"Nous allons soulever des problèmes et demander à ce qu’ils soient réglés" (Me Christophe Birba).
Le procès du putsch manqué de septembre 2015 dont la reprise est prévue pour le 21 mars prochain pourrait encore une fois être suspendu dès sa réouverture. C’est en tout cas ce que les avocats de la Défense ont fait comprendre ce lundi 19 mars 2018 au cours d’une conférence. A leur en croire, des problèmes, non résolus, subsistent, et ils n’hésiteront pas à les soulever le jour de la reprise.
Ils avaient soulevé des exceptions le 27 février passé et ont obtenu la suspension du procès du putsch manqué. Une nouvelle date, celle du 21 mars prochain, soit dans 48 h, a été fixée pour la reprise de ce procès historique tant attendu par les Burkinabè. Mais, à en croire les avocats de la défense, (c’est d’eux qu’il s’agit), qui ont animé une conférence de presse lundi, la reprise de ce jugement pourrait une fois de plus connaître un blocage. En effet, ils entendent soulever anomalies qui n’ont pas encore été corrigées.
Selon eux, le décret de nomination de Seydou Ouédraogo le nomme président de "la chambre de jugement du Tribunal militaire" qui a été supprimée lors de la modification de la loi portant code de justice militaire, alors que leurs clients sont cités à comparaître devant "la chambre de première instance du Tribunal militaire".
Pour ce qui concerne la juridiction qui doit juger les accusés, Me Birba, le principal animateur de la rencontre, estime que "des magistrats sont nommés dans une juridiction qui n'existe plus pour juger nos clients".
C’est pourquoi, ils ont invité les autorités judiciaires à une correction diligente de cette « grossièreté » avant la reprise, sinon bonjour le retour à la case départ. D’ailleurs les conférenciers du jour pensent que ce procès dénote "de la volonté du régime de condamner les accusés vaille que vaille ". Et pourquoi ? «Le fait que le ministre de la justice Réné Bagoro soit en même temps juge et partie ». En effet, ont expliqué les avocats, le décret nommant le président de la juridiction a été signé par le ministre de la justice qui est en même temps partie civile dans le procès.
"Ce sont nos adversaires qui choisissent les juges pour nous juger", a regretté Me Birba.
Avec toutes ces irrégularités soulevées, s’achemine t-on vers un nouveau blocage ? "Nous n'avons pas l'ambition de bloquer le procès. Nous n'avons même pas les moyens de bloquer un procès" a indiqué Me Christophe Birba, avant d’exhorter simplement les autorités compétentes à prendre les dispositions nécessaires pour garantir à tous un procès équitable.