Procès sur la crise de Matiacoali : 11 personnes condamnées de 18 à 36 mois de prison avec sursis
Fada N’Gourma, (AIB) - Accusés de rébellion, de coups et blessures volontaires, de violences et voies de faits et de destruction de biens à Matiacoali, onze personnes ont été condamnées mercredi par le Tribunal de grande instance de Fada N’Gourma, à des peines d’emprisonnement de 18 à 36 mois avec sursis.
A partir de ce mercredi 28 février 2018, la tension devrait baisser dans la commune de Matiacoali qui s’apprête à accueillir, dans 72 heures, la cérémonie de lancement des travaux d’électrification de 45 villages des provinces du Gourma et du Ziro, sous la présidence du Premier ministre, Paul Kaba Thieba.
C’est l’interprétation que chacun se fait à Fada N’Gourma, à l’issue du délibéré, ce jour même, du procès de 12 personnes, accusées d’avoir, entre autres, porté des coups et blessures au président du comité de gestion de la zone forestière de Tapoa-Boopo, d’avoir causé des dommages en détruisant les bornes de cette zone, de s’en être pris volontairement à des autorités régionales et à des Forces de défense et de sécurité (FDS) en mission de maintien de l’ordre dans ladite commune.
A l’heure du verdict, le tribunal a requis contre Thiombiano Issouf, Tankoano Boadjoa, Thiombiano Bilimpo, Natama Amtani, Lompo Lamoudi, Touré Issouf, Sagnan Idrissa, Combary Boama Mamadou, Combary Issouf, Tankoano Ounteni, Natama Boukaré, à des peines d’emprisonnement avec sursis, allant de 18 à 36 mois et le paiement d’amendes de 500 000 F CFA pour certains et de 5 050 000 pour d’autres. Seul Lompo Kondja a été relaxé pour infraction non constituée.
Mis en garde par le parquet, les «dissidents» ont cinq ans pour éviter d’être cités dans une infraction quelconque, sous peine d’une sentence plus drastique. Débuté le mercredi 21 février 2018 au Tribunal de grande instance de Fada N’Gourma, le procès avait pour partie civile, le haut-commissaire du Gourma et la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). La défense, elle, était assurée par le cabinet Farama.
En rappel, tout était parti de l’interruption de la célébration de la Journée régionale de la forêt à Matiacoali, le 26 janvier 2018, par des populations remontées contre la délimitation de la zone sylvo-pastorale de Tapoa-Boopo, à cheval entre les communes de Matiacoali, Partiaga et Kantchari.
Les manifestants dénonçant une tentative d’expropriation de leurs terres par les autorités régionales, réclamaient que soient repoussées les limites de la forêt au-delà de leurs possessions champêtres. Face aux risques de débordements, les organisateurs avaient replié sur Fada N’Gourma.
Pour Me Prosper Farama, avocat de la défense, la terre est le seul gagne-pain du paysan et ne saurait, par conséquent lui être retirée sans aucune procédure participative de négociation. Il s’est dit non satisfait du verdict et promet de concerter les personnes inculpées s’il y a lieu de faire appel.
Joanny SOW