Dans les activités marquant la célébration du 50e anniversaire de la Télévision nationale du Burkina, une série de conférences publiques avec des thèmes variés figure au Programme. Aussi les hommes de médias, les étudiants en journalisme et un public intéressé ont-ils pris part dans la matinée du 30 juillet dernier à une conférence publique sur le thème : « Médias publics et démocratie au Burkina Faso : rôle et responsabilités de la télévision publique dans l’implication citoyenne ».
Le conférencier, le Dr. Mahamoudou Ouédraogo, journaliste et conseiller à la Présidence du Faso, a livré une brillante communication qui va faire école au sein de la nouvelle génération montante de journalistes burkinabè.
Entouré de Mme Béatrice Damiba, présidente du Conseil supérieur de la communication (modératrice de la conférence) et de M. Adama Barro, secrétaire général du ministère de la Communication, le conférencier dans un style méthodique et pédagogique a décliné le thème sur trois points essentiels à savoir ce que serait une société où il existe :
Primo : les médias sans la démocratie et la démocratie sans les médias. Secundo : les médias publics dans la démocratie burkinabè et enfin Tertio : la responsabilité sociale du journaliste.
De prime à bord, on peut retenir que quelle que soit la forme de la société dans laquelle on vit (libérale ou communiste) les Etats ont toujours la même conception de l’importance des médias à savoir que la presse joue un rôle catalyseur dans l’éducation et l’éveil des consciences des citoyens.
Lénine va jusqu’à qualifier la presse comme étant « le squelette qui aide la société à se tenir débout ». Donc historiquement les libéraux comme les communistes ont toujours eu une vision positive de la presse a fait remarquer le Dr Mahamoudou Ouédraogo.
Ainsi, de tout temps, les médias ont toujours été inféodés à la politique. C’est ainsi que dans la société communiste, la presse est perçue comme un pouvoir susceptible de renverser le système en place. Raison pour laquelle il n’existe pratiquement pas de presse privée dans les régimes communistes et la presse devient de facto le miroir du pouvoir en place.
De même là où il y a démocratie sans médias libres, il n’y a pas de participation citoyenne. Car la force de la démocratie rime avec le pouvoir des médias d’où sa classification de 4e pouvoir (l’expression n’est pas exagérée car les médias agissent à la fois sur l’opinion publique et le monde politique).
Qu’en est-il des médias publics dans la démocratie burkinabè ?
Le conférencier a fait savoir qu’au Burkina Faso, les médias publics et pour ce qui est de la presse orale, ont une existence antérieure à la presse privée. Les missions assignées aux médias publics burkinabè ont subi des mutations pour finalement s’adapter aux différentes époques de l’évolution de l’histoire du pays.
Ainsi jusqu’en 1983, trois missions étaient assignées aux médias publics à savoir : informer, éduquer et distraire. Pendant la période révolutionnaire, une nouvelle orientation s’est imposée aux médias publics en ce sens qu’ils devraient jouer au-delà des trois missions précédentes un rôle de sensibilisation, mobilisation et de conscientisation.
Sur le plan économique, les médias devraient s’impliquer dans le développement du pays en mettant l’accent sur la sensibilisation du public à produire et consommer burkinabè, de même que la nécessité d’être les acteurs de notre propre développement sur le chantier de la bataille du rail.
De nos jours, avec la floraison des médias, une concurrence s’est s’installée non seulement entre les médias publics, mais aussi entre les médias publics et ceux du privé et les médias privés entre eux. Malgré tout, cela n’a pas empêché l’employeur de rester le décideur.
Il en est ainsi partout à travers le monde, si bien qu’aucun média ne déroge à cette règle, martèle le Dr. Mahamoudou Ouédraogo. Et en la matière la clause de conscience ne peut être exhibée par le journaliste que seulement lorsqu’il y a changement de ligne éditoriale.
Et le conférencier d’attirer l’attention sur la responsabilité sociale du journaliste qui demeure la valeur cardinale de la profession, tout en affirmant que : « La responsabilité n’est pas une entrave à la liberté ». Et l’Etat est dans sa mission d’intervenir si besoin en était pour éviter l’éclosion des médias de la haine qui peuvent mettre la société en péril.
Quant à la Télévision nationale du Burkina, sa responsabilité sociale doit être davantage mise en exergue. Pour conclure le conférencier a invité les journalistes à se former de façon permanente, afin de pouvoir s’adapter aux exigences de l’évolution de la pratique journalistique.
Car dit-il, on peut avoir l’ancienneté sans l’expérience, en se sens que l’expérience s’acquiert dans l’application des connaissances reçues et la responsabilité.