L'audience du procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso a une nouvelle fois été suspendue cette fois jusqu'au 26 mars, pour permettre au tribunal notamment de statuer sur une demande de récusation des magistrats, a constaté un journaliste de l'AFP.
Entamé le 27 février, le procès va de suspension en suspension et n'a toujours pas commencé à examiner le fond du dossier.
"L'audience est suspendue et reprendra lundi 26 mars à 8h30", a déclaré le président du tribunal Seydou Ouédraogo.
A la reprise du procès, le juge entendait statuer sur les demandes d'exception et les préalables produits par la défense depuis l'ouverture du procès le 27 mars, ce qu'ont refusé les avocats qui exigent que le tribunal se prononce d'abord sur leur demande de récusation.
"Nous avons eu des motifs de récusation des membres du tribunal, nous estimons qu'à partir de cet instant, le tribunal devait se prononcer préalablement sur les motifs soulevés par la défense", a déclaré Me Rodrigue Bayala, un des avocats de la défense.
"Nous ne sommes pas venus dans ce procès pour jouer au blocage, au sabotage, nous sommes venus pour que le procès avance parce que le peuple burkinabè attend beaucoup de ce procès pour savoir ce qui s'est réellement passé", a assuré Me Bayala,
"Nous refusons que des personnes, qui sont accusés de faits très graves, estiment être en position de force de prendre des juridictions en otage", a déclaré de son côté Me Prosper Farama, un avocat de la partie civile.
Mercredi, à la reprise du procès Me Christophe Birba, un des avocats de Gilbert Diendéré avait introduit une demande de récusation du président du tribunal Seydou Ouédraogo, aux motifs qu'il a déjà travaillé sur ce dossier en 2016.
Au total, 84 accusés sont jugés dans cette affaire, dont les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, cerveaux présumés du coup d'État manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés.
Le 16 septembre 2015, des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Le RSP était la garde prétorienne de Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.
Le général Diendéré, qui avait pris la tête du coup d'Etat, et les autres personnes poursuivies sont accusés d'attentat à la sûreté de l'État, meurtres, coups et blessures volontaires.
Le général Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de l'ex-président Blaise Compaoré, est poursuivi pour "trahison" sur la base de l'enregistrement d'une conversation téléphonique qu'il aurait eue avec le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans laquelle celui-ci semble affirmer son soutien au putsch de septembre 2015.