S’il y a un concept qui est à la mode ces dernières années au Burkina et dans la sous-région et qui est source de beaucoup d’espoir surtout pour la jeunesse, c’est bien celui du développement personnel (DP).
Aujourd’hui, les grandes entreprises africaines, à la suite de celles américaines et européennes, ont compris le parti qu’elles peuvent tirer de cette science pour davantage motiver leurs salariés. Dans la foulée, nombre d’écoles et instituts de formation professionnelle l’ont introduite dans leurs programmes. De même, certains nouveaux évangélistes basent leurs enseignements sur elle. Et, au vu de l’intérêt grandissant des jeunes et des moins jeunes pour le sujet, plusieurs organisations ont été créées (au Burkina et dans la sous-région) pour offrir des formations sur le développement personnel et aussi sur le coaching et le leadership.
Il en a résulté d’abord une confusion entre ces trois concepts. En plus, si certains adeptes, de par les échos qui nous parviennent, en ont profité pour s’épanouir, évoluer et développer leurs affaires au point de rafler des reconnaissances et distinctions nationales et internationales, d’autres commencent à déchanter. Enfin, réapparu en plein New Age, le DP, de par les pratiques de certains opérateurs, est l'objet d'une certaine méfiance de la part de quelques courants de pensées orthodoxes.
De sorte qu’à mon avis, un débat public est nécessaire pour :
- i. En mesurer l’importance sur la réussite personnelle et organisationnelle, et partant sur le développement de l’humanité tout entière ;
- ii. S’accorder sur le concept et les curricula (finalités, contenus, approche andragogique et évaluation).
En tant qu’auteur et fondateur d’une des structures pionnières de formation en développement personnel au Burkina, Les Ecoles de la vie (Ecovie), je me jette en premier à l’eau.
Apprendre à bien se conduire d’abord
Selon le Wikipédia, « on nomme développement personnel, épanouissement personnel ou croissance personnelle un ensemble de pratiques ayant pour finalité la redécouverte de soi pour mieux vivre, s'épanouir dans les différents domaines de l'existence, réaliser son potentiel, etc. »
Et voilà la définition que donne le Dico-Psycho : « Relativement récente, la notion de développement personnel s'applique à tout ce qui est ou peut être mis en œuvre par chacun de nous, spontanément ou par des techniques diverses pour acquérir une maturité psychique toujours plus grande, développer ses possibilités de créativité, libérer sa vraie personnalité du souci des apparences ».
J’ai découvert le développement personnel quand j’ai été sollicité pour former des dirigeants syndicaux en leadership, au début des années 2000. Si j’avais des compétences pour amener des apprenants à découvrir l’objet d’un enseignement, je n’avais pas suffisamment de matière dans la discipline. Dans ma propre autoformation, j’ai découvert que les suiveurs (followers) suivent le meneur (leader) principalement à cause de sa personnalité et, dans une moindre mesure, son projet, sa vision.
Que pour être un grand leader, on doit renforcer d’abord sa personnalité, c’est-à-dire :
- Son pouvoir, à partir de son potentiel de réussite ;
- Sa sécurité interne, à partir d’une meilleure connaissance et maîtrise de soi ;
- Sa direction, en axant son action sur les principes justes : intégrité, honnêteté, confiance, justice, équité ;
- Sa sagesse, attitude mentale positive, école de la vie, persévérance.
Comment ? En se formant selon les auteurs américains, en développement personnel !!!
Par la formation en développement personnel
J’ai été alors aiguillé vers l’étude des grands classiques dans le domaine, notamment Clement Stone, Anthony Robbins, Rhonda Byrne, Dale Carnegie, Napoléon Hill, Steven R. Covey, Tommy Newberry Jack Canfield, etc. Puis, j’ai découvert que ce que ces auteurs enseignent pour réussir sa vie privée et publique, ressemble étrangement à ceux du Larlnaaba Ambga, d’Hampâté Bà, de Miguel Ruiz, de Lao Tsé, de Confucius, de Bouddha, de Jésus, de Mohammed, etc.
Pour déduire qu’il existe des lois, des règles, des principes universellement reconnus qui permettent de réussir sa vie (ici-bas et dans l’au-delà).
Ceux qui réussissent, dans tous les domaines de leur vie, connaissent et appliquent ces lois.
Ceux qui rencontrent de sérieuses difficultés dans leurs vies les ignorent ou les appliquent mal.
La bonne nouvelle étant que tous ceux qui sont confrontés aujourd’hui à des problèmes sérieux dans leur vie, tous ceux qui veulent quitter leur zone rouge actuelle et vivre de nouvelles expériences, ouvrir de nouvelles portes, créer de nouvelles opportunités, étendre leurs champs d’action, découvrir le bonheur, peuvent agir positivement sur leurs vies :
- familiale (par exemple fonder des liens familiaux sains, aimants et durables, redynamiser son couple, mieux équilibrer ses vies professionnelle et personnelle, …) ;
- affective (avoir une relation amoureuse satisfaisante, revivre après une déception, …) ;
- professionnelle (mener une carrière intéressante, changer de travail, acquérir les compétences que les employeurs recherchent, sortir du chômage, créer son entreprise, …) ;
- matérielle et financière ;
- spirituelle (atteindre la sérénité puis la sagesse).
Il leur suffit de renforcer leur efficacité personnelle, interpersonnelle (relationnelle), managériale et organisationnelle, bref, de se former en développement personnel (ou en développement intégral de la personne), puis en leadership.
Et nous avons élaboré notre propre approche comme suit:
Pour les Ecoles de la vie, « le développement personnel est un ensemble de démarches en vue d’acquérir l’efficacité personnelle afin de réussir tout ce qu’on entreprend, et l’efficacité interpersonnelle afin de nouer et d’entretenir des relations mutuellement satisfaisantes et épanouissantes avec son entourage (conjoint, enfants, collègues,…) ».
2- Avant de conduire les autres (leadership)
Ecovie définit le leadership : « quel que soit le domaine ou secteur (public, privé, société civile), comme une organisation structurée ou informelle qui lie un homme ou une femme, le leader, à d’autres hommes et femmes, les suiveurs (collaborateurs), dans la réalisation d’une vision, d’une mission, d’un projet, dans la conduite d’un groupe vers une organisation meilleure, vers un monde meilleur défini ensemble ».
Nous ajoutons que :
« Non seulement le leader a un but et des objectifs (nobles), mais il possède la force de caractère et les compétences nécessaires pour tendre résolument vers ces objectifs et buts et inspirer confiance, mobiliser, organiser et motiver les suiveurs dans la réalisation des objectifs et buts ».
Ces définitions d’ECOVIE intègrent les trois dimensions qui ressortent de celle de la réussite de Modus Vivendi Canada :
La vraie réussite, c’est « le sens de l’accomplissement et la fierté que l’on a lorsqu’on a bien travaillé pour atteindre un but qu’on s’est fixé, la fierté d’être un bon conjoint, un bon parent, un bon citoyen, la fierté d’avoir de bonnes relations, la fierté d’avoir créé quelque chose de beau, quelque chose de nouveau, d’utile à la communauté, d’avoir fait quelque chose qui contribue non seulement à son bonheur mais au bonheur des autres ».
En résumé :
- La fierté d’atteindre les buts qu’on se fixe (D1)
- La fierté d’avoir de bonnes relations (D2);
- La fierté de créer quelque chose qui contribue au bonheur des autres (D3).
Parce que «pour être authentique, le développement doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme »
Il s’agit d’abord, pour chaque personne, quelles que soient ses capacités actuelles, de prendre conscience qu’elle est elle-même le premier responsable et acteur de son plein épanouissement (et non l’Etat ou les autres); et qu’elle est dans la position d’une « chenille rampante se nourrissant de feuilles… » amères de caïcédrat, et qu’elle peut toujours se métamorphoser pour devenir un « beau papillon, voletant de fleur en fleur, participant à la pollinisation et savourant du nectar », le nectar que les anciens Egyptiens appelaient la « boisson des dieux ».
Dans un deuxième temps, comme le disait le Larlnaaba Ambga : « L’homme doit être une solution pour l’homme ». Car « mille chandelles peuvent être allumées avec une seule. Soit celui ou celle qui apporte la lumière. Mets à profit tes capacités pour être une inspiration pour les autres, pour fournir un exemple édifiant ».
En clair, celui qui a acquis les deux premières dimensions de la réussite, se retrouve en pole position de leader ; avec la mission de conduire maintenant des suiveurs vers un monde meilleur, vers la « terre promise ».
Et cela peut se faire par la formation, mais aussi par le coaching et le mentorat.
Le coaching lui, selon Lee Hecht Harrison, est «l’accompagnement d’un manager ou d’une équipe, favorisant l’optimisation de leurs atouts humains et professionnels pour un meilleur exercice de leurs responsabilités au sein de leur entreprise». Le coach est un spécialiste de la réussite. Le terme français voisin est « entraîneur », utilisé dans le domaine sportif.
L’accompagnement peut donc concerner un individu, dans un domaine donné, mais aussi un couple, une équipe, une unité, etc.
Le «mentor» est un nom commun pour définir un modèle, un conseiller sage et digne de confiance ou un professeur,… La relation du mentorat se présente comme un rapport entre une jeune personne (qui est le protégé) et un adulte plus expérimenté et plus âgé, qu’on appelle un mentor.
Le leadership est un concept extrêmement complexe, qui nécessite beaucoup plus que des compétences en gestion ou une autorité légale ou morale. Le leader doit être, selon les situations, manager de ses équipes, coach ou mentor pour tel ou tel collaborateur.
Et ceci, quel que soit le domaine, économique, social et surtout politique, selon le postulat de Confucius (551 – 479 av. J.-C.), dans sa « Grande Etude » :
« Le Sage-Roi de l'Antiquité, désirant rayonner de sa puissance dans le monde, commençait par bien gouverner son royaume.
Désirant bien gouverner son royaume, il commençait par accorder sa famille.
Désirant accorder sa famille, il commençait par réformer sa personne.
Désirant réformer sa personne, il commençait par rectifier son cœur.
Désirant rectifier son cœur, il commençait par purifier ses désirs.
Désirant purifier ses désirs, il commençait par approfondir ses connaissances.
Approfondir ses connaissances, c'est sonder les choses. »
Epilogue
En conclusion, nous sommes convaincus que si chaque personne se développe intégralement (développement personnel), évolue, puis aide sa famille et ses proches à le faire (leadership), c’est toute la communauté, tout le pays et le monde entier qui auraient progressé.
C’est pourquoi nous avons créé les Ecoles de la Vie (ECOVIE) pour offrir la possibilité à quiconque le désire, de réussir, d’étoffer son bagage de connaissances et de talents, de comprendre davantage, de choisir et d’agir pour devenir ce qu’il rêve être, vivre ses valeurs, sa vision et sa mission avec intégrité et passion.
Apprendre à bien se conduire d’abord sur le chemin de la réussite intégrale et pérenne. Puis à entraîner d’autres à se développer, évoluer, mieux contribuer et s’épanouir (leadership).
Puisse ce premier article susciter de nombreuses contributions au débat, de la part de tous ceux qui s’intéressent à cette science, en particulier :
Ceux qui offrent ce type de formation ;
Ceux qui se sont formés et qui réussissent ;
Ceux qui se sont formés ou coachés et qui continuent de rencontrer de sérieuses difficultés ;
Ceux qui se posent encore des questions sur cette discipline.
Nazi Kaboré
Formateur et auteur en gouvernance personnelle et organisationnelle
Fondateur des Ecoles de la vie