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Burkina Faso-Japon : des journalistes découvrent des empreintes nippones
Publié le lundi 12 fevrier 2018  |  Sidwaya
Signature
© aOuaga.com par Séni Dabo
Signature d`échange de notes entre le Burkina et le Japon pour la réhabilitation du Boulevard des Tansoba
Vendredi 18 août 2017. Ouagadougou. Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l`extérieur, Alpha Barry, et l`ambassadeur du Japon au Burkina, Tamotsu Ikezaki, ont signé un échange de notes de réhabiliation de la rocade sud-est du Boulevard des Tansoba communément appelé circulaire




L’ambassade du Japon au Burkina Faso a organisé, les 8 et 9 février 2018, une caravane de presse au profit d’une dizaine de journalistes burkinabè dans des localités des régions du Centre-Sud et du Plateau central. Objectif : permettre aux hommes de médias de découvrir quelques activités de la coopération japonaise au pays des Hommes intègres.

Depuis plus de quatre décennies de coopération bilatérale et multilatérale avec le Burkina Faso, le pays du Soleil levant a entrepris de nombreuses réalisations dans divers domaines. Dans la perspective de donner de la visibilité à quelques-unes de ses activités, l’ambassade du Japon au Burkina Faso a initié une caravane de presse au profit d’une dizaine de journalistes dans les régions du Centre-Sud et du Plateau central, les 8 et 9 février 2018. Le premier jour, avant l’entame de la caravane, l’ambassadeur du Japon au Burkina Faso, Tamotsu Ikezaki, a briefé les journalistes sur les différentes facettes de la coopération et l’objectif de l’initiative. Il a salué « la constance et la vitalité» des liens entre les deux pays. «Au niveau bilatéral, il y a la coopération économique et technique. Depuis 1979, nous avons octroyé plus de 249,05 milliards de F CFA repartis entre les domaines de l’agriculture, l’éducation, la santé, l’eau potable et les infrastructures. Au niveau multilatéral, nous avons financé 98 milliards de F CFA en faveur du Burkina Faso dans les mêmes domaines », a détaillé M. Ikezaki. Au niveau de l’échange d’expertises, les chiffres sont également éloquents. 410 experts et 398 volontaires japonais ont séjourné au Burkina Faso et 1190 stagiaires ainsi que 26 étudiants burkinabè ont été envoyés au Japon. De janvier 2017 à nos jours, 54 Burkinabè ont bénéficié d’un stage au pays du Soleil levant. « 1253 salles de classe et 47 CSPS construits, 1145 forages réalisés au profit du Burkina Faso. Tout ceci vaut la peine que la presse fasse un tour sur quelques sites de nos réalisations pour en faire le constat et mesurer les impacts sur les bénéficiaires. Avec cette caravane, la presse pourra aussi constater l’implication de la JICA, notre agence technique chargée de la coopération, dans l’accompagnement des efforts de développement social», a indiqué l’ambassadeur Tamotsu Ikezaki. Par ailleurs, il a félicité la presse burkinabè pour son engagement à donner de la visibilité aux activités de la coopération. A sa suite, c’est le ministre conseiller, Hideo Matsubara, qui a décliné aux caravaniers les différentes étapes de la tournée.

Amélioration de l’hygiène au CMA de Saponé

Ensuite, la caravane, conduite par le premier secrétaire de l’ambassade, Mme Rie Doucouré Ode, de l’assistant en coopération, Ismaël Tiendrébeogo et la chargée de programme agriculture et développement rural à la JICA, Mme Yuko Sawadogo Hiwatari, s’est dirigée vers la commune rurale de Saponé, dans la région du Centre-Sud, à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou. Après une demi-heure de trajet, la délégation fait sa première escale au district sanitaire de Saponé pour s’imprégner des activités de la volontaire japonaise, Mari Okazaki. Arrivée au centre médical en octobre 2017, cette infirmière de formation, native de la ville de Kanagawa, à 30 km de Tokyo, la capitale japonaise, participe, entre autres, à l’amélioration des conditions d’hygiène hospitalière, la prévention des infections nosocomiales et la promotion de l’IEC-CC (Informer-Eduquer- Communiquer pour le changement de Comportement). Pour mener à bien ses activités, Mari Okazaki, âgée de 28 ans, a débuté par un travail d’observation dans les différentes unités du district sanitaire. Ce qui lui a permis de déceler les insuffisances en matière d’hygiène. Ensuite, Mlle Okazaki a soumis un plan d’actions à l’équipe cadre du CMA. Elle a déjà intégré l’équipe de nettoyage du district où chaque mercredi elle participe aux différentes tâches d’assainissement. Des séances de lavage des mains et d’hygiène dentaire et corporelle sont également à mettre à l’actif de la jeune volontaire. S’inspirant de l’initiative de son prédécesseur volontaire dans la formation sanitaire, elle a conçu des placards pour disposer les médicaments et les repas dans les chambres d’hospitalisation en pédiatrie. « J’ai remarqué que les médicaments étaient posés à même le sol, les repas aussi. C’est une situation qui est favorable aux infections. Avec les placards, les risques d’infection sont évités », a expliqué posément Mari Okazaki. Ayant constaté aussi que les huit poubelles installées dans l’enceinte de l’hôpital ne sont pas utilisées par les usagers, la volontaire a conçu des plaquettes pour une meilleure utilisation. Le personnel du district dit son admiration pour son dévouement au travail et sa ponctualité. « La collaboration est excellente entre nous. C’est une occasion d’apprentissage mutuel. Mari a un sens profond du respect et de la communication », a témoigné le responsable des activités cliniques et de la qualité des soins, Dr Inoussa Sawadogo. « Je vis une très belle expérience au CMA de Saponé. Je me sens bien avec tout le monde », confie Mari Okazaki.

Un savon à l’effigie du drapeau national

Autre lieu, autre expérience au service de l’association Bi-Songo à Saponé : celle de la volontaire Ayano Shimizu. Diplômée de littérature anglaise et spécialisée dans les questions de genre, cette originaire de la ville de Kobé, à 300 Km de Tokyo, aide les femmes de Bi-Songo dans la fabrication du savon à base de beurre de karité, la transformation de noix en beurre, l’entretien des plants de moringa et l’emballage des produits de l’association. Elle est la quatrième volontaire japonaise à venir apporter son appui à la structure. Après quatre mois de présence au sein de Bi-Songo, Mlle Shimizu, 26 ans, qui a, auparavant, travaillé dans une entreprise de fabrication de vêtements et dans un centre spécialisé dans la violence conjugale au Japon, a fabriqué un savon de toilette aux couleurs du drapeau burkinabè. Le président de l’association Bi-Songo, Jean christophe Roamba, soutient que les volontaires les ont beaucoup aidés dans le packaging et le marketing de leurs produits. « Nous faisions des produits de qualité, mais nous ne savions pas les valoriser en matière d’emballage et de marketing. Ayano nous appuie énormément dans ce sens. Elle nous aide même à avoir des marchés en Asie », avance-t-il. Il dit apprécier l’esprit d’ouverture dont Ayano Shimizu fait preuve. « Quand elle a une proposition à faire, elle n’hésite pas à la partager avec les membres de l’association lors de nos rencontres hebdomadaires. Elle a bien réussi son intégration », a ajouté Jean Christophe Roamba. Mlle Shimizu laisse entendre qu’elle est fière de vivre une expérience enrichissante à Saponé.

Un projet pour une meilleure gestion d’ouvrages hydrauliques

Après Saponé, la caravane s’est déportée à Kombissiri, chef-lieu de la province du Bazèga, dans la région du Centre-Sud. Dans cette localité, les journalistes ont pu s’entretenir avec les responsables du Projet d’amélioration de la gestion des infrastructures en eau, de l’hygiène et de l’assainissement (PROGEA 2). En marge d’un atelier de recyclage des communes sur la réforme du système de gestion des infrastructures hydrauliques d’alimentation en eau potable en milieux rural et semi-urbain dans la région du Centre-Sud, ils ont expliqué les différents axes du projet. Pour le coordonnateur du PROGEA 2, Jean Bazié, la particularité du projet est la gestion des ouvrages hydrauliques. « Nous organisons les communautés à qui les ouvrages sont destinés pour leur meilleure gestion. Il y a au niveau national un référentiel qui permet à tous les acteurs de savoir comment la gestion se fait. Ce référentiel stipule que la gestion des ouvrages hydrauliques doit être confiée aux populations afin d’assurer leur durabilité », a-t-il expliqué. Pour la gestion des pompes à motricité humaine, les villageois sont organisés en associations. En ce qui concerne les ouvrages complexes comme les adductions d’eau potable simplifiées et les châteaux d’eau, la commune signe un contrat avec des opérateurs privés pour leur gestion. Aux dires du coordonnateur, avec la réforme, la gestion des ouvrages est désormais formalisée et les capacités des acteurs sont renforcées. « De par le passé, les ouvrages étaient réalisés et la question de leur durabilité se posait parce que les communautés n’étaient pas organisées. Avec le projet, elles ont été associées pour une gestion conséquente, gage d’une pérennité de l’eau », a souligné Jean Bazié. A l’entendre, c’est la JICA qui finance en grande partie l’initiative avec l’appui de l’Etat burkinabè. En plus de l’appui financier, les experts japonais sont présents pour apporter leur savoir-faire. Le PROGEA 2 a également un volet hygiène autour des points d’eau. « Il y a des ouvrages qui fournissent l’eau potable, mais les alentours laissent à désirer à cause de l’insalubrité. Le projet sensibilise les populations à l’observance des règles d’hygiène autour des forages », a étayé M. Bazié. Selon l’expert nippon, Ono Takeshi, l’atelier a permis de faire le bilan de la mise en œuvre du projet dans la province du Bazèga et l’élaboration d’un plan d’actions pour l’année 2018. « Le recyclage est une méthode pédagogique qui permet de rappeler les acquis et de soulever des préoccupations que les communes rencontrent. Au-delà de quelques difficultés, les communes sont dans une dynamique pour relever les défis », a-t-il argué. De Kombissiri, la délégation s’est rendue dans le village de Koupel-Yorgo pour visiter un forage réhabilité dans le cadre du projet, au bonheur des populations. Jadis réalisé à ciel ouvert, le forage est désormais clôturé et l’association des usagers en eau de la localité veille à sa gestion.

Encadrement de la petite enfance à Pabré

Rentrée à Ouagadougou dans la soirée du 8 février, la caravane a repris son périple le lendemain, vendredi 9 février, en direction de la commune rurale de Pabré, située à une quinzaine de kilomètres au nord de Ouagadougou, dans le Plateau central. Les caravaniers se sont rendus au centre d’éveil et d’éducation préscolaire de la commune pour rencontrer une volontaire japonaise. Sae Shinotsuka, originaire de la ville Ibaraki au Japon, est diplômée dans l’encadrement de la petite enfance. Arrivée à Pabré, il y a six mois de cela, du haut de ses 23 printemps, elle soutient l’équipe d’encadrement pour développer les potentialités affectives, artistiques, intellectuelles et physiques des enfants et les préparer à l’enseignement primaire. Mlle Shinotsuka a déclaré qu’avec un matériel didactique modeste, les encadreurs du centre arrivent à faire des merveilles auprès des tout-petits. D’ailleurs, selon les dires du directeur du préscolaire, Lassina Bado, Sae Shinotsuka a aidé à confectionner, avec des objets de récupération, du matériel pédagogique et des jouets. « Sa présence est une source de motivation pour les enfants. Ils sont contents de voir une autre personne venue d’ailleurs pour leur apprendre quelque chose », a laissé entendre M. Bado.

Une maternité offerte et équipée à Nagrin

Ensuite, la délégation est allée dans le quartier Nagrin dans l’arrondissement n°7 de Ouagadougou pour visiter une maternité construite dans le cadre de l’initiative nippone intitulée : « dons aux micro-projets locaux contribuant à la sécurité humaine ». Offert au centre médical Sakina de l’Assoiciation des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB) par la coopération japonaise à hauteur de 47 millions 800 mille F CFA, le projet comprend la maternité, des équipements, des toilettes et la clôture. L’inauguration a eu lieu le 25 novembre 2017. En plus des consultations prénatales et des accouchements, on y pratique aussi des échographies. Le président de l’AEEMB, Yaya Dama, a traduit la reconnaissance des bénéficiaires aux donateurs, pour leur soutien inestimable. Il a émis le vœu que le partenariat entre l’AEEMB et l’ambassade puisse s’inscrire dans une dynamique pérenne. « Nous souhaiterions bénéficier de stages de perfectionnement au Japon pour plus d’efficacité », a-t-il dit. Le médecin-chef du centre médical Sakina, Dr Saidou Dao, a indiqué que la maternité est bien fréquentée depuis son inauguration et les populations sont satisfaites des prestations qu’elles y reçoivent. « Nous aimerions disposer d’un laboratoire d’analyse au sein du centre parce qu’il est essentiel dans le suivi des grossesses et même après les accouchements », a-t-il souhaité. Pour améliorer l’efficacité au travail, la méthode japonaise Kaizen qui se résume à cinq principes à savoir : ranger, ordonner, nettoyer, rendre propre et être discipliné, est vulgarisée à la maternité.

« Do-noh » pour rendre les routes accessibles

De Nagrin, la caravane est revenue à l’ambassade du Japon pour la présentation de deux projets de la coopération. Le premier est intitulé projet d’aménagement des routes avec des sacs remplis de terre (Do-noh) pour dynamiser les organisations villageoises. Il a pour mission l’autonomisation des communautés par le transfert des compétences en matière d’amélioration de routes. Selon les explications du représentant adjoint du projet, Mohamed Lamine Gnanou, l’objectif du projet est de rendre les routes accessibles toute l’année pour un développement inclusif. La technique utilisée est celle du Do-noh (des sacs remplis de terre) qui présente de nombreux avantages, au nombre desquels les matériaux locaux, le faible coût, la disponibilité de la main d’œuvre et la technologie appropriée. L’initiative est financée à titre gracieux par le ministère des Affaires étrangères du Japon. Débuté en octobre 2014, le projet Do-noh est à sa troisième phase et intervient dans les villages de Dabokry, Dessiné, Moussobadougou, Gnafongo et Mê dans la province du Houet et à Ouratenga, Faraba et Banfora dans la Comoé. Avec l’appui des volontaires japonais et de l’association Bi-Songo, l’expérience a été appliquée à Saponé dans le Centre-Sud. En termes de résultats, ce sont plus 7, 2 Km de routes qui ont été aménagés avec la participation de 21 571 personnes pour la phase 1 et 2 du projet. Ce travail a permis l’amélioration du transport, de l’économie avec l’augmentation des récoltes et des opportunités d’affaires, et le renforcement de la solidarité communautaire. M. Gnanou a précisé que la technique peut s’appliquer tant en milieu rural qu’urbain et que le projet va s’étendre aux autres régions du Burkina.

Quatre corridors pour booster la croissance économique
La seconde initiative qui a été présentée aux journalistes est relative au plan directeur de l’aménagement des Corridors pour l’Anneau de Croissance en Afrique de l’Ouest (CACAO) piloté par la JICA et d’autres partenaires. Le CACAO qui s’inscrit dans le volet intégration régionale de la coopération japonaise, vise, aux dires du l’expert de la JICA, Moctar Cheick Assane Gansoré, entre autres, à favoriser le développement de la région ouest-africaine à travers le renforcement de la croissance économique et la promotion de l’investissement étranger. Les plans de développement du corridor, au nombre de quatre sont Abidjan-Ouagadougou, Téma/Accra- Ouagadougou, Lomé-Ouagadougou et Abidjan-Lagos. Pour lui, le rôle des corridors de l’anneau de croissance est de relier les quatre pays en intégrant les zones intérieures et côtières. Le projet comprend quatre scénarios de croissances qui sont : le développement et la promotion des secteurs économiques, le renforcement de la connectivité entre les marchés côtiers et les zones intérieures, l’intégration et l’expansion des marchés sous-régionaux et le soutien aux PME… A ces scénarios sont intégrées dix stratégies. Pour le cas du Burkina Faso, ce sont les scénarios A et C qui sont concernés. Le premier compte augmenter la production des produits destinés aux marchés de consommation sous-régionaux et développer la transformation des produits agricoles et ceux d’élevage. Quant au second, il s’inscrit dans l’aménagement des ports secs multimodaux à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso afin d’attirer les demandes en transport de marchandises du pays et de ses voisins. Le plan directeur du projet a été validé à Abidjan en Côte d’Ivoire en présence de sept ministres des pays concernés, des représentants du secteur privé et des PTF. La BOAD a été désignée comme le chef de file pour la mobilisation des financements. Pour le financement des 140 projets retenus dans le CACAO, l’UEMOA prépare la tenue d’une table ronde des bailleurs fonds pour bientôt.

Karim BADOLO
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