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Burkina Faso : ouverture mardi à Ouagadougou du procès historique du putsch de 2015
Publié le samedi 24 fevrier 2018  |  Xinhua
Djibril
© Autre presse par DR
Djibril Bassolé, chef de la diplomatie burkinabè
Djibril Bassolé, chef de la diplomatie burkinabè




Le procès du coup d'Etat manqué du 16 septembre 2015 s'ouvrira mardi 27 février à Ouagadougou avec 84 accusés, dont deux généraux de l'armée burkinabè, Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé.

Ce procès qualifié d'"historique" par certains observateurs a été délocalisé dans une grande salle de réunion située dans le quartier huppé de Ouaga 2000 pour permettre à un grand nombre de burkinabè d'y assister.

Le 16 septembre 2015, sous la conduite de M. Diendéré, des soldats du régiment de sécurité présidentiel (RSP), l'ancienne garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré, avaient renversé brièvement le régime de transition, avant de capituler sous la pression de la rue et des soldats restés fidèles aux autorités.

Une quinzaine de personnes ont été tuées et une centaine autres blessées, rappelle-t-on.

Le général Gilbert Diendéré, homme de confiance de l'ex-président Blaise Compaoré, et 83 autres personnes, notamment des militaires, sont "accusés d'attentat à la sûreté de l'Etat, de meurtre, coups et blessures volontaires, dégradation volontaire de biens appartenant à autrui, trahison, incitation à commettre des actes contraires au règlement et à la discipline militaire, violence et voies de fait sur autrui, ou de complicité de ces infractions", selon le parquet militaire.

Tous les accusés qui avaient bénéficié d'une liberté provisoire dans cette affaire sont retournés à la prison militaire avant leur comparution, mardi, devant le tribunal.

Des organisations de la société civile et de défense des droits de l'Homme ainsi que des partis politiques ont multiplié les sorties médiatiques pour appeler à un procès équitable, afin de rétablir la vérité et de favoriser un processus de réconciliation.

Le mouvement "Brassard-Noir", une organisation de la société civile, a appelé la population à effectuer un "déplacement massif" mardi pour participer à l'ouverture du procès.

"Nous avons lancé un appel à toute la population du Burkina Faso à se rendre massivement dans la salle de banquets de Ouaga 2000 pour assister au procès du putsch", a souligné lors d'un point de presse le secrétaire général de Brassard-Noir, Dieudonné Nikiéma.

Pour sa défense, le général Gilbert Diendéré, en plus d'une demi-douzaine d'avocats nationaux et étrangers, a consigné dans un document une liste de 25 personnalités citées comme témoins. Au nombre de ces personnalités, on note Michel Kafando, président de la transition, Roch Marc Christian Kaboré, ex-président du parti au pouvoir, et Yacouba Isac Zida, ex-Premier ministre en exil au Canada.

La Coordination pour une justice équitable dans l'affaire du putsch a, pour sa part, invité la justice à prendre toutes les dispositions nécessaires pour que les témoins cités soient présents au procès.

La Nouvelle alliance du Faso (NAFA), formation politique de Djibril Bassolé, a dénoncé une "instrumentalisation de la justice" par le pouvoir en place dans le cadre de ce dossier.

Pour le juriste Amadou Traoré, le tribunal militaire est une juridiction d'exception placée entre les mains de l'exécutif.

"Au regard des irrégularités qui ont émaillé l'instruction du dossier, il n'est pas excessif de penser que dans le schéma retenu par les tenants du pouvoir, les inculpés seront jugés et condamnés à des peines privatives de libertés pour de longues périodes, afin d'éloigner certains des joutes électorales à venir", a-t-il écrit dans une tribune publiée vendredi dans la presse en ligne.

Des informations non confirmées par la sûreté de l'Etat font état de tentatives de perturbations du procès par certains manifestants à l'ouverture du procès.

Selon une source judiciaire sous le couvert de l'anonymat, un "impressionnant dispositif militaire" sera déployé durant ce procès pour éviter tout débordement.
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