Ouagadougou – Le Syndicat des médecins du Burkina Faso (SYMEB) a rejeté samedi à Ouagadougou le futur Sénat, estimant que sa mise en place est « inopportune » au regard des conditions socio-économiques des populations, a constaté un journaliste de l’AIB.
Le SYMEB a décidé de se démarquer du Sénat et ne siégera pas dans cette deuxième chambre dont la mise en place comporte des risques pour la cohésion sociale, a indiqué à la presse le secrétaire aux relations extérieurs Dr Alfred Ouédraogo, au terme de la 2ème assemblée générale statutaire du syndicat.
Réaffirmant le caractère apolitique de leur syndicat, il a indiqué que cette assemblée de médecins qui vivent au quotidien la misère des populations, « ne tergiversera pas face à n’importe quel régime qu’il soit néolibéral ou de gauche, chaque fois que la santé de nos populations sera en péril à travers la déliquescence des conditions de vie et de travail du médecin ».
C’est ainsi que le SYMEB revendique l’amélioration de l’offre globale de soins aux populations qui meurent chaque jour par manque de médecins ou de médicaments et invite l’Etat à garantir le droit de santé aux populations par une redistribution judicieuse de l’argent du contribuable, a soutenu Dr Ouédraogo.
Evoquant l’assurance maladie, le SYMEB a averti l’exécutif du « danger très certain du caractère chimérique de cette assurance maladie », si les questions d’infrastructures de base, des plateaux techniques des formations sanitaires, la dotation conséquente d’agents de santés qualifiés ne s’inscrivaient pas dans une urgence à lever, précisant par ailleurs qu’ « un centre médical ne se décrète pas en rebaptisant juste un Centre de Santé et de Promotion Sociale en Centre Médical et en y affectant un médecin ».
Au cours de leur deuxième Assemblée Générale statutaire de l’année, les médecins ont fait le bilan moral et financier de leur syndicat et dégager une nouvelle feuille de route pour l’aboutissement de leur plateforme revendicative.
Hostile à la "clochardisation"et à "l’indigénisation" du médecin, le SYMEB s’est insurgé contre le Service national de développement (SND) qui crée « une perte énorme à notre système de santé ».
Selon le secrétaire à l’information du Syndicat, Dr Aristide Yaméogo le SND oblige les jeunes médecins, dans un contexte de vie chère, à « braconner » dans les cliniques, les ONG et bien d’autres structures dans l’attente d’être exemptés du SND avant de rejoindre la fonction publique tandis que les populations meurent par manque de médecins dans nos villes et campagnes.
Il a alors invité le premier ministre d’user urgemment des prérogatives que la loi lui confère pour exempter très rapidement les jeunes médecins du SND pour permettre à la nation toute entière d’avoir des soins de qualités et de sauver les femmes qui meurent en accouchant mais aussi sauver nos enfants qui meurent chaque jours de la maladie.
Crée officiellement en janvier 2012, le SYMEB, composé exclusivement de près de 500 médecins, se veut une réponse à un besoin légitime des médecins de se doter d’un cadre de lutte nécessaire à la défense des questions spécifiques de ce corps de métier tout en restant solidaire des autres syndicats du secteur de la santé pour des aspects touchant les intérêts de la santé des populations, a conclut Dr Ouédraogo.