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Gestion des terroirs : les bénéficiaires du PNGT2-3 réclament la pérennisation du programme

Publié le jeudi 8 mars 2018  |  FasoZine
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© FasoZine par ABEL AZONHANDE
Une vue de la berge du marigot Houet
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La troisième phase du Programme national de gestion des terroirs (PNGT-2) arrive à échéance en décembre 2018. Clef de voûte du développement durable au Burkina, le développement local a pourtant été au centre de ce programme dont la fin inquiète les bénéficiaires. De Bobo-Dioulasso à Pôa en passant par Douna dans la région des Cascades, les acteurs sont unanimes : « la décentralisation sans le développement local est une coquille vide».

5 jours durant, une quinzaine de journalistes sont allés toucher du doigt, les réalisations entrant dans le cadre du PNGT-2 phase 3. Le moins que l’on puisse dire à l’issue de ce périple, est que les élus locaux et les populations à la base souhaitent que ce programme soit reconduit. A Bobo-Dioulasso, le cours d’eau du Houet constitue l’une des principales ressources en eau de la région des Hauts-Bassins. Cependant, ces ressources sont menacées à cause de problèmes environnementaux. Pour pallier à cette situation, la protection des berges du plan d’eau par le biais d’aménagements appropriés s’est avéré nécessaire. C’est ainsi que le Conseil régional des Hauts-Bassins avec l’appui du PNGT2-3 a entrepris l’aménagement de ce cours d’eau pour un coût total de 52.665.910 FCFA.

Le marigot Houet est situé non loin du Musée communal Sogossira Sanou de Bobo-Dioulasso. Le défi actuel des autochtones, à l’image de Dinsou Thomas Dembélé, chargé de l’assainissement du marigot, est de trouver une solution durable pour la survie des silures qui y vivent. Alain Sanou, adjoint au maire de Bobo et chargé des questions culturelles, affirme d’ailleurs que «sans les silures, l’on ne parlerait pas de Bobo-Dioulasso». Egalement appelés «enfants de Dafra», les silures de la ville de Sya sont considérés comme sacrés, donc protégés. Mais le marigot souffre de l’infiltration des eaux usées et de l’insalubrité.

«Certaines personnes viennent ici pour faire des sacrifices rituels. Des bambous plantés également permettent à des tradi-praticiens de soigner notamment la fièvre typhoïde. Il faut exploiter les berges du marigot Houet pour l’écotourisme. C’est ce que le Conseil régional et le PNGT2-3 ont démontré ici», fait remarquer Alain Sanou.
Située à environ 65 km de Banfora, la commune de Sidéradougou a bénéficié également de plusieurs boutiques dont les occupants disent tous les biens et ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de ce partenariat qu’ils souhaitent tant la continuité.

Autre localité, autre réalité. Ici à Douna (localité située à une trentaine de kilomètres de Banfora), existe le groupement pâtisserie, biscuiterie des femmes de Douna. Visiblement épanouies, ces femmes boulangères et pâtissières de Douna se frottent aujourd’hui les mains. «Nous n’avions pas assez d’activités rémunératrices de revenus auparavant. Nous avons appris que les femmes peuvent être formées dans le domaine de la pâtisserie. Nous nous sommes alors confiées aux responsables de la mairie de Douna qui ont fait appel au PNGT2-3. Le programme, sans hésiter, a appuyé la mairie qui a déployé une mission pour nous former et mettre à notre disposition des fours et du matériel. Chaque membre de l’association essaie de trouver de la clientèle. Aujourd’hui, nous pouvons avoir au moins 90.000 FCFA par mois. Nous gardons une partie du bénéfice dans la caisse de l’association et nous partageons le reste entre les membres afin que chacune puisse se débrouiller dans son foyer. Ça marche bien. On arrive à aider nos maris à subvenir aux besoins de la famille et à inscrire les enfants à l’école », témoigne Mariam Kambou/Traoré, présidente dudit groupement.

Avant le dernier acte de cette caravane de presse, les hommes et femmes des médias ont pu visiter l’école Loaga C et le périmètre maraîcher pour femmes de Yaoghin dans la commune de Pôa à une trentaine de km de Koudougou.

«Un programme qui a un goût d’inachevé !»

Aux termes de la tournée, Jean Victor Ouédraogo, secrétaire exécutif du réseau de journalistes IJACOD (initiateur de la caravane) se dit très satisfait. «J’avoue que les différentes interventions démontrent que les bénéficiaires sont fiers des réalisations du PNGT2-3. Et c’était l’objectif en organisant cette caravane de presse. Parce qu’en tant que structure de veille, nous ne pouvons rester dans nos bureaux et espérer que les chiffres nous parviennent. Plusieurs problèmes de terres ont été résolus. Des leaders locaux ont même été formés dans le cadre de ce programme et on ne peut qu’en être fier. Et j’avoue que si la Banque mondiale se retire, c’est une partie du Burkina qui sera dans l’oubli mais j’espère que les partenaires sauront accompagner le programme pour sa pérennisation», s’est réjoui le président de l’IJACOD.

En attendant le bilan du programme en avril 2018, le coordonnateur national du PNGT2-3, Souleymane Nassa se demande comment seront les communes en 2019, 2020, 2021, … sans cet instrument efficace de développement local. Toutefois, le ministère de l’agriculture peut se réjouir des résultats engrangés par ce programme. «C’est l’impression des populations locales qui est la plus importante. Si les populations sont satisfaites, le ministère ne peut que s’en réjouir », soutient Brama Barro, chargé d’étude au secrétariat général du ministère de l’agriculture.
«Conçu pour être au service du développement local, le PNGT2, au cours de sa première phase (2001-2007), a permis de préparer le lit de la décentralisation au Burkina, marqué notamment par la communalisation intégrale en 2004. La deuxième phase, elle, a consisté à soutenir les jeunes communes rurales à répondre à leurs multiples attentes en matière d’accès aux services sociaux de base, tout en renforçant leur capacité de pilotage du développement local. Quant à la troisième phase, prévue pour la période 2013-2018, elle devrait être celle de la consolidation», explique Souleymane Nassa, coordonnateur national du PNGT2-3. M. Nassa ajoute qu’«une décentralisation sans développement local, c’est une coquille vide puisque la décentralisation est une responsabilisation à la base.»

Près de quinze années après sa mise en œuvre, le comité de pilotage et les bénéficiaires de ce fructueux programme, notent des acquis, des avancées, mais aussi des gaps importants à combler. Au nombre des acquis, Daouda Bagué, maire de la commune de Pôa, note la réalisation d’infrastructures marchandes, des réalisations dans le secteur de l’eau, de l’assainissement, de l’éducation et de la santé etc. «Les bénéficiaires ont toujours besoin d’accompagnement car les problèmes existent toujours. C’est vrai qu’un pas a été déjà fait et nous souhaitons un deuxième pas pour consolider les acquis. Pour cela, nous lançons un appel fort au gouvernement pour mettre en œuvre une autre phase pour accompagner les communes», a lancé le maire. Il conclut que la décentralisation n’aura pas un sens sans un développement local, sans que les conseillers n’aient un budget pour décider et qu’il y a un goût d’inachevé quand on regarde ce processus.
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