Le compromis trouvé par les différents protagonistes de la crise de leadership qui secoue depuis quelque temps l’ex-parti au pouvoir, le CDP a été entériné le 25 février 2018 lors de la 61e session ordinaire du Bureau politique national (BPN). Eddie Komboïgo récupère donc officiellement son « naam », qui était entre les mains d’Achille Tapsoba depuis janvier 2016.
Ambiance de retrouvailles dimanche matin au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC). Accolades, éclats de rire, on se donne des nouvelles sous le hall en attendant le début de la rencontre. Dans cette foule de joyeux drilles du CDP, l’ancien Premier ministre Luc Adolphe Tiao, qui avait disparu des radars depuis la suspension des audiences de la Haute Cour de justice. Le dernier chef de gouvernement de Blaise Compaoré a serré beaucoup de mains avant de rejoindre la salle où avaient déjà pris place de nombreux militants et têtes bien connus de la « CDPie » comme Mélégué Traoré, Mahamadi Kouanda et Zembendé Théodore Sawadogo. Les occupants du présidium, notamment Achille Tapsoba, Eddie Komboïgo, Léonce Koné, ne tardent pas à faire leur entrée. « L’hymne de la victoire » est entonné a cappella par l’assemblée. Achille Tapsoba, le président par intérim, porteur d’un message du fondateur du parti, Blaise Compaoré, a ensuite transmis les salutations fraternelles et militantes ainsi que les vœux de bonne et heureuse année 2018 de l’exilé d’Abidjan au BPN. Ce qui a eu le don de chauffer à blanc l’assistance, qui a scandé des slogans en l’honneur de l’enfant terrible de Ziniaré. Au menu justement de cette 61e session de la haute instance du parti, la lecture d’une adresse de l’ancien président aux militants.
Mais le plat de résistance de ce conclave aura, sans conteste, été le rapport du Bureau exécutif national au BPN. Ce document préconise la fin de l’intérim et le rétablissement de la présidence statutaire du parti. Eddie Komboïgo, qui « n’avait jamais été déchu de ses fonctions », a précisé Achille Tapsoba, récupère ainsi son « naam ».Une paix des braves qui met fin à la polémique et à la crise de leadership dont le point culminant aura été la descente de jeunes pro-Komboïgo au siège du parti pour exiger la remise en selle de leur champion. Pour l’ancien président intérimaire, ces vifs échanges qui ont eu lieu sur le contrôle du sceptre étaient loin d’annoncer l’apocalypse au CDP, ils témoignaient plutôt, selon lui, de la vitalité démocratique interne au sein de sa famille politique.
A deux jours de l’ouverture du procès du putsch manqué au cours duquel certains de leurs camarades seront sur le banc des accusés, Achille Tapsoba a saisi l’occasion pour attaquer au vitriol le MPP, qu’il accuse de « manœuvres sordides visant à imposer une justice variable dont la finalité est d’écarter dès maintenant de potentiels adversaires et de s’offrir un boulevard pour 2020 ». Et de mettre en garde contre toute tentative d’ingérence ou de mainmise sur la justice tout au long de ce procès que le parti dont le siège est situé sur l’avenue Kwame-Nkrumah qualifie d’historique.
Hugues Richard Sama