L’auteur du point de vue ci-dessous entend apporter sa contribution à la lutte contre l’incivisme qui gagne du terrain au Burkina Faso. Autant, il dit regretter l’injustice que certains policiers font à certains citoyens, autant, il condamne ceux-là qui empêchent, dit-il, « les honnêtes policiers de bien faire leur travail ». Lisez plutôt pour en savoir davantage !
Cet article va peut-être m’attirer la colère de certaines personnes mais les plus honnêtes et les plus sensées reconnaîtront le sens du constat. Lisez plutôt !
La police, dans sa mission de la sécurisation et de la libre circulation des personnes, est présente au niveau de nos feux tricolores et veille à sanctionner les usagers indélicats qui ne respectent pas le code de la route. Ce qui contribue beaucoup à la lutte contre l’incivisme routier et permet d’éviter des accidents, de sauver des vies humaines chaque jour. Une très bonne action que nous tous citoyens honnêtes et respectueux du code de la route louons à sa juste valeur.
Ce qui m’emmène à écrire cet article est l’injustice que certains policiers font subir à certains usagers de la route en cas d’infraction et le fait que certaines personnes empêchent les honnêtes policiers de bien faire leur travail.
Voici la situation. Chaque jour des personnes sont interpellées et arrêtées pour infraction. Ces personnes se distinguent en 3 groupes : ceux qui connaissent des gens qui ont un parent, ami, frère, copain ou copine gendarme, policier, militaire, homme de tenue ou bien placé, ceux qui ont de quoi négocier avec certains policiers car tous ne sont pas corruptibles afin qu’on les libèrent, et en dernier lieu ceux-là qui, malheureusement, n’ont ni personne à faire intervenir ni de quoi « monnayer » leur engin.
Si vous observez bien la scène dès lors qu’on arrête un du premier groupe, il sort rapidement son téléphone et passe un appel et par la suite on tend le téléphone à un des policiers pour échange. Et le plus souvent après l’appel le fautif repart tranquillement avec son engin. D’autres du premier groupe font même appel à des connaissances qui s’invitent sur le lieu de l’infraction et l’infraction est oubliée.
Passons au second groupe à savoir ceux-là qui ont de quoi « monnayer » leurs infractions avec certains policiers, ceux-là qui aiment les arrangements. Eux, ils n’hésitent pas à proposer « un arrangement », « une négociation ». Là aussi dans la plupart des cas, l’infraction est oubliée et l’usager repart avec son engin.
Place maintenant à la troisième catégorie de personnes, celles qui n’ont malheureusement ni connaissances pour appeler afin qu’elles interviennent en leur faveur encore moins les moyens pour négocier. Eh bien, ceux-là voient le plus souvent leurs engins remorqués et emportés. Est-ce un crime de ne connaître personne dans le milieu ou de n’avoir pas les moyens pour négocier ou corrompre ? Est-ce un crime d’être un défavorisé ? Imaginons un peu comment ces personnes qui assistent aux différentes scènes se sentent lésées et frustrées. Quelle opinion auront-elles de la police et comment réagiront-elles le jour où elles auront l’« occasion » de « s’exprimer » par rapport à la police ? Autant de questions qui méritent d’être posées. ?
Si chacun de nous se met à la place de cette troisième catégorie de personnes il y a de quoi être frustré. Et pourtant tous les 3 types de personnes ont commis la même infraction et la même sanction devrait s’appliquer à chacune d’elles. Mais malheureusement ce n’est pas forcément le cas.
Pire, avec cette manière de faire avec les différentes interventions, on empêche la police de bien faire son travail et frustre quotidiennement une certaine tranche des usagers de la route, notamment les plus démunis, ceux-là qui n’ont ni connaissances capables d’intervenir, ni de quoi « faire un arrangement ». La meilleure façon de comprendre une situation n’est-ce pas de se mettre à la place de celui qui la vit ou subit le préjudice ?
Imaginez que l’on vous confie un travail à faire et tout en l’exécutant bien à chaque fois des personnes interviennent pour vous « demander de fermer les yeux » sur certaines infractions et « laisser partir » leurs connaissances sans aucune sanction. N’ y aurait-il pas frustration à la longue des deux côtés ? Tant du côté des usagers de la troisième catégorie que des honnêtes et policiers professionnels commis à la tâche.
J’invite le Syndicat national de la police l’UNAPOL, à réfléchir sur la question car cela concerne aussi le respect de votre corps. Les différentes interventions et arrangements ne sont-ils pas assimilables à de la corruption. ? Ne constituent-ils pas un manque à gagner pour notre Trésor public?
L’UNAPOL pourra plaider auprès de la hiérarchie pour qu’une directive soit prise enfin que « les interventions cessent » tant au niveau de la police nationale que de la Police municipale. Et que dire de la Police des polices qui justement, a pour rôle de mettre fin aux rackettes et d’améliorer l’image de la police ?
Enfin, j’interpelle le Directeur général de la Police nationale afin que les sanctions soient appliquées à tous les usagers fautifs et pas seulement aux plus démunis et ou défavorisés. C’est malheureusement eux qui subissent le plus alors que l’infraction et les amendes devraient s’appliquer à tous les fautifs, à tous ceux qui ne respectent pas le code de la route.
Ginéwendé Roland ZONGO