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Interdiction du transport des passagers: fin de trajet pour les conducteurs de tricycles

Publié le jeudi 15 mars 2018  |  L`Observateur Paalga
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© L`Observateur Paalga par DR
Transport des passagers par les tricycles
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C’est en principe le mardi 20 mars qu’entre en vigueur la mesure d’interdiction du transport des passagers par les tricycles dans la ville de Bobo-Dioulasso. A quelques jours de cette date butoir, c’est la tristesse et la désolation aussi bien chez les conducteurs de ces véhicules à trois roues que chez la clientèle. L’interdiction du transport des passagers par les tricycles, principal moyen de déplacement de la majorité des Bobolais, va sans nul doute causer beaucoup de désagréments : d’abord aux jeunes conducteurs, qui craignent un accroissement du taux de chômage, mais également aux usagers de ce moyen de transport, qui redoutent, eux aussi, cette mesure. Mais pour les autorités, cela s’imposait pour faire respecter la loi et au regard des nombreux cas d’accident provoqués par ces engins.

« Nous ne tolérerons plus le transport des passagers par les tricycles dans la ville de Bobo-Dioulasso. » Tels étaient les propos du commissaire central de police de Bobo-Dioulasso, Oumarou Songné, au cours d’une interview qu’il nous avait accordée et parue le jeudi 22 février 2018. Du coup, le ciel semblait s’assombrir pour des centaines de jeunes qui avaient fait de cette activité leur principal gagne-pain. Est de ceux-là Abdoulaye Badini qui est, cette année, à sa septième année de transport avec son tricycle. Un des plus anciens du domaine qui nous racontera avec une certaine fierté ses débuts dans le métier en 2011. « Tout allait bien au début et on n’avait même pas le temps de nous occuper des passagers. Il y avait chaque matin d’importantes quantités de marchandises ou des colis à transporter et nous étions beaucoup sollicités par les commerçants grossistes. On faisait, au début, de très bonnes affaires avec les tricycles puisque toute la journée on était pratiquement au four et au moulin, transportant des marchandises d’un marché à un autre, d’un fournisseur à un client, d’un dépôt à un magasin, d’un quartier à un autre, etc. » Tout semble indiquer qu’à l’origine, le tricycle était destiné au transport de marchandises et cela conformément à la réglementation en vigueur en matière de circulation urbaine. Mais au fil des années, la situation a évolué et les conducteurs de tricycles ont fait fi de la réglementation pour s’intéresser davantage au transport de passager. L’une des premières raisons de cette situation serait la prolifération des tricycles. « Les conducteurs de ces engins réalisaient au départ de très bonnes affaires. Du coup, beaucoup de gens se sont intéressés à cette activité. Chaque jour de nouveaux conducteurs font ainsi leur apparition dans la circulation. Cela a contribué à saturer le marché et a amené des conducteurs à se réorienter vers le transport des passagers », a expliqué Moussa Ouédraogo.



Des cadres de l’Administration aussi



Une chose est sûre, les tricycles ont véritablement pignon sur rue à Bobo-Dioulasso. Présents de jour comme de nuit sur toutes les artères de la ville, leurs conducteurs mènent leurs activités souvent au mépris des règles élémentaires du Code de la route, si bien qu’ils sont le plus souvent pointés du doigt pour leur implication dans de nombreux accidents ou des embouteillages. Et pour bon nombre d’usagers de la route, les tricycles ne sont pas forcément les bienvenus en circulation au regard du désordre ambiant dont ils sont le plus souvent à l’origine. Et des automobilistes de s’indigner de l’arrogance et du manque de courtoisie de certains conducteurs de tricycles en circulation. La raison est toute trouvée car de l’avis de nombreux Bobolais, ces conducteurs ne sont pas les vrais propriétaires des engins. Une thèse corroborée par Moussa Ouédraogo, qui nous apprend que la grande majorité des conducteurs ne sont en réalité que des locataires de leur outil de travail avant d’ajouter : « Nous louons ces motos auprès de gens et pas n’importe qui. Il y a de nombreux responsables administratifs dans cette ville dont je préfère taire les noms et des commerçants qui disposent de tricycles en grand nombre. C’est auprès d’eux que nous les louons à raison de 3500 F, voire 4000 F/jour. Donc il y a des risques qu’on peut se permettre de prendre, car sachant que le propriétaire est un môgô puissant et qu’il n’aura aucune peine à débloquer la situation en cas de difficultés ». Avec l’application de la loi portant interdiction du transport des passagers à compter du 20 mars 2018, ce sont des centaines d’emplois qui sont menacés. Car au dire des acteurs du domaine, plusieurs milliers de jeunes chômeurs ont trouvé le salut dans la conduite des tricycles. Mahamadi Ouédraogo, un des responsables du secteur, va même plus loin en affirmant qu’aucun projet au Burkina n’a autant résorbé le chômage que la conduite des tricycles, qui occupe plus de 3000 jeunes dans la ville de Sya. Une autre précision et pas des moindres, c’est le profil de certains conducteurs. « Parmi nous, il y a d’anciens délinquants qui écumaient la zone commerciale et les gares routières. Ils sont connus des services de sécurité. Mais grâce aux tricycles, ils se sont reconvertis et mènent aujourd’hui une vie rangée. »



Les conducteurs de tricycles proposent



Le moins que l’on puisse dire est que l’avènement des tricycles a été très salutaire aux jeunes bobolais en proie au chômage. On comprend aisément leur désolation à l’annonce de la mise en application prochaine de la loi portant interdiction du transport des passagers avec ce type de véhicule. Une activité qui constitue leur principale source de revenus. Pour se faire entendre des autorités, une marche était en principe prévue par ceux-ci le jeudi 15 mars 2018 à Bobo-Dioulasso. « Les autorités nous en ont empêchés en refusant de nous délivrer une autorisation », s’est indigné Ibrahim Ky. Convaincus de leur impact sur le développement économique de la ville, les conducteurs de tricycles n’entendent pas baisser les bras, car ayant décidé d’observer un arrêt de travail à partir du 20 mars. Des solutions, selon eux, devraient être envisagées afin de leur permettre de se maintenir dans le monde de l’emploi. Il appartient donc aux autorités d’accorder une attention particulière au cri du cœur de ces « futurs chômeurs », lesquels ont d’ailleurs fait des propositions qui méritent d’être examinées. Elles concernent notamment les camions poids lourds qui inondent la zone commerciale et obstruent la circulation avec les déchargements qu’ils effectuent à longueur de journée. Pour les conducteurs de tricycles, il serait souhaitable de trouver des sites de déchargement hors de la zone commerciale afin de leur permettre de procéder à l’évacuation des marchandises et des colis vers leur destination finale. Ils dénoncent également la concurrence déloyale dont ils font l’objet de la part de commerçants grossistes, lesquels disposent de tricycles devant leur magasin pour assurer eux-mêmes la livraison des marchandises vendues aux clients à leur détriment. La dernière proposition concerne les taximen, qu’ils souhaitent voir interdits de surcharge afin de privilégier les tricycles dans le transport de matériel, de marchandises. Seront-ils entendus ? Attendons de voir.



Jonas Apollinaire Kaboré
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