattara


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« Nous allons modifier l’article 37. Et alors ?» Ce message empreint d’insolence était fort remarquable à la marche du 6 juillet dernier organisée par le CDP pour « la paix et la démocratie.» Il était imprimé sur des affiches avec le logo du parti au pouvoir. Ces affiches étaient apposées sur les arbres qui longeaient l’itinéraire de la marche à Ouaga et à Bobo. Comme on le constate, il se distingue par son caractère provocateur. Même si le débat sur la paternité, la pertinence et l’opportunité de ces messages se poursuit au sein du parti présidentiel, il reste qu’il a dévoilé au grand jour les projets de certaines officines politiques à l’intérieur du système.

Pourtant,les événements de l’histoire quels qu’ils soient incarnent de la pédagogie. Soit ils véhiculent de mauvais exemples à bannir, soit ils incarnent de bonnes pratiques à promouvoir. Et chaque entité (société ou individu) est appelée à tirer le meilleur parti de chaque expérience pour orienter sa destinée. Le Burkina Faso qui est devenu par la force des choses la plaque tournante des médiations sur les conflits de la sous-région devrait être suffisamment instruit pour éviter les erreurs qui ont conduit les autres pays au chaos. Mais en observant les agissements de certains acteurs de la classe politique, on se demande s’il n’y a pas une volonté manifeste d’instaurer la violence et la chienlit dans ce pays. Aujourd’hui, le vocabulaire politique est axé sur le sénat et l’article 37. La controverse que ces deux sujets suscitent rend très délicate la manipulation des termes. Et venir bomber le torse pour appeler à la modification de l’article 37 de la constitution qui limite les mandats présidentiels ne relève pas seulement de l’arrogance mais du mépris vis-à-vis d’un peuple qui depuis deux décennies, subit le charcutage et le tripatouillage de sa loi fondamentale au profit d’un clan. Comme si les drames n’arrivent jamais qu’aux autres, les tenants du régime en place qui sont visiblement à court d’idées et de vision sont en train d’attiser les braises de la haine et de la division tout en faisant croire qu’ils prônent la paix.

Ceux qui appellent à sauter le verrou de l’article 37 ont des visées monarchiques et ces projets doivent être combattus. En effet, quel peuple sensé va-t-il laisser un clan confisquer indéfiniment son destin et compromettre l’avenir des générations futures par une présidence à vie et une patrimonialisation du pouvoir? Les pays en conflit qui ont sollicité l’expertise du président Compaoré pour éteindre leur feu avaient fait l’impasse sur certaines questions telle la qualité de la gouvernance et de la démocratie. Dans la plupart des cas, les dirigeants n’ont pas voulu écouter la voix de la raison. Certains, à l’image de Mamadou Tandja avaient même tenté un forcing pour s’éterniser au pouvoir en rusant avec la loi fondamentale. A la chute de Tandja en 2010, le président Compaoré avait confié à ses pairs qu’il lui avait fait savoir qu’il fonçait droit dans le mur. Aujourd’hui, à deux ans de la fin de son quatrième mandat, les burkinabé n’ont pas encore une nette lisibilité des intentions et des ambitions du président Compaoré. Comme « le cordonnier qui est mal chaussé », peu de gens peuvent identifier vers quoi notre président fonce et s’il le fera seul ou avec nous.

Cette culture du flou et de la confusion engendre le désordre dans la conduite des affaires de l’Etat et ouvre la voie à des aventures de toute nature. Les partisans de la modification de l’article 37 ont certainement peaufiné le scénario de leur cinéma. Le metteur en scène est déjà connu : Francois Compaoré. Il a dévoilé un bout du synopsis lors de la dernière marche en fustigeant le blocage de l’article 37 qui doit en principe contraindre son frère de président à quitter ne serait-ce que momentanément- les affaires en 2015. La grande inconnue reste incontestablement le plateau de tournage. Il est pourtant temps de capitaliser les acquis des médiations et savoir lire les signes de l’Histoire. Cela nous épargnera beaucoup de préjudices et de médiations.

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