La démocratie burkinabé s’est une fois de plus exprimée hier dimanche 28 juillet 2013. A travers l’élection par les conseillers municipaux des 39 sénateurs régionaux. Mais aussi par la marche de l’opposition politique dans les rues pour dire « non au même sénat ». Comme nous l’avons déjà écrit dans les mêmes colonnes, les uns et les autres tiennent fermement sur leurs positions et semblent prêts à aller jusqu’au bout. Sans doute, comme on l’a vécu tout récemment en France avec le « mariage pour tous ». L’opposition a usé de tous les moyens démocratiques légaux qu’elle voulait pour s’y opposer et le pouvoir a, à son tour, usé de tous les moyens, dans les mêmes conditions pour voter « sa » loi. Le mercure était bien monté. Mais, naturellement comme en démocratie, il est redescendu et la vie politique et sociale de la France poursuit son cours. Sans doute qu’au Burkina, les différents acteurs politiques et sociaux du « Pour » et du « Contre » le sénat se saisiront de ce récent exemple démocratique français comme ligne de conduite. Car, en effet, la démocratie a ses exigences et ses principes bien à elle qui la fondent et dont l’un des plus impératifs est celui de l’existence d’une majorité et d’une opposition. Les uns diront que l’opposition s’oppose et la majorité gouverne. Quand viendra son heure, elle gouvernera et l’autre s’opposera. Ainsi, va la démocratie.
Mais en attendant, véritablement, la démocratie burkinabé étant assez fragile, il faudrait que les acteurs évitent de la chavirer dans le chaos, en adoptant, s’ils le sont réellement, des comportements démocratiques et sociaux qui serviront de repères aux générations suivantes. L’opposition a bien raison de marcher lorsqu’elle fonde ses arguments sur la légalité que lui confère la loi. En même temps, elle pose des problèmes qui sont bien réels tels que la vie chère, l’impunité et la corruption. En même temps, elle met en cause le mode de redistribution à l’ensemble des Burkinabè des fruits de la croissance. Ce qui permet au pouvoir de revoir sa politique dans ces domaines bien précis. Il est évident qu’on ne peut pas construire la prospérité pour tous sur l’impunité encore moins sur la corruption et le détournement des deniers publics. On ne peut pas non plus demander à une partie des Burkinabé de faire des sacrifices quand dans l’autre partie on n’en fait pas assez. Le Premier ministre l’a dit un jour, que les « plus nantis doivent payer pour ceux qui le sont moins ». C’est aussi cela la justice sociale. Mais cela ne veut nullement dire que les uns doivent s’asseoir, croiser les bras et attendre que les autres leur apportent ce dont ils ont besoin pour leur bien-être. Il s’agit pour chacun de nous, de créer les conditions de son propre devenir.
C’est pourquoi, tout en défendant ses positions, l’opposition a la responsabilité de faire comprendre à ses sympathisants qu’il ne s’agit pas d’attendre tout de l’Etat qui n’est rien d’autre que nous-mêmes. Autrement dit, ici, il s’agit de faire en sorte à ne braquer une partie des Burkinabè contre une autre, au risque de créer la vengeance, la haine et l’intolérance, sources de violence et de troubles à la paix sociale. Car, si la démocratie doit déborder sur le terrain du terrorisme intellectuel et physique et de la fracture sociale, il y a donc danger pour tout le monde.
Aussi, opposition et pouvoir, les deux mamelles d’un système démocratique, doivent conjuguer différemment leurs efforts pour épargner au Burkina Faso ce qu’on connaît ailleurs. Quand bien même que ça n’arrive pas qu’aux autres.