Le nerf de la guerre est là ! Enfin… pas tout à fait, mais l’on est sur la bonne voie, depuis cette table ronde réputée être celle de la dernière chance qui s’est tenue le 23 février dernier à Bruxelles. Les chefs d’Etat ouest-africains des cinq pays(leMali, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso et la Mauritanie) qui composent le G5 Sahel repartent dans leurs pays respectifs avec des intentions de financement estimées à 414 millions d’euros. Pas vraiment très loin des 423 millions nécessaires au fonctionnement d’une année de cette force qui sera composée de 5 000 hommes. Depuis que cette idée généreuse a été émise, elle a toujours buté sur le nerf de la guerre, sans lequel il n’y a pas de guerre. Les réunions ont succédé aux réunions, les sommets aux sommets : Bamako à plusieurs reprises, Paris, Niamey, New York, sans que la cagnotte nécessaire soit bouclée.
Avant la rencontre dans la capitale belge qui se trouve être celle de l’Union européenne, disons que la recherche de financement s’est avérée fructueuse. Le besoin a été comblé. Pour le moment, bien sûr, il ne s’agit que de promesses fermes et supposées définitives. Mais comme promesse de grand n’est pas héritage, il faut espérer que les sommes seront débloquées, et très rapidement, pour permettre à la force G5 Sahel de monter en puissance pour mieux fondre sur les narco-djihadistes, qui se préparent eux aussi de leur côté : ces dernières semaines, le regain de violence avec les engins explosifs par-ci par-là n’est pas fortuit. Et n’oublions pas que la réaction des terroristes pourrait être proportionnelle à l’épaisseur de l’enveloppe qui a été octroyée. Eux aussi écoutent la radio, sont sur le satellite et pourraient mutualiser leurs moyens pour faire face à l’armada des forces coalisées.
Toujours est-il que les politiques et les militaires n’ont plus d’excuse : ils voulaient l’argent, l’argent est maintenant là. Il leur appartient maintenant d’être vaillants pour restaurer la sérénité dans ces zones devenues presque des zones de non-droit. Comme le disait le président français, Emmanuel Macron, lors du déblocage de la première tranche, il faut que les résultats suivent. Mais attention ! Il ne manquerait plus que la cagnotte soit dilapidée. Ce magot ne doit pas servir à loger les généraux dans des hôtels cinq étoiles, à acheter des billets d’avion première classe, servir de frais de mission faramineux ou à faire on ne sait encore quelles autres dépenses somptuaires. Cet argent devra servir sur le terrain des opérations.
En réalité, on se réjouit beaucoup pour ne pas cracher dans la soupe bruxelloise qui vient de nous être servie. Que représente en effet cette enveloppe dans une guerre qui ne peut pas être gagnée rapidement ? Se pose alors le problème de la pérennisation de cette armée transnationale. Car il ne servirait à rien de faire deux ou trois actions d’éclat et de débander ensuite pour donner le temps à l’ennemi de se réorganiser. C’est dire que les actions doivent s’inscrire dans la durée, en même temps qu’un autre combat, celui pour le développement de régions entières où la pauvreté, voire la misère et, quelquefois, l’indifférence du pouvoir central font immanquablement le lit de l’extrémisme.
Issa K. Barry