Les critiques et les commentaires ne sont pas près de s’estomper depuis que la nouvelle équipe gouvernementale a été rendue publique le mercredi 31 janvier 2018. Une équipe qui, on le sait déjà, enregistre 7 départs contre 9 arrivées, dont de jeunes ministres. Pour Djibrill Traoré, ce lifting a été motivé par la foi du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, en la jeunesse burkinabè comme artisan de sa propre destinée et se veut le signe manifeste de la cohésion, de la maturité et de l’unité au sein du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti majoritaire.
Longtemps attendu, le remaniement ministériel annonçant le gouvernement Thiéba III est officiel depuis le mercredi 31 janvier 2018. On enregistre 7 départs et 9 arrivées dans la nouvelle équipe gouvernementale. Ce lifting est d’autant plus crucial qu’il intervient à un moment charnière du mandat présidentiel, marqué par des revendications sociales tous azimuts d’une part et les promesses de réponse-choc du gouvernement d’autre part. Ainsi, la convergence de ces idéaux, a priori, légitime le nouvel attelage dont la composition est le fruit d’un consensus au sommet de l’exécutif. Dès lors, il nous importe de rechercher les facteurs de gouvernabilité susceptibles de promouvoir la mission gouvernementale.
Le dernier remaniement ministériel semble animer la démocratie burkinabè d’un souffle nouveau, tant les opinions sont libres et variées sur les prétendues raisons, bonifiant certains ministres et sanctionnant d’autres. Chacun y va de son commentaire sur la nouvelle configuration de l’équipe gouvernementale. Les espaces sociaux sont si animés qu’ils attestent de la vitalité démocratique, de la transparence médiatique et de la préservation des libertés publiques. Cet acquis démocratique est d’autant plus salutaire qu’il doit présider à la formation d’une opinion publique saine, mature et civique. Cet essor de la parole libre consacre les lettres de noblesse de notre Etat de droit.
A tort ou à raison, certains trouvent que malgré quelques changements, l’ossature du gouvernement demeure intacte, notamment avec le maintien du Premier ministre Paul Kaba Thiéba. Ainsi, les portefeuilles régaliens seraient détenus par les mêmes ministres. C’est le cas des ministres des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Economie. Les portefeuilles infrastructurels tels que ceux du Développement, de l’Economie numérique, de la Communication, des Mines, des Infrastructures, de la Santé seraient toujours entre les mêmes mains. Certains bras droits seraient des ministres institutionnels et indéboulonnables. Des marchands de doute, véritables docteurs ès bobards, parlent de «non-événement» et prétendent que les seuls faits notoires sont le départ du ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, et son remplacement par Clément Sawadogo. Toutefois, au-delà de la lettre, il convient d’interroger l’esprit de ce remaniement ministériel pour en saisir les motivations profondes.
- Tout d’abord, il traduit la foi du président du Faso en la jeunesse burkinabè comme artisan de sa propre destinée.
L’apport de sang neuf vise à vivifier le corps social, l’éclosion de talents et d’expertise dont la jeunesse a le secret. C’est aussi une marque de confiance placée en la jeunesse burkinabè pour tutoyer les fléaux qui assaillent notre peuple. D’où le bon casting de jeunes ministres dynamiques, entreprenants, mus par une éthique de conviction. Loin de tout esprit partisan, ce passage de témoin intergénérationnel qu’inspire le gouvernement Thiéba III est un cas d’école pour la démocratie africaine en mal d’alternance. En conséquence, il sied de saluer la vision démocratique du président du Faso, bâtie sur la responsabilisation de la jeunesse burkinabè. La recherche constante de l’efficacité gouvernementale, la consolidation des acquis, l’accélération des réformes et des chantiers dans le cadre du PNDES constituent un agenda impératif que départs et arrivées confortent. A cet effet, il est judicieux de renforcer les sillons de l’action gouvernementale sous le mode de l’alternance de charges, de la transparence et du redéploiement. C’est pourquoi ce remaniement amorce un relais salutaire pour l’accélération des fruits du PNDES.
- En outre, il traduit la cohésion, la maturité et l’unité du MPP, uni sans failles autour du programme présidentiel et du PNDES pour en décupler les retombées socio-économiques pour le peuple burkinabè. Pour ce faire, la mobilité des cadres au sein du parti est un impératif qu’aucun antagonisme, aucune rivalité ni calcul politicien ne saurait entacher. Au-dessus de la mêlée, le MPP se commet à porter le Programme présidentiel et le PNDES sur tous les fronts. D’où la prééminence du sacerdoce comme ferment des idéaux du parti, dont l’ossature est la bonne disposition gouvernementale. Telle est la réponse que procure le gouvernement Thiéba III au peuple burkinabè. Aussi bénéficiera-t-il de l’onction du MPP, qui ne ménagera aucun effort pour l’accompagner vers le bonheur du peuple burkinabè.
Fort de ce crédit, le peuple burkinabè doit se départir des rumeurs stériles et puériles pour songer à son développement en résorbant les facteurs d’ingouvernabilité. Parmi ceux-ci, il est impératif de se prémunir contre la rhétorique d’enfumage des marchands de scepticisme, des démagogues politiques. Démonétiser la rumeur pour la libre circulation d’idées sociales fécondes, tel est l’Etalon-or digne de l’opinion publique du Burkina post-insurrection. C’est le lieu de fustiger l’étalage de la vie privée et de la psychologie des dirigeants sur les réseaux socio-numériques. Faut-il rappeler qu’aucune destinée nationale ne se réduit au sort des individualités qui l’illustrent, si éminentes soient-elles ? Aussi nous ne pourrions mener à bien cette campagne de dénigrement qu’au mépris de nos devoirs sacrés au sein de la République. Au lieu de vaines spéculations sur le sort des membres du gouvernement après un remaniement ministériel, acte légal du prince, nous serions mieux inspirés de contribuer à l’apaisement du climat social. Au lieu d’ériger une industrie de la rumeur, nous serions mieux inspirés d’utiliser les réseaux sociaux à des fins plus louables de civisme, de partage et d’épanouissement de soi.
Djibrill Traoré