Ouagadougou -Trois avocats de la défense dans le procès du coup d’Etat manqué de septembre 2015, ont soulevé ce lundi, au cours d’une conférence de presse, l’irrégularité des juges membres du tribunal devant lequel sont appelés à comparaitre leurs clients.
«Aucun magistrat ne peut être nommé par décret du pouvoir exécutif. L’article 134 de la constitution est très clair sur cela. C’est une décision du conseil supérieur de la magistrature», a déclaré Christophe Birba devant un parterre de journaliste de la presse nationale et internationale.
De son côté, Mathieu Somé renchérit que « l’avis du conseil supérieur de la magistrature n’a pas été demandé de sorte que ce sont des juges choisis comme cela par l’exécutif».
Selon lui, il s’agit ni plus ni moins d’ «une immixtion» qui viole la «séparation des pouvoirs» et qui mérite d’être sue par «l’opinion publique».
Cette conférence de presse s’est tenue à 48 heures de la réouverture du procès du putsch manqué de septembre 2015.
Ouvert la première fois le 27 février dernier, le procès avait été suspendu quelques heures après, à cause du retrait des avocats de la défense, qui remettaient en cause la non entrée en vigueur du décret de nomination du président du tribunal Seydou Ouédraogo.
Ils avaient aussi récusé la chambre de jugement du tribunal militaire de Ouagadougou devant laquelle leurs clients avaient comparu en affirmant par la voix de Me Mathieu Somé, l’inexistence de cette chambre qui avait été remplacée par la chambre de 1ere Instance dans la nouvelle loi.
A 48 heures de la réouverture du procès, ces éléments selon les dires des avocats de la défense n’ont pas été résolus.
Pour attester de leur volonté de voir le déroulement du procès afin que leurs clients puissent s’expliquer, les avocats disent avoir « saisi le bâtonnier pour que celui-ci prenne attache avec les personnes chargées de régulariser la situation afin que le 21 mars, nous puissions tenir une audience normale».
«Nous avons pris les dispositions pour éviter qu’on dise que nous ne faisons que du dilatoire alors que ce n’est pas le cas. Nos clients veulent bien s’expliquer. Ils veulent que le peuple burkinabè sache ce qui s’est passé le 16 septembre 2015 mais la route est pavée d’obstacles qu’il faut lever», a affirmé Christophe Birba.
Pour la levée des obstacles, Dieudonné Bonkoungou estime qu’il «faut désigner les gens comme la loi l’indique».
«Tant que les juges qui doivent siéger ne sont pas désignés suivant les règles de l’art, en respectant la constitution, nous sommes désolés de vous dire qu’il n’y aura pas d’adhésion de nos clients à cette démarche. Nous n’avons pas intérêt à ce que la justice soit bafouée».
Ils sont 84 accusés dont le général Gilbert Diendere (ancien chef d’Etat-major particulier du président déchu Blaise Compaoré) qui seront appelés à comparaitre le mercredi prochain pour répondre de la tentative de coup d’Etat contre le gouvernement de la transition (Novembre 2014-Octobre 2015) dirigé par le président Michel Kafando et son Premier ministre Yacouba Isaac Zida.