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Le Pays N° 5410 du 29/7/2013

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situation Nationale: la sourde oreille du pouvoir
Publié le mardi 30 juillet 2013   |  Le Pays




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Ainsi donc, l’appel des évêques aura été vain : dimanche dernier au Burkina, tandis que les uns manifestaient contre la mise en place du Sénat, les autres votaient. Le pouvoir est donc passé outre l’appel de l’Eglise catholique qui lui recommandait de surseoir à son initiative pour diverses raisons.

Les partisans du chef de l’Etat ont donc fait un pied de nez au clergé catholique. L’appel de ce dernier n’a point été entendu par le pouvoir qui a fait voter les conseillers acquis à sa cause sur l’ensemble des treize régions.

Le pouvoir sous-estimerait-il la force de réaction des Burkinabè ?

Si l’on considère le forcing qui a prévalu jusqu’à l’élection sénatoriale, il y a des raisons de croire que nos gouvernants tiennent à atteindre leurs objectifs, advienne que pourra.
De l’avis de certains analystes, notre « démocratie » serait une bien triste comédie ! Des gens y applaudissent frénétiquement, et votent généralement à main levée en faveur de mesures, de lois et de projets. Surveillés constamment et placés sous pression, les élus défendent donc difficilement l’opinion de ceux qui les ont choisis, encore moins les intérêts de leurs propres collectivités. Et en cas de référendum sur la révision de l’article 37, il ne faudrait point s’étonner de voir voter dans un certain sens, les « bêtes sauvages » de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma. Sûr que les directives habituelles seront respectées.

En signant et en persistant dans la voie du Sénat, et éventuellement du référendum, le pouvoir a choisi la logique de la sourde oreille envers le peuple. Si l’opposition redoute un pouvoir à vie, la société civile, elle, dénonce l’opulence et l’insouciance des gouvernants, et leur entêtement, alors que la vie chère tenaille les Burkinabè. Les critiques avancent que Blaise Compaoré devait transcender tous les désirs et sollicitations en rapport avec la création du Sénat. Surtout dans un pays où peu de gens ont un emploi, mangent à leur faim, parviennent à se soigner ou à envoyer leurs enfants à l’école. L’intérêt général devrait donc l’emporter sur l’intérêt personnel des courtisans et militants. Pourquoi persister comme si, par cynisme, on avait choisi de narguer ses propres concitoyens, si tant est qu’on leur accorde vraiment de l’intérêt ?

Le pouvoir sous-estimerait-il la force de réaction des Burkinabè ? En la matière, l’histoire de ce pays est pourtant pleine d’enseignements. L’exemple des mutins de 2011 est là pour montrer que, dans leur silence, certains peuples peuvent se révéler très menaçants. Otage de son entourage ou habile manipulateur, il lui appartiendra de surprendre agréablement, afin d’éviter un jour, qui sait, la sanction du peuple affamé et en colère. Il suffit pourtant au président du Faso, de prêter oreille aux souffrances du peuple, pour désamorcer la bombe sociale qui s’amplifie.

Et le clergé acceptera-t-il très facilement de jouer encore les sapeurs-pompiers ?

Jour après jour, les Burkinabè assistent, comme impuissants, à la détérioration du climat sociopolitique, comme si la chose allait de soit. En fait, de nombreuses questions se posent dans l’opinion. Le Burkina Faso dont le chef de l’Etat a lui-même joué le rôle de médiateur dans la résolution de plusieurs crises en Afrique, n’aura-t-il pas, lui aussi, besoin d’un médiateur pour se mettre à l’abri de dangers qui se profilent à l’horizon ? Tout se passe en effet, comme si les dirigeants de ce pays avaient opté de faire la politique de l’Autruche en enfouissant leur tête dans le sable pour nier la réalité. Comment comprendre autrement la persistance des dirigeants à aller à l’encontre de l’intérêt général, notamment en adoptant des mesures dont le bien-fondé ne paraît pas aussi évident ?

Les évêques ont toujours incarné une forte autorité morale dans ce pays. Mais, l’Eglise, considérée comme impartiale, n’aura pas pu empêcher Blaise Compaoré de faire un pas dans ce que d’aucuns considèrent comme étant la mauvaise direction. Mais, ainsi va la quatrième république. Les exemples vécus ailleurs montrent que la boulimie du pouvoir ne parvient jamais à endormir la conscience des peuples.

La question se pose aujourd’hui de savoir si, à la fin du présent mandat, soit en 2015, l’actuel chef de l’Etat saura résister ou non à l’appel des sirènes ? Osera-t-il vraiment briguer un troisième mandat présidentiel, ou se retirera-t-il ? Face à l’histoire, l’homme voudra-t-il, à la dernière minute, renoncer à la mise en place du Sénat ? Pas sûr, car cela pourrait signifier pour lui une forme d’abdication en faveur de l’opposition.

Où ira donc le pouvoir en cas de clash ? Ne se verra-t-il pas contraint de négocier un pacte avec l’opposition ? Recourra-t-il au clergé burkinabè, comme il l’a fait par le passé, pour éteindre l’incendie ? Et le clergé acceptera-t-il très facilement de jouer encore les sapeurs-pompiers ? Gouverner, c’est prévoir et il n’est pas inutile que le pouvoir s’approprie ces questions. Pourquoi ne pas chercher à faire l’économie de ces heurts pourtant prévisibles, de ces blessés à déplorer ultérieurement ? Une annonce surprise de Blaise Compaoré avant 2015 qu’il ne se présentera pas, pourrait bien faire baisser la tension. Le peuple burkinabè n’est point rancunier. A condition, toutefois, que le pouvoir n’aille pas trop loin dans son refus des évidences.

« Le Pays »

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