Les mouvements sociaux et organisations de la société civile (OSC) engagées dans la lutte pour la défense et la promotion des droits des communautés sur la terre, l’eau, les semences paysannes et les ressources naturelles se sont réunis à Makeni en Sierra Leone du 20 au 23 février 2018.
Organisées autour de la Convergence globale des luttes pour la terre et l’eau-Ouest africaine, ils ont revisité les actions menées et les résultats engrangés depuis la convergence de leurs efforts, et envisagé des perspectives pour réussir les luttes à venir.
Les participants de cette rencontre annuelle de la Convergence globale des luttes pour la terre et l’eau – ouest africaine (CGLTE-OA) venus de douze pays de l’Afrique de l’ouest anglophones et francophones ont réaffirmé leur engagement à réussir la mission que s’est fixée la Convergence au profit des communautés.
En effet, la CGLTE-OA est, selon son porte-parole Massa Koné, une synergie des mouvements et organisations du secteur rural et de défense des droits humains de la sous-région pour mener des actions collectives basées sur des analyses et propositions communes déclinées dans la déclaration et le livret vert conçu à l’origine de la Convergence.
Elle comprend 14 plateformes nationales regroupées autour d’une Coordination et une commission Communication.
Cette rencontre se tient dans un contexte marqué par une nécessité constante de renforcer la mobilisation des acteurs et des partenaires, et de défenseurs des droits des communautés, des populations africaines face à l’exploitation démesurée et anarchique des ressources dont dispose le continent.
La Coordination sous régionale ainsi que les différentes plateformes nationales (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo) ont tour à tour fait le bilan de leurs activités de 2017.
Plusieurs acquis ont été présentés parmi lesquels la mobilisation autour des idéaux et la participation aux grandes actions, la solidarité entre les organisations membres, la confirmation d’une dynamique et d’un renforcement des luttes, l’établissement de partenariats avec des organisations communautaires, et des institutions régionales, le renforcement de la communication (création du site Web, conception d’un film de caravane de mars 2016, actualisation et diffusion du livret vert et de la déclaration, …).
Cependant les défis qui demeurent, recommandent une veille permanente et soutenue dans les actions et les initiatives afin de surmonter les difficultés.
C’est pourquoi les discussions ont porté sur les futures actions. Il s’agit entre autres (i) du renforcement des capacités des plateformes nationales, (ii) et des capacités d’influence de la convergence au niveau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA), (iii) du renforcement des partenariats et de la communication, (iv) du développement des actions inter-plateformes et (v) de l’organisation de la 2eédition de la caravane.
Tout compte fait, un programme d’activités a été élaboré pour l’année 2018.
C’est le Plan stratégique 2018 de la Convergence globale des luttes pour la terre et l’eau-Ouest africaine, qui comprend les actions à mettre en œuvre au cours de cette année.
Il doit pour sa réalisation connaître l’implication aussi bien des plateformes nationales que des organisations regroupées au sein de ces plateformes.
Il comprend trois axes principaux : Axe 1. Renforcement de la visibilité de la CGLTE-OA et participation aux divers agendas, Axe 2. Influence sur les politiques/activités, Axe 3. Communication.
Selon Abass Kamara, Coordonnateur de programme à Sierra Leone Network on the Right to Food(SiLNoRF), avec la convergence, beaucoup d’activités de renforcement des capacités ont été organisées, au niveau national, régional et même international.
Il a déclaré que «Les questions de gouvernance sont très difficiles à gérer en Afrique. A cause de cela, beaucoup de violations ont lieu sur le continent. La naissance de la convergence nous permet désormais de nous réunir, réfléchir et trouver des solutions communes à nos problèmes.
(…) Nous constituons le même peuple et partageons les mêmes problèmes, les pays anglophones et francophones ; c’est seulement la colonisation européenne qui nous a construit des frontières. La nourriture que nous mangeons ici en Sierra Leone, c’est la même nourriture vous trouverez au Cameroun, qui est en Afrique centrale».
Parlant de la rencontre en Sierra Leone et l’influence de la société civile, le Coordonnateur national de SiLNoRF, Mohamed S. Conteh a affirmé :
«Nous sommes en train d’envoyer un message fort à nos dirigeants et aux décideurs. A ceux qui ont été affectés par une oppression sur leur terre, c’est également un message à leur endroit pour leur dire que leur problème est pris en compte à travers le monde et spécifiquement en Afrique. (…) Ceci est une solidarité avec ceux qui sont sérieusement affectés, et la Sierra Leone est un des pays véritablement affecté par l’exploitation injuste de nos ressources naturelles».
En effet, l’organisation de la rencontre a été confiée à cette OSC sierra léonaise. En amont de cette rencontre, le 19 février 2018 dans la même ville, les chargés de communication de la Convergence ont été formés à l’animation du site Web.
En rappel, la CGLTE-OA, est née après un forum social africain qui s’est tenu au Sénégal. Et selon Massa Koné, porte-parole de la Convergence «C’est de là-bas que le constat est fait que le combat que nous menons tourne autour de la souveraineté alimentaire. Pour être autonome et défendre notre lutte, il nous faut atteindre l’autosuffisance alimentaire. (…) notre richesse, c’est la terre et l’eau. C’est ainsi qu’il s’est avéré indispensable de se mettre ensemble, d’unir les efforts. Alors nous nous sommes réunis en juin 2015 à Bamako pour mettre en place la Convergence globale des luttes pour la terre et l’eau–Afrique de l’ouest.»
La force de la convergence c’est l’engagement individuel et collectif des mouvements et organisations de la société civile avec le soutien d’organisations non gouvernementales. C’est cet engagement qui d’ailleurs a permis la naissance de la convergence et celle, au fur et à mesure, des plateformes dans les pays de la sous-région ouest africaine.
Les pays de l’Afrique connaissent les mêmes problèmes selon les organisateurs de cette rencontre annuelle, une opinion partagée par les membres de la Convergence à l’aune même de sa création.
La vision est donc que tout le continent s’implique dans la lutte. A cette occasion le Cameroun a participé en tant qu’observateur dans l’optique d’une mise en place prochaine d’une dynamique pareille en Afrique centrale, et ainsi au fur et à mesure, toutes les régions du continent se lèveront pour soutenir et faire avancer ensemble les luttes.