Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Attaques terroriste EMGA : Profanation

Publié le lundi 5 mars 2018  |  L`Observateur Paalga
Une
© AFP par AHMED OUOBA
Une épaisse fumée noire s`élève dans le ciel de Ouagadougou vendredi 2 mars après l`explosion d`une voiture piégée près de l`état-major général des armées
Comment


Ils sont revenus, et en plein jour cette fois-ci. Comme pour montrer qu’ils n’ont peur de rien ni de personne. Tels d’affreux geckos et de vilaines souris qui vous narguent dans votre propre salle de séjour et contre lesquels vous avez essayé tous les insecticides sans en venir à bout, ils s’en donnent à cœur joie comme pour mieux nous faire prendre conscience de notre impuissance. Vendredi 2 mars 2018 alors que les fidèles musulmans s’apprêtaient pour la prière hebdomadaire, des terroristes abusivement appelés djihadistes ont de nouveau frappé le Burkina au cœur.

L’état-major général des armées (EMGA) et l’ambassade de France au Burkina ont en effet été attaqués simultanément, faisant au total et selon le bilan officiel huit morts dont sept éléments de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) tandis que huit assaillants étaient tués. Un drame qui porte la signature, paraphée en lettres de sang, du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), qui a revendiqué les assassinats ; perpétrés en guise de représailles suite à l’opération menée le 14 février 2018 par Barkhane au Nord-Mali au cours de laquelle une vingtaine d’hommes d’Iyad Ag Ghali ont été tués ou capturés. Le GSIM, né de la fusion de plusieurs groupuscules sahéliens, fête ainsi dans le sang sa première année d’existence et montre plus que jamais son emprise sur le Faso puisque déjà, en janvier 2016, c’est une de ses composantes, Al Mourabitoune du « Borgne » Mokhtar bel Mokhtar, qui avait assumé la boucherie du Cappuccino.

Depuis que la bête immonde a mis les pieds en 2015 dans cette « patrie des hommes intègres », particulièrement depuis les carnages du Cappuccino – Splendid le 15 janvier 2016 (une trentaine de morts) et du Café Istanbul le 13 août 2017 (une vingtaine de morts), on savait qu’il fallait apprendre à vivre avec ; à l’image de tant de pays pris entre les serres de la multinationale du terrorisme. Mais ce qui vient de se passer dépasse l’entendement pour trois raisons principales :

- primo parce que c’était, comme indiqué plus haut, en pleine journée, preuve s’il en est que les renégats, particulièrement culottés, ne se cachent même plus, attendant d’agir avec la complicité des ténèbres ;

- deuxio le mode opératoire, car si jusque-là on a assisté à des attaques au fusil d’assaut suivies de prise d’otages, ce coup-ci, ils sont passés, si on ose dire, à la vitesse supérieure puisque c’est à la voiture piégée (une Nissan Almera, semble-t-il) et à l’explosif qu’ils ont recouru ;

- tertio, et c’est de loin le plus important et le plus grave, les cibles visées, car en s’en prenant à l’EMGA (où les mesures de sécurité avaient pourtant été renforcées ces derniers temps) et à la représentation diplomatique française à Ouagadougou, il s’en sont pris à des symboles forts, des sanctuaires qu’on pensait inviolables, et pourtant profanés. Cruelle désillusion.

Mais passé le temps de la colère, de l’indignation et des incantations chaque fois ressassées devant ces actes « ignobles, abjects, lâches, barbares », appelez-les comme il vous plaira, on ne peut quand même que s’interroger et nourrir de légitimes inquiétudes quand le cœur de l’armée burkinabè est touché avec une facilité aussi déconcertante. Ceux qui tentent de banaliser l’événement au prétexte que l’état-major n’est pas une caserne au sens propre mais une simple administration, soit-elle militaire, ont tort. C’est quand même un centre névralgique qui abrite une partie de la crème de l’armée, où des décisions importantes sont prises et où des documents sensibles se trouvent. Alors qu’on arrête de nous parler d’administration, car ce n’est pas n’importe quel service public. Si la vermine, qui vient nous rappeler qu’elle peut frapper où et quand elle veut, peut profaner aussi facilement un sanctuaire comme l’état-major, quoi de plus normal qu’après avoir testé sa capacité, elle ait tenté de forcer un barrage samedi nuit à Ouaga 2000 ? Il ne reste plus maintenant qu’un de ces quatre matins, un camion fou, façon Promenade des Anglais à Nice, fonce sur Kosyam. Et ce n’est certainement pas en pratiquant la politique de l’autruche qu’on viendra à bout de l’hydre sahélienne qui sévit sans pitié.

On tombe davantage des nues quand le porte-parole du gouvernement ose sur France 24 la comparaison avec l’attaque du Pentagone, oubliant que là-bas, ce n’est pas une voiturette qui a forcé l’entrée, mais le ciel qui leur est tombé sur la tête le 11 septembre 2011. On s’inquiète davantage quand on apprend qu’une réunion du G5 Sahel se tenait au même moment à l’état-major, et si les participants n’avaient pas changé de salle entre-temps, ça aurait été encore plus catastrophique, car la haute hiérarchie militaire aurait pu être décimée. Osons alors la question qui fâche : se pourrait-il donc qu’il y ait quelque complicité interne à quelque niveau que ce soit ? Nos FDS sont-elles infiltrées ?

Une chose est sûre, le Burkina est devenu la cible préférée des terroristes qui ne viennent pas forcément d’ailleurs comme on a tendance à le croire mais sont secrétés par les cellules dormantes du cru qui peuvent se réveiller à tout moment de la plus sanglante des manières. La faute à des FDS dépassées par les événements dont certains éléments refusent même d’être affectés au Sahel ? La désintégration du système de renseignement qui se serait effondré en même temps que le régime Compaoré et que les nouvelles autorités peinent visiblement à reconstituer efficacement ? La dissolution de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle même si, toute unité d’élite qu’elle était, elle n’avait pas vocation à combattre des terroristes mais était plutôt vouée à la protection d’un homme et de son régime ? Tout au plus peut-on soutenir qu’en pactisant avec le diable et ses diablotins, Blaise et Diendéré nous prémunissaient à bien des égards contre ce fléau des temps modernes, quitte à entretenir des liaisons dangereuses par essence.

Le président du Faso semble avoir en tout cas ses coupables tout désignés. On ne sait pas si son texte a été enregistré avant la revendication des attaques, mais dans son énième message du genre qui sonne comme un aveu d’impuissance, il a en effet martelé que « rien, absolument rien , ne peut justifier un tel acharnement aveugle contre l’Etat burkinabè, ses institutions et les valeureuses populations… ni la quête du pouvoir, ni la cupidité, ni la vengeance, ni aucune valeur philosophique ou spirituelle, autant que la recherche effrénée de la gloire et des honneurs ne peuvent justifier de telles forfaitures ». Et d’ajouter que « chacun de nous doit assumer son rôle et son passé ». A qui donc peut-il bien faire allusion ? Suivez son regard !


La Rédaction
Commentaires

Titrologie



L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre
Nos réseaux sociaux

Comment