Le gouvernement burkinabè a mis en garde mardi la population contre la prolifération des initiatives locales de sécurité dans un contexte marqué par la fragilité du système sécuritaire du pays.
"Il nous a été donné de constater qu'une multitude de structures d'origines diverses s'arrogent des prérogatives de sécurité en violation des lois et règlements en vigueur au Burkina Faso", lit-on dans un communiqué conjoint des ministères de la Sécurité et de l'Administration.
Le communiqué rappelle que "seules les initiatives ou structures créées et reconnues" peuvent intervenir dans le cadre de la mise en œuvre de la police de proximité et doivent "exercer des activités en lien avec la sécurité des personnes et des biens et ce, en collaboration avec les forces de défense et de sécurité".
Par conséquent, insiste le texte, "tout regroupement de personnes, qu'il soit communautaire ou associatif, ne peut mener d'activités de sécurisation sur le territoire national sans avoir été préalablement habilité par les autorités compétentes".
Aussi les ministres "voudraient-ils informer les populations que toutes les initiatives non à jour vis-à-vis des dispositions de la loi ci-dessus citée sont formellement interdites et que leurs responsables et membres s'exposent aux sanctions tant administratives que judiciaires prévues par les textes en vigueur".
Cette mise en garde des autorités intervient quelques jours après des informations faisant état de la création d'un groupe d'autodéfense dénommé "Sécurité islamique" à Pouytenga, localité située à 200 km environ à l'est de Ouagadougou.
Lundi, le ministère burkinabè de la Sécurité a déclaré avoir lancé des investigations approfondies avant de "rassurer l'opinion que ses services suivent de près l'évolution de la situation et que des instructions fermes ont déjà été données aux structures compétentes en la matière pour investigation profonde et mesures éventuelles à prendre".
Une vidéo publiée de cette milice en tenue militaire kaki avec des bérets bleus lors d'une manifestation est très vite devenue virale sur les réseaux sociaux.
Pour les initiateurs du groupe, il s'agit de jeunes musulmans qui se sont organisés pour assurer la sécurité uniquement lors des activités islamiques, notamment les prêches.
Plusieurs internautes ont appelé les autorités à prendre des mesures répressives contre ce groupe, alors que d'autres pointent du doigt le laxisme de l'Etat qui n'a pas pu empêcher la création du groupe d'autodéfense Kogleweogo, qui a recours à des méthodes telles que la torture sur les voleurs présumés.
Depuis 2015, le Burkina Faso a été victime d'une vague d'attaques terroristes sur l'ensemble de son territoire, faisant de nombreux morts.
La capitale Ouagadougou en a connu trois en moins de trois ans, dont la dernière, remontant au vendredi 2 mars 2018, a fait huit morts parmi les forces de sécurité burkinabè. Huit assaillants ont été abattus.