Dans un mois environ, le monde entier célèbrera la femme. C’est la fête connue de tous, que l’on appelle Journée internationale de la femme. Elle est célébrée le 8-Mars de chaque année. Ce jour-là, les femmes seront à l’honneur. On essaie, autant que faire se peut, d’oublier les ennuis dans les familles pour s’égayer. Bien plus que la dimension festive, le 8-Mars se veut aussi une occasion de réflexion sur la condition de la femme en général. Il s’agit de voir comment la rendre financièrement autonome et de la mettre à l’abri de certaines formes de violences dont elle fait souvent l’objet. Cela dit, vous conviendrez donc avec moi que le 8-Mars a sa raison d’être. Seulement, je fais le constat que d’année en année, le côté festif ou djanjoba a pris le dessus sur tout. Si fait qu’au final, le superflu semble l’emporter sur l’essentiel. Et là, je sais de quoi je parle. En effet, chaque année, on assiste à une vaste polémique autour du pagne du 8-Mars. On croyait que le choix du Faso Dan Fani comme pagne officiel, mettrait fin à cette forme de pagaille. Mais il n’en est rien. Car, cette année encore, le débat est de retour. A quelques jours déjà de l’événement, des voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer le fait que le marché est inondé de pagnes imprimés du 8-Mars venus de l’extérieur. A ce propos, je me rappelle encore le coup de gueule des tisseuses du Burkina à l’encontre de Laure Zongo/Hien, alors ministre de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille. Morceau choisi : « Nous sommes complètement déçues et découragées de la ministre en charge de la femme, qui n’a pas joué son rôle de ministre au gouvernement. Qu’est-ce qu’elle a bien reçu de ces importateurs de pagnes… ». Ainsi donc, la couleur est déjà annoncée.
Je plaide pour la suppression du pagne du 8-Mars
Le 8-Mars de cette année se déroulera comme les autres, c’est-à-dire dans l’incompréhension et dans la division des femmes, à cause, tenez-vous bien, d’un gadget qu’est le pagne. Certes, je comprends bien le problème soulevé par les tisseuses du Burkina. Elles sont dans leur bon droit. Mais tout se passe comme si le 8-Mars tournait essentiellement autour du pagne. Franchement, j’en ai assez de ce débat qui nous tient en haleine depuis l’an tchoc. C’est pourquoi d’ailleurs, je plaide personnellement pour la suppression du pagne du 8-Mars. Cela, à mon avis, permettra aux femmes de se concentrer sur l’essentiel plutôt que de passer le temps à se chamailler. C’est mon point de vue. Cela peut ou ne pas plaire à certains. Ce qui est normal. Car, comme vous le savez, je n’ai pas l’habitude d’écrire pour faire plaisir aux gens. C’est cela le sens de mon engagement. Du reste, ce que vous ne savez pas, c’est que le débat autour du 8-Mars a failli affecter mon foyer. En effet, l’autre jour, alors que je revenais de la ville tout fatigué, sébile en main, mon épouse m’a accosté pour me dire qu’elle voulait de l’argent pour payer son pagne du 8-Mars. Imaginez ma réponse, surtout que je venais de passer une mauvaise journée au cours de laquelle je n’ai pas pu récolter plus de 300 F CFA. Naturellement, j’ai répondu par la négative, avec l’amertume au cœur. Il n’en fallait pas plus pour que madame se fâche. Et depuis lors, elle me boude. Et je sais qu’il en sera ainsi jusqu’après le 8-Mars. Mais ce qui me console, c’est que comme moi, ils sont nombreux les hommes qui tirent le diable par la queue et pour qui le 8-Mars constitue aussi une véritable hantise, à cause bien sûr du fameux… pagne.
« Le Fou »