Plus de 76%. C’est par le score certes pas stalinien mais bien éloquent par lequel Vladimir Poutine vient de signer un nouveau bail de 6 ans à la tête de la Russie. En Afrique, c’est ce qu’on appelle «un coup KO», le président russe ayant reconquis son fauteuil dès le premier tour. Aucun des 7 candidats qu’il avait en face de lui, pour ne pas dire à ses côtés n’ayant jamais pu inquiéter le patron du Kremlin depuis 18 ans. Malgré une campagne électorale au minima car certain du raz-de-marée qui était en vue, le président russe avait un autre challenge, celui de la participation qui, à en croire les premiers chiffres officiels n’est pas non moins importante. S’il n’a pas atteint les 63% de la dernière élection, ce taux tourne autour des 60%, de quoi faire rougir l’opposant le plus en vue de Poutine, Alexeï Navalny qui avait appelait ses compatriotes à boycotter les urnes. Pour la petite histoire, Navalny était l’adversaire le plus sérieux, à même de donner des nuits blanches au «nouvel ancien» président et faire monter le mercure durant cette élection, mais le couperet de la justice l’avait déjà éloigné du jeu. Mais les absents ayant toujours tort, c’est en roue libre que le seul candidat véritable en course a franchi la ligne d’arrivée, même si l’opposition lui a reproché, entre autres, bien des fraudes.
Comme en Afrique! Oui, l’élection présidentielle russe présente bien des tâches noires que porte ce genre de compétition sur le continent. C’est ainsi que, pour être certains de s’éviter toute mauvaise surprise, les présidents font comme Poutine en créant toutes les misères possibles à ceux qui sont en face. Les adversaires politiques, lorsqu’ils ne sont pas purement et simplement contraints à l’exil, suivent les élections depuis les geôles d’où ils n’ont aucune chance de sortir, tant qu’ils constitueront un danger pour le pouvoir en place. Ils procèdent, avec le zèle de leurs sbires, au bourrage systématique des urnes comme l’aurait fait Poutine, à en croire son opposition qui, il faut le reconnaître a été laminée sans autre forme de procès. Toujours comme Poutine, en Afrique, les électeurs sont transportés en masse, au frais de leur champion, dans les bureaux de vote, où ils ont même souvent la facilité de voter plusieurs fois. Poutine a donc suivi les règles du jeu, comme elles s’appliquent à la plupart des élections sous les tropiques, les transformant en véritables parodies qui ne servent qu’à justifier une démocratie de façade. A la décharge des Africains, il faut reconnaître qu’ils ne sont que les élèves de cette «merdocratie» qui a ses racines dans des pays à pouvoir autoritaire, où l’alternance est la chose la moins bien partagée.... suite de l'article sur Autre presse