La nouvelle est tombée tel un couperet les premières heures d’hier dimanche 18 mars : Jean-Baptiste Natama n’est plus. Selon des témoignages de proches de sa famille, l’ancien candidat à la présidentielle de 2015 au Burkina Faso est décédé à l’âge de 54 ans au cours de la nuit du samedi 17 au dimanche 18 mars 2018 à son domicile, sis à la cité An III à Ouagadougou, sans qu’on ait eu, indiquent les mêmes sources, le temps d’alerter les secours. Samedi dans la journée, il serait parti au volant de son véhicule faire des courses et serait même allé à la messe.
La police judiciaire était hier dimanche sur les lieux où elle a ordonné l’enlèvement du corps, certainement pour des besoins d’autopsie. A l’issue de cela, la dépouille mortelle sera restituée à la famille, qui arrêtera le programme des obsèques.
Il faut signaler que Jean-Baptiste Natama était de retour des Etats-Unis depuis lundi dernier pour, dit-on, le renouvellement de son passeport diplomatique et des visas.
Selon un proche du défunt, au cours d’un entretien téléphonique il n’y a pas si longtemps, le disparu faisait part du lancement d’un mouvement citoyen de réflexion dès qu’il serait rentré de l’étranger.
Celui qui s’en est allé était diplomate, écrivain et homme politique. Né le 30 août 1964 à Léo dans la province de la Sissili, Jean-Baptiste Natama était titulaire d’un Diplôme d’études approfondies (DEA) en droit et d’un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en stratégie et diplomatie. Il intervenait régulièrement en qualité d’enseignant visiteur pour le compte des Nations unies et de l’Union africaine (UA) dans de nombreuses écoles d’Afrique et du reste du monde.
Corps habillé, il fut membre de l’Organisation militaire révolutionnaire et du Conseil national de la révolution, dirigés alors par feu Thomas Sankara. A ce titre, il a activement pris part à la révolution d’août 1983.
Ambassadeur, Jean-Baptiste Natama a surtout servi dans les pays des Grands Lacs (RDC, Rwanda et Burundi) pour le compte de l’ONU. Il a aussi été au Soudan et au Darfour en mission dans le cadre de l’UA. Jean-Baptiste Natama, qu’on appelait aussi affectueusement Toubo Tanam, a occupé en 2006 le poste de secrétaire permanent du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) et du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Il fut également directeur de cabinet de la présidente de la Commission de l’UA Nkosazana Dlamini-Zuma. En 2015, il a été candidat indépendant du Collectif Natama à la présidentielle au Burkina, soutenu par des organisations de la société civile et quelques partis politiques.
Le disparu était marié et père de trois enfants dont des jumelles. L’une d’elles, Marilyne Natama, dont L’Observateur Paalga a fait cas de l’extraordinaire cursus scolaire et universitaire dans une de ses livraisons sous la rubrique « Une Lettre pour Laye », est la première Burkinabè étudiante en économie à la prestigieuse université américaine de Yale. Elle y a brillamment décroché un master en économie internationale du développement en 2017 à 22 ans.