Le président du Comité de gestion du marché de la ville de Sya, Ibrahima Traoré, a été suspendu de ses fonctions il y a de cela quelques semaines. Les raisons qui ont conduit à cette suspension, les mesures prises à son encontre, les précautions envisagées pour éviter une telle situation, sont, entre autres, les questions auxquelles Bourahima Sanou, maire de la commune de Bobo-Dioulasso, a accepté de répondre à travers cette interview. Lisez plutôt!
« Le Pays »: Qu’est-ce qui a valu la suspension du gestionnaire du marché de Bobo-Dioulasso ?
Bourahima Sanou : Il faut dire qu'il y a eu beaucoup de difficultés, depuis notre prise de fonction dans la gestion du marché. Il s'agit des incompréhensions entre le président du Comité de gestion du marché et le président du Conseil municipal que je suis. Nous sommes passés par de nombreuses voies pour lui faire comprendre ce qui devrait être fait en termes de réglementation, jusqu'à ce que le problème empire entre lui et le directeur du marché. En fait, ce qui a motivé notre décision, c'est surtout les actes répréhensibles posés par Ibrahima Traoré, à savoir la modification unilatérale des statuts de la structure et la prise d'un nouvel organigramme qui rattache directement le service financier à lui en tant que président de la structure, laquelle structure relève partout ailleurs de la direction qui est l'organe exécutif. Enfin, il a posé des actes financiers comme signer des chèques, que nous avons jugé très graves, du fait que cela ne relève pas de ses compétences. C'est donc au vu de tous ces faits et après des concertations qui ont eu lieu entre les différents acteurs, notamment les commerçants, les maires d'arrondissements et certains conseillers, que nous avons décidé de prendre nos responsabilités en le suspendant, en attendant la décision du Conseil municipal.
En dehors du gestionnaire, y a-t-il d’autres personnes impliquées dans ce qui a conduit à la suspension ?
Oui ! Il y a beaucoup d'acteurs autour de cette question. Je peux effectivement incriminer plusieurs personnes, parce qu’il est vrai que c'est lui qui a posé ces actes répréhensibles mais, je me dis que quelque part, ces actes ont été facilités par le comportement de certains acteurs qui sont soit de la direction, soit de l'équipe de direction de la structure. L’avenir nous dira qui a joué quel rôle et qui est responsable de quoi.
Quelles sont les sanctions qu’encourent les fautifs ?
En termes judiciaires, je dirais que ce sont des mesures conservatoires que nous avons prises. Nous allons donc soumettre administrativement le dossier au Conseil municipal très bientôt, pour suite à donner. Mais je me réserve la possibilité de poursuites judiciaires parce que nous, nous sommes responsables de
la bonne gestion de tout ce qui touche à la commune. Vous savez qu’en ce qui concerne le marché, même si sa structure de gestion est autonome, elle reste tout de même sous la tutelle de la commune et c'est une obligation pour le maire que je suis, de préserver les intérêts de la commune. Toute chose qui suppose que s'il y a lieu de nous constituer partie civile pour demander réparation si dommages il y a eus pour la commune, nous le ferons.
Quelles sont les précautions que vous avez prises pour éviter les supposées mauvaises pratiques ayant conduit à la suspension du gestionnaire ?
Justement, ce que nous voulons proposer au Conseil municipal pour la présidence de cette structure, c'est qu'au lieu que ce soit une personne ès qualités, que sa désignation puisse se faire autrement. Donc, nécessairement, il y a des mesures à prendre pour que les gens ne pensent pas que le marché est une commune dans la commune, mais plutôt un établissement public local qui doit bien sûr reconnaître sa tutelle et surtout respecter la réglementation, à savoir le texte fondateur qui est l'arrêté de création signé par le maire, les statuts et le protocole d'accord de cette structure.
Quels sont exactement les critères de choix du gestionnaire ?
En fait, cet arrêté de création stipule que le président de la structure est le président de la commission des affaires économiques et financières de la commune. Mais ce dernier est nommé par arrêté du maire. Comme on le dit en droit, c'est une compétence liée. Ce qui veut dire que le maire a l'obligation de nommer le président de ladite commission, toute chose qui peut constituer un blocage si toutefois cette personne a d'autres intentions.
Quelles sont les dispositions de sécurité prises pour protéger les marchés dans la ville de Bobo-Dioulasso ?
C'est une des questions qui nous interpellent aujourd'hui. J'avoue que le marché de Bobo-Dioulasso n'est pas du tout assuré parce qu'il y a trop de désordre ; les gens agissent à leur guise, ce qui n'est pas normal. Ainsi, à travers la structure de gestion du marché, la commune attendait qu’il y ait plus de fluidité en vue de permettre la circulation au sein de ce marché, de donner des orientations pour déguerpir les installations qui n'ont pas été autorisées. Je pense que c'est à ce prix, en accord bien sûr avec les structures de protection civile que sont les sapeurs-pompiers et les Forces de défense et de sécurité, que l’on pourra garantir un minimum de sécurité et attirer un éventuel assureur pour le marché. Je crois que c'est l'ensemble de ces mesures qui devraient permettre de sécuriser un tant soit peu le marché et de se mettre à l'abri de certaines situations désagréables.
Etes-vous d’avis avec l’imaginaire populaire selon lequel l’essence d’un « marché », c’est le désordre ?
Non ! Marché ne rime pas avec désordre. Il est vrai que de par la culture, à l'Ouest en général, le marché est le secteur où vous allez trouver que tout est pêle-mêle. Mais en réalité, nous sommes dans un monde moderne où la structuration d'un marché doit respecter un minimum de règles sécuritaires, de même que la gestion d'un marché doit respecter un minimum de textes réglementaires. C'est vous dire alors que loin d'être le lieu de prédilection du désordre, un marché doit respecter un minimum d'ordre et d'organisation.
Comment s’organise la salubrité des marchés à Bobo-Dioulasso ?
A ce niveau, il y a un contrat entre la mairie et la structure de gestion pour l'enlèvement des ordures. Je reconnais qu'en raison des discordances entre le président du Comité de gestion et le maire, nous n'avons pas pu, jusque-là, organiser la question de propreté du marché, parce que c'est un contrat non écrit et j'ai vraiment du mal à pouvoir suivre cela.
Quelle est votre réaction à la polémique sur l’implantation d’une usine de transformation de coton à Ouagadougou et non à Bobo-Dioulasso ou ailleurs ?
C'est une question qui me dépasse, mais je me dis qu'elle est d'orientation politique. En tant que maire de la commune, je pense que Bobo-Dioulasso est, à mon humble avis, la ville qui devrait accueillir cette usine, du moment où nous disons que c'est la capitale économique où il y a un certain nombre d'infrastructures pouvant faciliter le travail d'une usine. Je crois qu'il y a autant d'éléments qui devraient permettre au gouvernement de choisir la commune de Bobo-Dioulasso à cet effet. Comme c'est ailleurs qu'on veut le faire, nous allons dire qu'on prend acte. Mais je pense que les investissements privés aujourd'hui, doivent tenir compte de certains avantages qui devraient leur permettre de tirer le maximum de profits possibles.
Où en est-on avec le choix du site d’implantation du nouvel hôpital de votre ville?
Au jour d'aujourd'hui, nous attendons qu'on puisse nous dire quand est-ce qu'aura lieu le lancement ou la pose de la première pierre. En effet, une étude a été demandée à un cabinet privé qui nous a fait des propositions que nous avons validées. C'est donc le site de Borodougou qui, parmi les propositions, est celui qui comportait moins de problèmes, ce qui nous amène à la valider. Ainsi, nous avions écrit au ministre pour lui signifier que nous n'avions pas d'objection sur les résultats de cette étude qui donnait pour préférence, Borodougou.
LE MONARCK
(Correspondant)