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Attaques terroristes du 2 mars: 8 personnes interpellées dont 2 militaires en service et 1 radié

Publié le mercredi 7 mars 2018  |  FasoZine
Maïza
© Autre presse par DR
Maïza Sérémé, Procureur du Faso près le tribunal de Grande instance de Ouagadougou au centre
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L’enquête sur les attaques perpétrées le vendredi 2 mars dernier contre l’Etat-major général des armées et l’ambassade de France suit son cours. Le bilan fait état de huit soldats burkinabè décédés, huit assaillants tués et 85 blessés. 8 personnes de nationalité burkinabè ont été interpellées et gardées à vue dont deux militaires en service et un radié. C’est ce qui est ressorti de la conférence de presse tenue ce mardi 6 mars 2018, par Maïza Sérémé, Procureur du Faso près le tribunal de Grande instance de Ouagadougou.

Au cours de ce rendez-vous avec les médias, Maïza Sérémé a fait une restitution des faits. Et selon elle, c’est à 10 h 01 minutes que trois individus en tenue civile, « sont sortis armés de kalachnikov et ont immédiatement ouvert le feu sur le dernier poste de garde de l’ambassade de France ». Dans la foulée, le dernier occupant du véhicule, a rejoint ses compagnons après avoir mis le feu au véhicule dans lequel ils s’y trouvaient, raconte Mme Sérémé. Sept minutes plus tard un mode opératoire similaire s’effectuait du côté de l’Etat-major général des armées. Aux dires du Procureur du Faso, deux assaillants roulant sur une moto, précédaient deux autres, qui étaient à bord d’un véhicule. Ceux-ci, « armés de fusils de type AK 47 et de grenades, ont immédiatement ouvert le feu au niveau de la porte arrière de l’Etat-major ».

Ces attaques simultanées, ont fait selon le procureur huit militaires décédés, huit assaillants tués, 85 blessés dont 61 militaires et 24 civils. Aussi, elle note de « très importants » dégâts matériels. A ce sujet, ce sont 29 véhicules incendiés et 26 autres endommagés, 34 engins à deux roues incendiés et 60 autres endommagés. A cela, s’ajoutent des bâtiments endommagés.

Dans un souci de faire la lumière sur ces attaques, le parquet a aussitôt « ouvert une enquête de flagrance pour association de malfaiteurs terroriste, assassinats, tentative d’assassinats, détention illégale d’armes à feu et de munitions, destruction volontaire aggravée de biens le tout en relation avec une entreprise terroriste »

A ce stade de l’enquête, plus d’une soixantaine de personnes ont été auditionnées comme victimes ou témoins. Cela a permis l’interpellation et la garde à vue de huit personnes, toutes de nationalité burkinabè. « Nous sommes à la phase de détermination de leur implication ou pas. Parmi eux, nous avons un militaire radié, deux militaires et des civils », précise Mme le procureur du Faso.

A l’issue des constatations, Maïza Sérémé est formelle sur le fait qu’aucun des assaillants ne portait une tenue militaire. Cependant, à ce jour, « les assaillants n’ont pas encore été identifiés », a-t-elle annoncé. Du moins, ces terroristes avaient sur eux des bandeaux avec une inscription en arabe qui disait « il n’y a de divinité que Allah et Mohamed est son messager ». Même si ces actes de barbarie ont été revendiqués par « le groupe de soutien à l’Islam et au musulmans (Nusrat al-Islam Wal-Muslim), le parquet, par la voix du procureur n’écarte pas « une possible complicité même si pour le moment aucune précision ne peut être évoquée à ce sujet ».

En outre, dans l’optique de faciliter l’avancement des recherches et permettre leur bonne conduite, un appel a été lancé aux populations. « Nous réitérons notre appel à témoin et invitons toute personne désireuse d’apporter son témoignage à se présenter dans l’une des brigades de gendarmerie ou dans un des commissariats de police le plus proche ». Cependant, dans le cadre de la coopération judiciaire, une équipe d’enquêteurs et de magistrats français sont à Ouagadougou pour appuyer l’enquête.

Déclaration liminaire de Madame le Procureur du Faso lors de son point de presse.

"Le vendredi 02 mars 2018, aux environs de 10 heures, deux groupes armés de quatre membres chacun ont pris d’assaut l’Ambassade de France au Burkina Faso et l’Etat-major Général des Armées.

Au niveau de l’Ambassade de France, les premiers éléments de l’enquête ont révélé que c’est à 10heures 01 minute 56 secondes qu’une voiture particulière de type berline de couleur gris clair circulant sur l’avenue de l’indépendance en direction du bâtiment du Premier Ministère a stationné à hauteur du dernier poste de garde de l’Ambassade de France. Trois des occupants de cette voiture en tenue civile sont immédiatement sortis armés de fusils de type Kalachnikov et ont ouvert le feu sur le poste de garde tuant ainsi l’élément de sécurité qui y était. Un quatrième occupant du véhicule dans la même tenue rejoignait les trois autres assaillants après avoir mis le feu à leur propre véhicule.

Ils ont continué leur assaut en tirant sur les guichets et les portes du consulat de France. Dans leur progression, les assaillants ont croisé un militaire non armé qui quittait les services du consulat. Ce dernier a été mortellement atteint et succombera à ses blessures plus tard à l’hôpital Yalgado Ouedraogo.

N’ayant pas pu accéder à l’intérieur de l’Ambassade, ils ont progressé vers son côté sud où ils ont pu accéder à l’arrière cours des locaux jouxtant l’Ambassade.

Grâce à l’intervention rapide des forces françaises et burkinabè ils y ont été abattus.

Au niveau de l’Etat-major Général des Armées, l’enquête a révélé un scénario similaire ; les assaillants au nombre de quatre sont arrivés à 10 heures 08 minutes en empruntant la rue du Travail en provenance du rond point des cinéastes ; deux assaillants habillés en tenues civiles roulaient sur un vélomoteur de couleur rouge modèle NANO ; ils précédaient les deux autres assaillants qui circulaient dans une voiture particulière de type coupée de marque Nissan Almeira de couleur verte. Parvenus au niveau de la porte arrière de l’Etat-major Général des Armées, les assaillants armés de fusils de type AK47 et de grenades ont immédiatement ouvert le feu.

Après des tirs nourris, les trois assaillants ont pu accéder à l’intérieur de l’Etat-major Général des Armées où le conducteur du véhicule bourré d’explosifs s’est fait exploser à côté d’un des bâtiments.

Pendant ce temps, les autres assaillants ont continué l’assaut et munis de produits inflammables, ils ont incendié plusieurs engins stationnés à l’intérieur de l’Etat-major général des Armées. On dénombre malheureusement six militaires décédés.

Les échanges de tirs que les assaillants ont entamés avec les éléments militaires rejoints par les unités spéciales de nos forces de défense et de sécurité se sont soldés par la mort des trois assaillants.

Mon parquet qui abrite le Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme, a immédiatement ouvert une enquête de flagrance pour association de malfaiteurs terroriste, assassinats, tentative d’assassinats, détention illégale d’armes à feu et de munitions, destruction volontaire aggravée de biens le tout en relation avec une entreprise terroriste. Les investigations qui suivent leur cours ont été confiées à des enquêteurs de la Gendarmerie Nationale et de la Police Nationale. Dans le cadre de la coopération judiciaire, une équipe d’enquêteurs et de Magistrats français venus de Paris pour la circonstance apporte son appui à l’enquête.

Des constatations matérielles sur les lieux des attaques révèlent qu’aucun des assaillants ne portait une tenue militaire ; ils étaient tous en civil. Il a été relevé que les assaillants disposaient de bidons d’eau minérale modifiés contenant de l’essence et d’autres liquides dont la nature reste à déterminer. Ils portaient tous sur le front ou avaient sur eux des bandeaux de couleur blanche sur lesquels étaient inscrit en arabe l’expression suivante « il n’y a de divinité que Allah et Mohamed est son Messager ». Les assaillants des deux groupes portaient des vêtements apparemment neufs composés de chemisettes de pantalons jeans, des casquettes et des blousons. A ce jour, les assaillants n’ont pas encore été identifiés.

Le bilan à ce jour des attaques se résume ainsi qu’il suit :

- huit (08) militaires décédés ;

- huit (08) assaillants tués ;

- autour de quatre-vingt-cinq (85) blessés dont soixante-un (61) militaires et vingt-quatre (24) civils.

Des dégâts matériels très importants :

- vingt-neuf (29) véhicules incendiés et vingt-six (26) autres endommagés ;

- trente-quatre (34) engins à deux roues incendiés et soixante (60) autres endommagés ;

- des bâtiments endommagés.

A l’étape actuelle de l’enquête, huit personnes ont été interpellées et placées en garde-à vue, plus d’une soixantaine de personnes ont été auditionnées comme victime ou témoins.

Cette attaque a été revendiqué par le groupe terroriste dénommé « le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (Nusrat al-Islam Wal-Muslim) » de Iyad Ag Ghali.

Afin d’aider à l’identification d’hôtes, de complices ou de facilitateurs éventuels depuis la planification jusqu’à l’exécution de l’attaque terroriste, nous réitérons notre appel à témoin et invitons toute personne désireuse d’apporter son témoignage à se présenter dans l’une des brigades de Gendarmerie ou dans un des commissariats de police le plus proche.

Je vous remercie"
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