Les dirigeants européens ont donné vendredi un coup de pouce politique et financier à la force militaire constituée par cinq pays africains pour lutter contre les groupes jihadistes actifs dans la région du Sahel, lors d’une conférence des donateurs à Bruxelles.
Trente deux chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis vendredi matin au siège de la Commission européenne autour des dirigeants du Mali, de la Mauritanie, du Tchad, du Niger et du Burkina Faso pour témoigner de leur soutien politique.
L’Union européenne a confirmé à cette occasion sa décision de "doubler" sa contribution à la force militaire conjointe du G5, portée de 50 à 100 millions d’euros, et "d’autres annonces sont attendues au cours de la réunion", a annoncé la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
"Le prix de ne pas avoir la paix se paie chaque jour", a souligné Mme Mogherini. Deux soldats de la force antijihadiste française déployée en Afrique de l’Ouest ont été tués mercredi par l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule sur une route dans le nord-est du Mali. Les participants à la conférence ont observé une minute de silence à leur mémoire
"Le combat que nous menons contre le terrorisme au Sahel, nous le menons aussi pour le reste du monde. Pour cette raison, l’Union européenne et la communauté internationale doivent être solidaires avec le Sahel", a rappelé le président du Niger Mahamadou Issoufou, président en exercice du G5 Sahel.
L’attentat contre les militaires français a mis en évidence les défis auquel sont confrontés les cinq pays, parmi les plus pauvres du monde, placés en première ligne d’une guerre contre les groupes jihadistes islamistes et les trafiquants d’armes, de drogue et d’êtres humains.
"La stabilité de la zone est importante pour la sécurité dans l’Union européenne", ont reconnu le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy et le Premier ministre belge. La région du Sahel est une voie de passage pour les migrants qui tentent de gagner clandestinement l’Europe en embarquant depuis les côtes de Libye et de Tunisie.
La force du G5 a besoin de fonds supplémentaires pour l’aider à atteindre son objectif de 5.000 soldats bien entraînés et équipés pour patrouiller les points chauds et rétablir l’autorité dans les zones de non-droit.
Elle s’est dotée d’une structure de commandement et a mené deux opérations, avec l’appui de la France, dans la zone troublée des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Destinée à devenir pleinement opérationnelle à la mi-2018, la force du G5 Sahel opère aux côtés des 4.000 soldats de la force antijihadiste française Barkhane et des 12.000 hommes de l’opération Minusma de maintien de la paix des Nations unies au Mali.
-’Environnement instable’-
Près de 300 millions d’euros ont été mobilisés à ce jour. L’Arabie saoudite a promis 100 millions d’euros et les Etats-Unis 60 millions de dollars.
Mais la sécurité doit accompagner le développement, a averti le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en ouvrant la conférence.
Près de 8 milliards d’euros ont été budgétisés par l’UE pour la période 2014-2020. Et la France doit annoncer vendredi un financement bilatéral d’1,2 milliard d’euros sur les cinq prochaines années pour des projets de développement au Sahel, a-t-on précisé de source diplomatique.
"Mais l’environnement est si instable et si peu sécurisé que le développement ne peut pas s’installer", ont averti des responsables européens.
Outre les États membres de l’UE et les Nations unies, une douzaine de pays, dont l’Arabie Saoudite, le Maroc et la Tunisie, seront représentés par leurs ministres des Affaires étrangères.
Le partenariat avec l’Afrique sera l’une des politiques importantes à financer par le prochain budget européen pour la période 2021-2027.
Les dirigeants européens venus participer à la conférence des donateurs du G5 Sahel devaient rejoindre en fin de matinée leurs homologues de l’UE pour un sommet informel consacré à une première discussion sur ce budget pluriannuel.